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L'article provient de TVA Sports
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Hockey-balle: une équipe haïtienne à saveur montréalaise

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Félix Lacerte-Gauthier

2022-06-20T14:01:40Z
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Grâce à une exemption de sa fédération sportive lui ayant permis de recruter au sein de la diaspora, l’équipe haïtienne de hockey-balle s’est tournée vers Montréal pour garnir ses effectifs. Au moment où le Championnat mondial se déroulera pour la première fois au Québec, ses joueurs souhaitent prouver que le hockey est accessible aux Noirs.

«Lorsqu’on m’a approché pour me parler d’un projet d’équipe Haïti, je ne suis pas parti à rire, mais j’ai dit : vous êtes sérieux? Il n’y a personne en Haïti qui joue au hockey», se remémore, dans un éclat de rire, Ainslie Bien-Aimé, qui est à la fois le directeur général et l’entraîneur-chef de l’équipe participant au Championnat du monde prévu du 21 au 27 juin à la Place Bell de Laval.

Cette première discussion remonte en 2014. Il représentait à l’époque l’équipe canadienne, avec laquelle il avait remporté un championnat du monde sept ans plus tôt. Malgré son scepticisme initial, l’idée de représenter le pays de ses ancêtres était irrésistible.

«J’ai toujours eu un rêve de pouvoir jouer dans une équipe rassemblée de Noirs, de gens comme moi qui me ressemblent. Au hockey sur glace, je ne pouvais pas m’identifier à beaucoup de joueurs professionnels», confie-t-il.

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M. Bien-Aimé a d’abord été capitaine de l’équipe haïtienne à ses débuts. Sa carrière de joueur terminée, il a voulu mettre ses connaissances au profit de l’équipe d’une autre manière, acceptant d’en devenir le directeur général.

«En avançant dans l’âge, j’ai réalisé que ce n’est pas nécessairement les joueurs qui manquaient, mais qu’il y avait un problème au niveau de la structure pour assurer la pérennité du programme», explique-t-il.

Une équipe montréalaise

Grâce à une clause «Héritage» de l’International Street & Ball Hockey Federation (ISBHF), les équipes nationales peuvent recruter des joueurs de la diaspora, à condition qu’au moins l’un de leurs parents soit né dans le pays qu’ils représentent.

«Ainsi, 90 % de nos joueurs sont nés au Québec. Les autres sont nés en Haïti, mais ont grandi au Québec», révèle M. Bien-Aimé.

Parmi les joueurs de la formation haïtienne, l’assistant-capitaine et ailier droit Stevens Jean Denis en est à sa quatrième participation aux Championnats mondiaux. Bien qu’il n’ait encore eu l’occasion de visiter le pays natal de ses défunts parents, il est fier de pouvoir le représenter sur la scène internationale.

«C’est une façon pour moi de redonner à la communauté. Le fait de ne pas avoir pu aller sur place et de vivre ce que mes parents ont vécu, et voir d’où ils viennent, pour moi, c’est une façon concrète de retourner au pays», affirme-t-il.

Pour sa part, Alexandre Racette en est à sa première participation avec l’équipe. Ingénieur de jour, il évolue à la position d’ailier droit au sein de l’équipe.

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«On ne voit pas beaucoup de Noirs jouer au hockey. Le fait de pouvoir nous représenter dans les championnats mondiaux, ça nous permet de démontrer qu’on peut faire n’importe quel sport», mentionne-t-il.

C’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’équipe : pouvoir inspirer les jeunes de la communauté noire et leur montrer qu’ils peuvent tout faire.

«Plus jeune, j’ai vécu du racisme, comme beaucoup de Noirs. C’est encore plus flagrant dans le milieu du hockey, souligne M. Jean Denis. On veut montrer qu’on est capable et que le sport est pour tout le monde. On n’a pas de complexe à avoir.»

Le hockey-balle en gros

-Il s’agit d’une variante du hockey, qui se joue sur une surface dure, avec une balle de plastique orange.

-Dans les compétitions officielles, les parties se déroulent dans des arénas de hockey d’une taille standard, avec cinq joueurs et un gardien par équipe. Les périodes, au nombre de trois, sont d’une durée de 15 minutes.

-L’International Street & Ball Hockey Federation (ISBHF), qui régit le sport, a été établie au Canada en 1993.

-Trois ans plus tard, en 1996, le premier Championnat du monde s’est déroulé en Slovaquie. Depuis, il se déroule chaque deux ans. Les quatre dernières éditions ont été remportées par la Slovaquie.

-Dans certains pays, les joueurs sont rémunérés pour pratiquer le sport. Ce n’est toutefois pas la norme dans les ligues canadiennes.

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