Hockey Québec lance un cri du coeur pour le retour au sport
«Nous sommes témoins des effets néfastes sur nos enfants»

Stéphanie Martin
L'arrêt du sport a un «effet néfaste» chez les jeunes, constate l'ancien hockeyeur et directeur général de Hockey Québec, Jocelyn Thibault, qui lance un cri du coeur au gouvernement pour un plan de match visant un retour rapide au jeu.
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«C’est pas un choix à prendre de ne pas permettre à nos jeunes de faire du sport encadré et sécuritaire. On ne peut plus laisser nos jeunes devant un autre vide, devant un autre néant. La démotivation est absolument totale actuellement.»
Comme directeur général de Hockey Québec et ancien gardien de but ayant œuvré dans les rangs de la Ligue nationale, mais surtout comme père, M. Thibault affirme qu’il ne peut rester assis à ne rien faire devant le désarroi qu’il voit chez les jeunes.
Démotivation
L’ancien cerbère le constate, les impacts des arrêts forcés répétés depuis deux ans sont importants. «On voit la démotivation à bouger. Je le vois très, très près de moi. Mes filles me disent : “Pourquoi j’irais bouger? Pourquoi j’irais chercher une troisième dose? De toute façon, je ne peux pas faire mon sport pareil”. Les ados sont en développement. Les jeunes se construisent à travers le sport. Ils apprennent les bonnes habitudes de vie. L’absence de motivation, de sport, qu’ils vivent depuis deux ans, ça crée un déséquilibre vraiment important.»
La déclaration du premier ministre, François Legault, qui la veille a affirmé qu'il était impossible de relancer les activités sportives en raison de la situation dans les hôpitaux, est malheureuse et exagérée, considère M. Thibault,
M. Legault a en effet affirmé jeudi : «Pour moi, de ne pas écouter la Santé publique et de recommencer à dire aux jeunes : vous pouvez faire du sport, si demain matin ça amène plus de décès et que ça vient empêcher des personnes d’avoir des traitements pour le cancer ou autre, moi dans la balance des inconvénients, je prends la décision d’écouter la Santé publique.»
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Solutions
Jocelyn Thibault réclame qu’on lui démontre que le risque est réel quand toutes les mesures sanitaires sont mises en place. «On ne peut plus dire : “Ça va mal dans les hôpitaux, donc, les jeunes, too bad. Il arrivera ce qu’il arrivera plus tard”. On a passé ce point-là. On a des solutions. S’il y a des éléments à nos protocoles qu’on peut adapter, on va le faire. On peut repartir le sport sans être un coupable pour l’augmentation phénoménale des patients dans les hôpitaux.»
Malheureusement, dit-il, cette discussion n’a même pas eu lieu avec le gouvernement ou la Santé publique.
Hockey Québec a toujours accepté de cesser ses activités, ou de les moduler au fil de la pandémie, rappelle-t-il. «Mais là, il y a des façons de pratiquer notre sport de façon sécuritaire. Mais on n’est pas écoutés. On n’a pas eu la chance d’échanger.»
Entraînements d'abord
Éterniser encore le retour n’est pas une option, martèle M. Thibault. Son organisation ne demande pas la tenue immédiate de matchs ou de tournois devant des gradins remplis. Cependant, il est selon lui urgent qu’on donne la possibilité de s’entraîner en équipe, avec les mesures sanitaires appropriées, pendant quelques semaines, avant la reprise des matchs. Il assure que plusieurs fédérations ont un protocole déjà bien établi, qui inclut l’obligation du passeport vaccinal chez les joueurs de 13 ans et plus et chez tous visiteurs des infrastructures sportives.
«Il faut absolument annoncer un retour. C’est pas un luxe, c’est pas une coquetterie. Il faut absolument dire à nos jeunes : “On retourne au sport, voici les étapes. Et on vous aime”.»
Marchand: «La population a besoin de voir la lumière»

Le maire de Québec a l’intention de continuer de «se battre» pour la reprise des sports et dit avoir reçu de nombreux appuis de ses homologues des autres villes du Québec après sa sortie sur la question, cette semaine.
«Oui, il faut s’adapter aux règles de santé publique, mais je pense aussi que les règles doivent s’adapter à la situation du moment. La population a besoin de voir la lumière et ça, ce sont des façons d’en donner. Et je vais me battre pour ça», a lancé vendredi Bruno Marchand, alors qu’il était question de reprise des sports et de la tenue d’événements comme le Carnaval et le Pentathlon des neiges.
Au lendemain d’une conférence de presse où le premier ministre et la Santé publique ont annoncé leur refus d’assouplir les contraintes, notamment pour le sport chez les jeunes, M. Marchand n’en démord pas.
Besoin criant
«Le besoin demeure le même. Ce que j’ai nommé, je ne suis pas le seul à l’avoir fait. La situation des jeunes, en lien avec le sport et les activités culturelles, est quelque chose où il y a un besoin criant. On comprend les règles de santé publique. [...] J’espère que [la reprise des activités] sera dans les premiers assouplissements qu’on permettra de faire.»
Mercredi, dans Le Journal, le maire se prononçait fortement en faveur d’une reprise «impérative» et «rapide» des activités des jeunes. Sa sortie n’est pas passée inaperçue.
«Il y a de nombreuses voix qui s’ajoutent à ce chapitre-là. J’ai reçu des appels et des messages de maires du Québec comme je n’en avais pas reçu, à part le jour de l’élection. On sent vraiment un profond besoin pour la reprise des activités sportives, évidemment, mais aussi culturelles et parascolaires pour nos jeunes. On sent beaucoup de familles dépourvues et des jeunes qui se cherchent.»
Selon lui, l’appel «est entendu» par le gouvernement». «Devant les conséquences que ça entraîne, je pense qu’il va devoir agir en conséquence pour que dans les prochaines semaines, on puisse retourner à cette pratique.»
Pas de date
De son côté, la ministre déléguée à l’Éducation, responsable du dossier des loisirs et des sports, Isabelle Charest, dit comprendre «la détresse des jeunes», mais n’a pas voulu s’avancer sur une date de retour au jeu.
«Je continue mon travail avec nos partenaires du milieu du loisir et du sport et avec la Santé publique pour que l’on puisse reprendre la pratique sportive de manière sécuritaire le plus rapidement possible», a-t-elle fait valoir dans une déclaration écrite. «Je suis convaincue que la Santé publique comprend bien à quel point la reprise est primordiale. Pour l’instant, on doit continuer de suivre les recommandations de la Santé publique et de respecter les consignes. Il faut poursuivre les efforts de vaccination, ça va mettre en place les conditions gagnantes pour le retour du sport. »