Hockey Canada: le programme féminin écopera malgré lui
Marc-Antoine Malo
Bien que la crise dans laquelle est plongé Hockey Canada soit davantage en lien avec la portion masculine de la fédération, ses programmes féminins sont aussi affectés, surtout par le départ de plusieurs commanditaires.
Étant généralement moins soutenues financièrement, les hockeyeuses de l’équipe nationale dépendent davantage du financement extérieur que leurs homologues masculins. Or, la plupart des grands commanditaires de l’organisation, dont Canadian Tire, Bauer et Nike, quittent le navire.
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«Oui, ça fait peur pour notre programme, puisqu’on dépend beaucoup des commanditaires, a avoué la gardienne Ann-Renée Desbiens mercredi. C’est sûr que ça va être plus difficile pour nous de mettre en place des camps d’entraînement, des façons d’évaluer les jeunes, développer les entraîneurs. Le programme féminin en général va écoper énormément, il n’y a aucun doute là-dessus.»
Certaines compagnies comme TELUS, Esso et SkipTheDishes ont toutefois retiré leur soutien uniquement envers le hockey masculin, ce qui est déjà un point positif pour les joueuses.
«Je suis contente que certains [commanditaires] fassent la différence. Je ne pense pas que notre programme devrait écoper à cause de ce qui se passe du côté masculin. Malheureusement, on est sous le même emblème», a ajouté la Québécoise.
Moins d’attention
Maintenant que le chef de la direction de Hockey Canada, Scott Smith, et tous les membres restants du conseil d’administration ont choisi de prendre la porte, la fédération se retrouve sans direction claire, ce qui n’est pas une mauvaise chose considérant les plus récents développements.
«C’est un bon pas vers l’avant, a reconnu Desbiens. Le hockey a besoin de changement et ça peut prendre plusieurs mois, plusieurs années à effectuer. C’est un pas dans la bonne direction, mais encore là, ce n’est pas une raison de célébrer. Il y a encore beaucoup de travail à faire et des choses qui doivent changer.»
Mais qui dit changement de direction dit également incertitude. Pendant que Hockey Canada sera occupé à gérer la crise, moins d’employés auront l’occasion de se consacrer aux femmes.
«Peut-être qu’au fil du temps, il y aura moins de temps dévoué à nos programmes, à des événements ou des choses comme ça. Ils viennent de perdre beaucoup de personnel. Leur organisme change aussi. Le quotidien des employés doit être un peu différent présentement», a-t-elle assumé.
Une vitrine
Desbiens participera ce week-end au Showcase de hockey féminin de la PWHPA, l’association professionnelle des joueuses. L’événement organisé par le Centre 21.02 dans le cadre de la «Secret Dream Gap Tour» sera tenu les 15 et 16 octobre, à l’Auditorium de Verdun.
Il s’agira d’une belle occasion pour les amateurs de hockey de voir plusieurs olympiennes sur la glace, dont Desbiens et Marie-Philip Poulin. Pour les joueuses, il s’agit d’une belle vitrine et aussi d’une façon de pousser l’enveloppe afin de continuer à faire grandir le hockey féminin.
«Je crois fortement qu’on a besoin d’une ligue professionnelle à long terme viable, a soutenu la gardienne de 28 ans. C’est l’objectif de l’Association des joueuses. En attendant, il faut continuer à faire grandir [le sport] et pour continuer à jouer, on organise des “showcases” à gauche et à droite.»
Desbiens croit d’ailleurs qu’il pourrait s’agir du seul passage de la PWPHA au Québec cette année, mais Montréal a maintenant sa propre équipe de la Premier Hockey Federation (PHF), la Force, qui offre une belle alternative pour les femmes, selon elle.