Hockey Canada modifie son fonds couvrant les abus sexuels
Agence QMI
Dans la tourmente en raison de sa gestion du dossier d’allégations d’agression sexuelle de 2018, Hockey Canada a indiqué mercredi avoir procédé à la refonte de son fonds de réclamations liées à une agression sexuelle.
Cette semaine, plusieurs médias, dont le «Globe and Mail», ont rapporté que l’organisme possédait cette ressource d’urgence, dont l’argent était puisé directement dans les frais d’inscription des hockeyeurs, qui pouvait servir dans des réclamations pour des abus sexuels.
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Or, l’organisme a rappelé mercredi par voie de communiqué avoir amorcé une révision complète de sa gouvernance, supervisée par un tiers indépendant. Celle-ci inclut l’usage du fonds national de capitaux propres, qui ne sera plus utilisé dans ces cas d’agressions sexuelles.
«Hockey Canada s’engage également à ce que, dorénavant, toutes les contributions au fonds national de capitaux propres soient réservées à ces initiatives liées à la sécurité, au bien-être et à l’équité, ainsi qu’à l’assurance», a-t-il été déclaré dans la déclaration écrite.
«Il est pratique courante pour les organisations sportives de tenir un fonds pour soutenir les victimes d’agression sexuelle. Si, au terme de la révision, un tel fonds s’avère nécessaire à Hockey Canada, nous allons veiller à ce que toutes les réclamations soient approuvées par un tiers indépendant», a-t-on ajouté.
Mardi, le premier ministre Justin Trudeau et les autres politiciens fédéraux avaient tiré à boulets rouges sur Hockey Canada, arguant qu’«énormément de personnes ont perdu confiance» envers l’organisme.
M. Trudeau s’est également dit «perturbé» par la culture dans les hauts bureaux de l’organisation, qui en était venue à une entente hors cour avec la présumée victime, en mai.
La police enquête à l’interne
Le service de police de London, là où se sont déroulés les faits allégués par une jeune femme en 2018, a quant à lui indiqué avoir lancé une investigation à l’interne sur l’enquête faite à l’époque.
Dans des documents de la Cour supérieure de l’Ontario produits en avril 2022, la dame a expliqué avoir été violée par huit joueurs de l’équipe nationale junior après un gala de Hockey Canada à London, en juin 2018.
Dans des messages textes dévoilés récemment par le «Globe and Mail», la femme dit être entrée en contact avec la police plusieurs fois, d’abord pour raconter l’événement, puis rectifier des faits, à la demande d’un des joueurs impliqués. L’enquête policière s’était toutefois terminée sans inculpation en février 2019, après que l’enquêteur eut jugé qu’il n’y avait pas de motifs raisonnables de croire qu’une agression sexuelle avait été commise.
Dans un communiqué sur lequel le réseau TSN a mis la main, le chef de la police de London, Steve Williams, a déclaré vouloir «enquêter sur toute piste additionnelle pouvant exister» dans ce dossier.
Aucune date n’a été dévoilée quant au dépôt du rapport des forces de l’ordre.
Les joueurs plaident leur innocence
Les membres d’Équipe Canada, qui avaient notamment remporté le Championnat du monde junior en 2018, ont été nombreux à se dissocier des événements. Tous les joueurs, dont la plupart évoluent aujourd’hui dans la Ligue nationale de hockey, sont dans l’obligation de répondre aux questions de Hockey Canada dans leur enquête.
C’est le cas des anciens du Canadien de Montréal Victor Mete et Kale Clague, du Québécois Maxime Comtois, tout comme Robert Thomas, Jordan Kyrou, Cale Makar, Cal Foote, Dante Fabbro, Taylor Raddysh, Jonah Gadjovich, Sam Steel, Jake Bean, Carter Hart, Colton Point et Connor Timmins, qui ont tous dit ne pas avoir été présents au gala ou ne pas avoir été impliqués.
«J’ai été mis au courant des allégations d’abus sexuels faits envers quelques-uns de mes anciens coéquipiers de l’Équipe Canada junior, a écrit sur les réseaux sociaux Comtois, qui est l’un des plus récents joueurs à avoir plaidé son innocence. Les allégations sont très troublantes, et je coopère avec les enquêteurs afin d’aider du mieux que je le peux. Je n’ai pas été impliqué de quelconque façon dans les abus allégués, et, de ce que je sache, personne ne l’a suggéré autrement.»
Hockey Canada comparaîtra à Ottawa dans une semaine
D’anciens et d’actuels membres de la direction d’Hockey Canada, dont les commissaires des ligues juniors du pays, seront appelés à se prononcer mercredi prochain à Ottawa devant le Comité permanent du patrimoine canadien (CHPC) quant à l’implication de l’organisme dans l’affaire d’allégations d’agressions sexuelles commises en 2018 par des athlètes.
Le président et chef de l’exploitation de Hockey Canada, Scott Smith, son prédécesseur nouvellement retraité Tom Renney, et le président de la Fondation Hockey Canada, Dave Andrews, devront à nouveau témoigner devant le CHPC, comme ils l’avaient fait le 20 juin dernier.
De plus, le président de la Ligue canadienne de hockey, Dan MacKenzie, ainsi que les commissaires de la Ligue de hockey junior majeur du Québec, Gilles Courteau, de la Ligue junior de l’Ontario, David Branch, et de la Ligue junior de l’Ouest, Ron Robison, ont reçu une obligation à comparaître.
Finalement, l’ex-vice-président aux assurances et gestion des risques Glen McCurdie et Barry Lorenzetti, le président et chef de la direction de BFL Canada, un courtier en assurances commerciales impliqué auprès de Hockey Canada, parleront également.
Mardi, plusieurs autres acteurs du milieu, dont la ministre des Sports Pascale St-Onge, comparaîtront devant le CHPC.