Henri Picard se confie sur son personnage dans Indéfendable
Michèle Lemieux
Parmi les acteurs de sa génération, Henri Picard s’est taillé une place enviable. Après Indéfendable, voilà qu’il s’ajoute à la distribution de la deuxième saison de Lac-Noir, dans laquelle il campe Raphaël, un loup-garou. Inutile de le préciser: pour ce grand amateur de films d’horreur, ce projet est arrivé comme un véritable cadeau dans sa vie...
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Henri, quelle belle deuxième saison de Lac-Noir! Le résultat est-il à la hauteur de tes espérances?
Oui, je suis content et j’ai été très heureux de redécouvrir la série. Comme ça faisait longtemps que nous l’avions tournée, la voir m’a rappelé de beaux souvenirs. Je suis un fan d’horreur depuis que je suis tout petit. J’ai vu des films d’horreur à un âge où les jeunes ne sont pas censés voir ça...
Qu’en pensaient tes parents?
J’ai harcelé mon père très jeune pour écouter des films d’horreur. Lorsque j’avais sept ans, il me laissait voir certains films, mais il enlevait les bouts qui étaient inappropriés pour mon âge. J’ai tellement un rapport spécial à l’horreur que ça me déçoit d’en avoir autant écouté si jeune, car maintenant je suis plutôt difficile en la matière.
Parce que tu as un œil averti?
Oui. Tourner dans Lac-Noir et jouer un loup-garou au Québec, je ne sais pas si ça se présentera à nouveau dans ma carrière. J’ai donc sauté sur l’occa- sion et j’étais heureux de le faire. Nous étions entre bonnes mains.
Est-ce que tu consommes encore des films d’horreur? Ça te passionne toujours?
Oui. Je ne vais pas tous les voir au cinéma, mais je reste à l’affût. Lac- Noir rejoint un large public. Je sais que des jeunes comme des personnes plus âgées ont tripé sur la série.
Que peux-tu nous confier au sujet de ton personnage?
Raphaël est amené à revenir à Lac- Noir. C’est un loup-garou. Il est âgé de 21 ans. Ses parents étaient aussi des loups-garous, mais ils sont morts lorsqu’il était très jeune. Il est né à Lac-Noir, mais il a quitté la région à l’âge de 12 ans afin d’aller vivre en Europe pour devenir sénateur. Il veut participer à des décisions politiques au Sénat des loups-garous. Il a appris très jeune à contrôler ses pouvoirs. Je pense qu’il est plus avancé que les loups-garous de son âge. Gabriel (Guy Nadon) l’a pris sous son aile. Raphaël est un jeune homme assez mystérieux, futé, intelligent et un peu ratoureux. Je crois qu’il se surestime un peu. Il croit qu’il a déjà tout compris de la vie. Il connaîtra une belle évolution dans cette deuxième saison.
Cette année, tu as aussi fait une entrée remarquée dans Indéfendable. Ton personnage fait beaucoup jaser...
Le tournage du vol de dépanneur m’a procuré beaucoup d’adrénaline. J’ai adoré défendre ce personnage. Tom est un jeune homme qui n’est pas mal intentionné, je le qualifierais même de gentil. Il n’a pas d’antécédents criminels. Comme sa mère souffre de Parkinson, qu’ils n’ont plus beaucoup de sous et qu’ils doivent continuer à payer ses traitements, il croit qu’à titre d’aîné de la famille, c’est sa responsabilité de trouver l’argent nécessaire. Le vol est une solution de dernier recours. Il se fait aussi influencer par son ami Chris. Il sous-estime l’ampleur d’un vol de dépanneur... Sans excuser son geste, on comprend qu’il le fait par amour pour sa mère. Notre job d’acteur, c’est d’excuser les gestes pour pouvoir entrer dans les chaussures de notre personnage.
Es-tu naturellement empathique dans la vie?
Oui, je le suis et je l’ai toujours été. Je suis aussi quelqu’un de sensible. Ce n’est pas difficile pour moi d’avoir de l’empathie pour mes personnages.
Tu as déjà eu plusieurs beaux rôles dans ta jeune carrière. Es-tu heureux de la route que tu as parcourue?
Vraiment. Je me considère comme chanceux. Faire du cinéma ou de la télé, c’est un luxe. Il y a beaucoup d’acteurs talentueux qui ne travaillent pas. Je ne tiens rien pour acquis. Actuellement, je suis dans une période où je n’ai pas travaillé depuis quatre mois. Je ne chiale pas du tout, car j’ai beaucoup travaillé depuis les deux dernières années. Je laisse la place aux autres.
Comment occupes-tu ton temps quand tu ne travailles pas?
Je me suis trouvé une job dans différents événements où je peux être, entre autres, barman. Je suis sur appel: ça me permet de mieux gérer mon horaire, car je ne travaille pas à temps plein. Il faut s’occuper, ne pas attendre que le téléphone sonne, car ça rend amorphe. Travailler, c’est important pour la santé mentale. Je me suis mis à faire des événements parce que je trouvais le temps long.
Tu mets donc tes plages de tranquillité à profit?
Oui. Je regarde beaucoup de films. Pour moi, c’est comme étudier. C’est durant les périodes où je ne travaille pas et où je regarde beaucoup de films que j’ai le plus envie de travailler. C’est fou! Je me dis que j’aurais aimé jouer tel ou tel personnage. En même temps, je m’inspire de plein de choses. J’essaie de m’entraîner sur une base régulière. Ça aussi, c’est important pour la santé mentale.
Dans ton métier, il faut apprendre à gérer les parenthèses entre les projets...
Oui, vraiment, mais j’ai été très chanceux, car j’ai toujours eu quelque chose chaque année depuis 2016. Comme je l’ai dit, je suis sans travail depuis quatre mois. On s’entend: ce n’est pas si long... Parfois on se questionne, on se demande si ça va revenir.
En raison de l’expérience de tes parents (les comédiens Isabel Richer et Luc Picard), tu as vite compris que les périodes tranquilles sont inhérentes au métier. Savais-tu déjà à quoi t’attendre en choisissant cette voie?
Oui, on m’avait préparé bien avant. Je me suis fait dire, lorsque je travaillais, que c’était inévitable que je traverse une période où je n’allais pas travailler, que ça pourrait même durer un an. Il y en a pour qui ça dure trois ans, et ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas bons. Il y a aussi des acteurs hyper talentueux qui ne travaillent jamais. Je profite de chaque projet, car je me dis que ça pourrait s’arrêter demain... Je suis extrêmement reconnaissant. Je sais déjà que je travaillerai en janvier puisque je tournerai la troisième saison de Cerebrum. Je ne peux pas en dire plus, car je n’ai encore rien vu. J’ai hâte de recevoir mes textes.
Est-ce que ça donne une autre perspective aux périodes tranquilles?
Oui. Quand j’ai du temps, j’aime voyager. Je suis allé en Europe cet été.
Avec ta blonde?
Oui, avec ma blonde et deux amis. Nous sommes allés à Rome, en Italie, puis à Barcelone, en Espagne. Ç’a été un très beau voyage. J’adore l’Europe! J’y suis allé à trois ou quatre reprises jusqu’à maintenant. C’est un autre monde. J’aime l’histoire. Il y a un an, je suis allé en Californie. J’ai longé la côte ouest des États-Unis: j’ai vu San Francisco, Los Angeles et Las Vegas. San Francisco, c’est ma ville préférée. On y trouve plusieurs espaces verts, et c’est entouré d’eau et de quais qui longent la ville. J’ai vraiment beaucoup aimé mon escapade là-bas.
La saison 2 de Lac-Noir est disponible sur Club illico. Indéfendable, du lundi au jeudi 19 h, à TVA. La saison 3 de Cerebrum est prévue en 2024-2025 à Radio-Canada.
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