Henri Picard exprime ce que ça lui fait d’être le fils d’acteurs connus
Daniel Daignault
Pour la première fois de sa jeune carrière, Henri Picard est la vedette principale d’un film, Le plongeur, dans lequel il offre une brillante performance. Il nous parle de ce long métrage dans lequel il incarne un accro aux machines à sous aux prises avec plusieurs ennuis.
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Henri, comment as-tu décroché ce rôle dans Le plongeur?
J’ai passé une première audition en 2018, mais j’étais trop jeune, à l’époque. Finalement, le projet a été retardé à cause de la covid, et j’ai reçu un appel en 2021 pour refaire une audition. Le lendemain, Francis Leclerc (le réalisateur du film) m’a annoncé que j’avais le rôle.
Ça ne va pas bien pour ton personnage dans le film... Ça t’inspirait de jouer la déchéance d’un jeune homme qui se cherche?
Oui, ça m’a vraiment attiré. Je ne connaissais pas la dépendance au jeu. Personnellement, ça ne m’a jamais intéressé. Avant le tournage, je suis allé au casino pour plonger dans cet univers et voir un peu plus de quoi il s’agissait. J’ai compris assez vite que la dépendance n’est pas liée à l’argent, mais plutôt à la stimulation, aux couleurs, aux logos... La lecture du roman (NDLR: Le film est inspiré du livre du même nom, écrit par Stéphane Larue) m’a beaucoup aidé à entrer dans la peau du personnage, à comprendre son énergie. Le scénario décrit l’action, mais moins ce qui se passe dans la tête de Stéphane.
Ton personnage travaille comme plongeur dans un restaurant. Est-ce un un monde que tu connaissais?
J’ai été plongeur durant un été, quand j’avais 17 ans. Je ne travaillais pas aussi souvent que Stéphane dans le film: j’étais sur appel et j’y allais environ deux fois par semaine. Quand j’ai lu le roman, ça m’a rappelé plein de souvenirs... Je ne m’ennuie pas de cette job-là!
Il arrive souvent que des plongeurs se blessent ou se coupent dans l’exercice de leurs fonctions. Est-ce que ça t’est arrivé durant le tournage?
Je me suis coupé plusieurs fois quand je faisais de la plonge. Quand tu mets une main dans ta plonge et que tu pognes un couteau, tu te coupes! Il faut aussi prendre les assiettes chaudes qui viennent de sortir du lave-vaisselle. Au début, ça fait mal, mais à un moment donné, on ne sent plus rien. C’est un travail physique, mais la pression peut aussi être difficile sur le moral. Les cuisiniers sont souvent d’anciens plongeurs. Ils savent comment faire la job, et si tu ne vas pas assez vite, ils te le disent! Les serveurs, eux, sont tout le temps très gentils avec les plongeurs, parce qu’ils savent qu’ils se font taper dessus. Le plongeur est un peu les yeux et les oreilles du esto, et il espère que les frustrations des cuisiniers ne vont pas retomber sur lui, parce que c’est souvent ce qui arrive.
C’était ton premier film avec Francis Leclerc. Que retiens-tu de cette expérience?
Je l’adore! Il est devenu un de mes chums. Il m’a mis en confiance et ne m’a pas mis trop de pression. Il y a une certaine légèreté avec lui: il fait des blagues, mais en même temps, il est sérieux. Il a pris le temps de vraiment bien m’expliquer le film qu’il voulait faire. On a beaucoup discuté, et il m'a envoyé une vingtaine de titres de films qu’il voulait que je regarde, dont plusieurs des années 1970, un peu trash, où l’éclairage n’est pas net.
Ton Stéphane se cherche et est sur une mauvaise pente. Quelles leçons les jeunes doivent-ils en tirer?
C’est aussi un film sur l’amitié. Ces amis qui nous aident à guérir nos démons, il faut s’y accrocher, ne pas les perdre. Il faut s’éloigner de nos démons et tenter de transférer une dépendance vers une passion qui ne sera pas nocive. Dans le cas de Stéphane, ce n’est pas une passion, c’est un travail qui prend tellement de place dans sa vie qu’il n’a plus le temps de jouer. Il passe tout son temps à travailler.
C’est la première fois que tu portes un film sur tes épaules. As-tu ressenti une certaine pression?
Non, je n’ai pas trouvé ça lourd. On a eu beaucoup de temps pour en parler avant le tournage, et je trouvais que le personnage n'était pas si loin, dans le fond. Je suis quand même timide, dans la vie, et Stéphane l’est aussi. C’est aussi un passionné de musique, comme moi. Tout ça m’a aidé. J’ai embarqué dans ce projet avec entrain, même s’il y a eu des journées plus difficiles. J’étais présent chaque jour, alors il fallait vraiment que je passe de bonnes nuits de sommeil, je ne pouvais pas faire de compromis. Ça s’est super bien passé!
Que dirais-tu à des jeunes de ton âge qui sont dans les écoles ou qui aspirent à faire le métier d’acteur?
Je leur dirais d’apprendre, de s’intéresser à tout et de lire beaucoup. Il faut être au courant de l’actualité et avoir une bonne écoute. Il faut triper, aussi, et être sincère dans tout.
J’imagine que tu as souvent entendu dire à ton sujet: «On sait bien, il est le fils de...»?
Oui. Je ne peux pas faire autrement, il y aura toujours des gens qui diront ça. Je m’y fais, c’est correct. C’est vrai que ç’a été simple pour moi d’entrer dans une agence, parce que mes parents (Isabel Richer et Luc Picard) en faisaient déjà partie. J’ai eu un accès direct pour ça, mais j’ai quand même fait plusieurs auditions avant d’obtenir différents rôles.
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Est-ce que tes parents regardent ce que tu fais?
Ils ne regardent peut-être pas tout ce que je fais, mais les films dans lesquels j’ai joué, ils les ont tous vus.
Mis à part ce film, as-tu d’autres projets?
J’ai joué dans STAT et je sais que mon personnage va revenir. J’incarnais un joueur de hockey qui a eu des problèmes à la suite d’un party de remise de trophées. Je vais aussi participer à la troisième saison de Cerebrum, qui va être tournée en mars et en avril.
Tu as seulement 21 ans. Es-tu content de ta carrière jusqu’à maintenant?
Oui, mais je ne tiens rien pour acquis, parce que je sais que ça pourrait s’arrêter demain. C’est comme ça que je le vois. Faire du cinéma au Québec, c’est un luxe. Il y a plein d’acteurs qui n’en font pas autant qu’ils aimeraient, et les occasions sont limitées. Avec Le plongeur, j’en ai profité au maximum, car je sais qu’un projet comme celui-là pourrait ne jamais se reproduire.
Le plongeur, en salle dès le 24 février.
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