Histoire: le mouvement Black Lives Matter en 7 dates
Mathieu Carbasse
On a beaucoup parlé de Black Lives Matter dans les deux dernières années, mais le mouvement existait bien avant la mort de George Floyd. Voici un retour dans le temps en 7 dates pour mieux le comprendre.
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13 juillet 2013 : naissance d’un mouvement
Responsable de la mort de Trayvon Martin, George Zimmerman est acquitté par la justice américaine. Un an et demi auparavant, ce dernier avait ouvert le feu sur l’adolescent noir de 17 ans, jugeant suspecte sa présence dans la résidence fermée dont il était le surveillant.
L'activiste Alicia Garza écrit le jour même un billet qui se termine par la formule «Black People. I love you. I love us. Our lives matter.» («Personnes noires. Je vous aime. Je nous aime. Nos vies comptent.») L’artiste et militante queer, Patrisse Cullors, partage alors le billet de son amie sur Twitter en y ajoutant le hashtag #BlackLivesMatter.
17 juillet 2014 : «I can't breathe»
Eric Garner, un père de famille new-yorkais, est interpellé dans la rue pour la vente présumée de cigarettes de contrebande. Face à son refus d’obtempérer, l'agent de police Daniel Pantaleo utilise sur Garner, non armé au moment des faits, une technique d'étranglement pourtant interdite. En surpoids et asthmatique, ce dernier crie à plusieurs reprises qu'il n'arrive pas à respirer («I can't breathe»), une phrase qui sera par la suite régulièrement reprise lors des manifestations du mouvement Black Lives Matter. Eric Garner décèdera quelques instants plus tard.
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9 août 2014 : des émeutes contre l’injustice
Michael Brown, un Afro-Américain âgé de 18 ans, non armé au moment des faits, est abattu à Ferguson, dans l’État du Missouri, par le policier Darren Wilson. Pour la police, Wilson a agi en état de légitime défense. Selon les témoins, Brown a été abattu alors qu'il avait les mains en l'air.
L'affaire entraîne des manifestations et des émeutes pendant plusieurs jours.
Leur très forte médiatisation donne corps au mouvement et donne un retentissement au slogan #BlackLivesMatter à travers les États-Unis.
25 mai 2020 : le décès de George Floyd, capté sur vidéo
George Floyd meurt lors de son arrestation par quatre policiers à Minneapolis, dans l’État du Minnesota. L'autopsie officielle conclut à un homicide à la suite des manœuvres des policiers pour le maîtriser et le contraindre, le genou du policier Derek Chauvin placé sur le cou de l’homme de 46 ans devenant même l’un des symboles des violences policières visant les Afro-Américians aux États-Unis.
Largement partagée sur les réseaux sociaux, la vidéo de cette brutale interpellation suscite l’indignation et conduit à des manifestations et des émeutes contre le racisme et la brutalité policière dans tout le pays, mais aussi dans le monde entier.
Juin 2020 : des statues prises pour cible
À la suite de la mort de George Floyd et dans le sillage du mouvement Black Lives Matter, des militants anti-racistes s'en prennent à des statues représentant des figures esclavagistes, colonialistes ou étant liées à des faits ou à des positions racistes. Le mouvement déborde bien au-delà des frontières américaines puisque des statues font aussi l'objet de dégradations à Londres, Turin, Bruxelles ou encore Amsterdam. À Montréal, le monument à la mémoire de l’ancien premier ministre canadien John A. Macdonald, est pris pour cible et enduit de peinture et de graffitis.
Quelques mois plus tard, la statue de Macdonald sera carrément tirée par terre et décapitée.
28 janvier 2021
Le mouvement Black Lives Matter est proposé pour le prix Nobel de la paix pour avoir sensibilisé le public à l'injustice raciale, mais aussi pour la façon dont son appel au changement systémique s'est répandu à travers le monde. Il ne l’emportera finalement pas, mais la nomination reste lourde de sens.
20 avril 2021 : une condamnation exemplaire?
Le policier Derek Chauvin est reconnu coupable des trois chefs d'accusation (meurtre, homicide involontaire et violences volontaires) ayant entraîné la mort de George Floyd. Quelques semaines plus tard, il sera condamné à 22,5 ans de prison.