«La Capitale des rêves»: voici le roman attendu de la Montréalaise Heather O’Neill qui y propose une aventure dans un pays imaginaire en guerre


Marie-France Bornais
Romancière extraordinaire récompensée de nombreux prix, la Montréalaise Heather O’Neill invite ses lecteurs à entrer dans une nouvelle aventure qui sort pour la première fois de l’univers montréalais qui l’a rendue célèbre. Dans La Capitale des rêves, un roman magnifiquement traduit par Dominique Fortier, on saute à pieds joints dans un pays imaginaire où la magie des contes côtoie les affres de la guerre. Dans cet univers déconcertant où les animaux parlent, une jeune fille débrouillarde affronte mille dangers pour remettre le manuscrit de sa mère en lieu sûr.

Sofia a grandi dans la capitale de l’Élysée, un petit pays oublié par l’Europe, où la poésie, la musique et la beauté en toute chose règne en maître. Sa mère, Clara Bottom, est une artiste admirée de tous. Lorsque l’Ennemi envahit le pays, Sofia se voit confier le dernier manuscrit de sa mère, qu’elle doit faire sortir clandestinement du pays.
Clara espère alerter le reste du monde sur ce qui se passe, pour sauver son pays, sa capitale et sa culture. Sofia n’est pas au bout de ses peines: dès qu’elle quitte la Capitale, tout va mal. Elle perd le livre. Catastrophée, elle se met en route pour le Marché noir où elle espère le retrouver. Elle avance, lentement, en compagnie d’une oie qui parle et qui souhaite elle aussi livrer un manifeste révolutionnaire.
L’imagination
La capitale des rêves, un roman multicouche, finement ouvragé, procure un émerveillement constant même si les sujets traités sont difficiles.
«J’essaie toujours d’entrer dans mes sujets d’enfance qui sont difficiles et traumatiques, mais d’avoir un univers dans les yeux d’un enfant qui est encore innocent, qui a de l’imagination, pour voir comment les enfants peuvent survivre», commente Heather O’Neill en entrevue, en français.
Pas à Montréal!
Heather O’Neill sort pour la première fois de l’univers montréalais qu’on lui connaît pour nous faire découvrir un pays complètement imaginaire, qu’on situe quelque part sur le continent européen. «C’est la première fois que je suis partie de l’île pour faire une histoire. C’était très intéressant pour moi, le fait de partir de Montréal et d’aller vraiment dans un conte de fées et d’entrer dans un univers où il y a des animaux qui parlent.»
Sa motivation? «J’ai commencé à écrire ce roman quand j’étais en résidence d’écriture à Berlin. C’était dans une maison où j’étais avec Kev Lambert et Rodney St-Éloi. On était là pour un mois et je voyageais. J’ai pris le train pour aller en Pologne aussi. J’ai vu la Forêt noire pour la première fois. Ça m’a fait penser aux contes de fées. C’était la première fois que j’allais à Berlin où il y a toute l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale.»
Des souvenirs familiaux
Cette visite lui a rappelé des souvenirs familiaux. «Mon père était le plus jeune d’une famille de neuf garçons. Plusieurs de ses frères sont allés à la bataille. Lui aussi avait envie d’y aller. C’était la Dépression à Montréal et il voulait de nouvelles bottes... Il est allé chercher un faux certificat de naissance parce qu’il n’avait que 14 ans.»
Son père a donc participé à la Deuxième Guerre mondiale. «Quand j’étais jeune, il me racontait toujours des histoires absurdes qui se passaient en Europe: un renard qui parlait... Il ne parlait jamais de la bataille, juste de contes de fées qui décrivaient une forêt en Europe. J’ai décidé de faire un pays qui était dans cet univers que je visualisais quand j’étais jeune.»
La Capitale des rêves
Heather O’Neill
Traduction Dominique Fortier
Éditions Alto
400 pages
▶ En librairie le 18 mars.
- Heather O’Neill est romancière, nouvelliste et essayiste montréalaise.
- Son avant-dernier roman, Perdre la tête, a figuré au sommet de la liste des best-sellers canadiens et a fait partie des finalistes du Grand Prix du livre de Montréal.
- On lui doit aussi Hôtel Lonely Hearts (prix Paragraphe Hugh MacLennan, il figure sur la liste préliminaire du Women’s Prize for Fiction et du concours Canada Reads de CBC), La ballade de Baby, Mademoiselle Samedi soir et La vie rêvée des grille-pain.
- Heather O’Neill est récipiendaire du prix Danuta Gleed et a remporté Canada Reads, en tant qu’autrice puis panéliste.
- La Capitale des rêves est son septième livre.
«Un soir, entre chien et loup, Sofia et l’Oie traversèrent un champ de pissenlits tout blancs. Lorsque le ciel devint plus sombre, les pissenlits se mirent à luire telles de petites lunes. On aurait dit des souffles d’enfants sur une fenêtre fermée. Tandis qu’elles marchaient parmi ces plantes lunaires, les étamines éclatèrent et leurs graines s’élevèrent dans les airs, tourbillonnant et valsant dans la voûte céleste de plus en plus noire jusqu’à ce qu’elles se fixent comme des étoiles au firmament.»
- Heather O’Neill, La Capitale des rêves, Éditions Alto
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