Survivre à Jeffrey Epstein | Histoire de monstres
Vendredi 23 avril à 20 h et 21 h, Canal D (Début)
Alexe-Sandra Daigneault
Lorsque Jeffrey Epstein est trouvé mort dans sa cellule, peu avant son procès, ses nombreuses victimes comprennent qu’elles n’obtiendront jamais justice. Heureusement, le documentaire Survivre à Jeffrey Epstein leur donne l’occasion de raconter leur histoire d’horreur au public.
Jeffrey Epstein, qui comptait parmi les hommes les plus riches et influents des États-Unis, s’est longtemps servi de son pouvoir pour agresser des dizaines de jeunes femmes et d’adolescentes. Après avoir été arrêté pour exploitation sexuelle et conspiration liée à une exploitation sexuelle, il s’est enlevé la vie le 10 août 2019, privant ses proies de la justice qu’elles méritaient.
Afin de faire éclater la vérité au grand jour, certaines de ces survivantes ont accepté de se confier aux réalisatrices Anne Sundberg et Ricki Stern dans le documentaire Survivre à Jeffrey Epstein. Leurs témoignages, appuyés par les déclarations d’avocats, de journalistes, de psychologues et de psychiatres impliqués dans l’affaire, nous permettent de réaliser l’ampleur des crimes commis par Jeffrey Epstein et ses complices.
Un prédateur-né
La première des quatre parties du documentaire nous ramène ainsi dans le passé afin d’exposer le parcours d’Epstein, un homme dont l’esprit se révèle aussi brillant que tordu. Né dans une famille ouvrière de Brooklyn en 1953, le jeune homme en quête de pouvoir abandonne ses études de physique afin de devenir professeur dans une école huppée. Selon le journaliste Daniel Bates, il est clair qu’Epstein se sert de ce poste pour se rapprocher de ses victimes et du monde de la finance, où il ne tarde pas à faire son entrée.
Aussitôt, Epstein gravit les échelons de Wall Street grâce à diverses embrouilles, telles qu’un délit d’initié dont seul Steven Hoffenberg est reconnu coupable. En 1989, Jeffrey rencontre Ghislaine Maxwell, une mondaine dont l’amour lui ouvre bien des portes.
Modus operandi
Cette position privilégiée permet au prédateur de s’offrir tout ce dont il rêve — à commencer par les jeunes filles pures dont il est si friand. Aidé de Ghislaine, il recrute ses proies dans les écoles secondaires défavorisées de Palm Beach, que fréquentent Jena-Lisa Jones et Courtney Wild. Attirées par le luxe et les promesses d’une vie meilleure, ces adolescentes pauvres et vulnérables acceptent de simplement masser Epstein pour 200 $, avant de réaliser qu’elles sont tombées dans un piège.
Pourtant, les viols et les agressions sexuelles perpétrés par Epstein et sa conjointe n’empêchent pas Jena-Lisa et Courtney de retourner vers leurs agresseurs. En fait, les manipulations de ceux-ci sont si habiles que leurs victimes se croient privilégiées, explique la psychiatre légiste Barbara Ziv. Elles en viennent même à présenter leurs jeunes amies au couple, qui accueille de nouvelles victimes tous les jours grâce à ce stratagème.
Une pyramide de victimes
Une première plainte permet heureusement à la police de s’intéresser à ce système de recrutement de mineures en 2005. Par contre, le pouvoir du couple est tel que les enquêteurs, qui considèrent les victimes comme des prostituées, abandonnent leurs investigations. Cependant, le FBI n’est pas du même avis, et son enquête dévoile un vaste réseau d’esclavage et de trafic sexuel lié aux nombreuses demeures d’Esptein.
Les prochains épisodes de Survivre à Jeffrey Epstein nous permettent de découvrir ces villas de New York, du Nouveau-Mexique et de Californie où des dizaines de survivantes ont vécu l’enfer. Entraînées par des amies et des proches de confiance, ces victimes expliquent comment leur esprit a été corrompu par leurs agresseurs, capables de les détruire en un claquement de doigts...
L’histoire n’est pas terminée
Même si Jeffrey Epstein n’a jamais eu à s’expliquer en cour, il risque d’en être autrement pour Ghislaine Maxwell, sa conjointe et complice. Le 2 juillet 2020, elle a été inculpée sous six chefs d’accusation, dont incitation à des actes sexuels illégaux et parjure. En attendant son procès, qui devrait avoir lieu en juillet 2021, elle reste détenue dans une prison de New York, sans possibilité de remise en liberté conditionnelle.
À noter
Les troisième et quatrième parties du documentaire seront présentées le vendredi 30 avril, à 20 h et à 21 h.