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L'article provient de TVA Nouvelles

Hausse du prix du pétrole: un mal pour un bien?

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Laurie-Anne Alarie, étudiante à la maîtrise en Science politique

2022-10-12T09:58:39Z
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L’alliance des pays exportateurs de pétrole OPEP+ a partagé le 5 octobre dernier sa décision de diminuer sa production de pétrole de 2 millions de barils par jour à partir de novembre prochain, une décision qui devrait mener à une importante stimulation des prix.  

Quel impact sur les Québécois?

Peu de temps après l’annonce de l’OPEP+, le baril de Brent de la mer du Nord est monté à 93,43 dollars. L’impact de la décision a immédiatement été visible au Québec, alors que le prix à la pompe a bondi à 174,9 ¢ par litre dans plusieurs régions de la province jeudi dernier, contre un prix moyen qui s’élevait en moyenne à 158,0 ¢ le litre au Québec la semaine précédente. Cette augmentation devrait d’ailleurs se poursuivre au cours des prochains mois.

Cette hausse du prix du pétrole arrive dans une période de vulnérabilité pour de nombreux Québécois : avec un taux d’inflation de 7,1% en date du mois d’août au Québec, il n’est pas à exclure que, pour parvenir à joindre les deux bouts, plusieurs devront limiter leurs déplacements en voiture à essence au cours des prochains mois et prioriser d’autres alternatives, telles que le covoiturage, l’utilisation du transport en commun ou même l’achat d’un véhicule électrique. Mais ne serait-ce pas une bonne chose pour l’environnement, après tout?

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Un « blessing in disguise » ?

43% des gaz à effet de serre (GES) sont causés par le transport au Québec. Ainsi, si la hausse du prix du carburant poussait la majorité des gens à adopter des comportements visant à limiter leur consommation d’essence, cela pourrait être bénéfique à notre lutte contre les changements climatiques. 

Tout cela semble positif sur papier. Toutefois, la réalité en est autrement.

Trop de Québécois ne possèdent malheureusement aucune alternative. D’abord, le transport collectif n’est pas accessible à tous. D’une part, plusieurs régions au Québec sont très mal desservies, même que parfois le transport en commun y est inexistant. D’autre part, les coûts actuels peuvent représenter une barrière financière pour plusieurs. À titre d’exemple, une passe mensuelle permettant de se rendre de Terrebonne à Montréal en utilisant l’autobus et le métro coûte 184$, ce qui représente une somme annuelle de 2 208$.

L’achat d’un véhicule électrique demeure impossible pour la majorité. En effet, le Québec accuse un retard important dans l’électrification des transports et l’offre de véhicules électriques neufs est insuffisante à l’heure actuelle pour répondre à la demande. Les acheteurs potentiels doivent faire face à des listes d’attente d’un à deux ans chez les concessionnaires afin d’obtenir un véhicule électrique neuf. Cela s’explique par le fait que les manufacturiers concentrent leurs efforts envers les régions détenant des normes d’électrification des transports plus sévères. Bien que le Québec ait pris la décision d’interdire la vente de véhicules neufs à essence à partir de 2035, les exigences entretemps demeurent trop faibles. En comparaison, la Norvège interdira la vente de véhicules à essence neufs à partir de 2025, et les véhicules électriques représentaient déjà 64% des ventes de voitures neuves en 2021.

Les Québécois ont les mains liées... pour l’instant

Cette hausse du prix du pétrole causée par la décision de l’OPEP+ risque d’entraîner des difficultés financières pour de nombreux Québécois qui ne pourront pas se tourner vers d’autres alternatives dans un futur rapproché. S’il compte sérieusement venir en aide aux Québécois lors de son nouveau mandat et ce, au long terme, François Legault devra mettre les bouchées doubles dans le domaine du transport durable.

Laurie-Anne Alarie
Étudiante à la maîtrise en Science politique – Affaires publiques et internationales à l’Université de Montréal

 

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