Percée (modeste) du PPC de Maxime Bernier: est-ce qu’on doit s’inquiéter?
Jean-Michel Clermont-Goulet
Même si les élections de lundi n’ont à peu près rien changé au pays, une formation politique a réalisé des gains importants: le Parti populaire du Canada (PPC). La formation dirigée par le Québécois Maxime Bernier a en effet récolté plus du double de voies qu’en 2019. Est-ce qu’on devrait s’inquiéter de cette avancée? On a posé la question à un politologue.
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Malgré la défaite, c’est un Maxime Bernier triomphal qui s’est présenté, lundi soir, devant ses partisans (et la presse) à Saskatoon, en Saskatchewan. Le PPC est passé de 1,6% des votes à l’élection générale de 2019 à plus de 5% en 2021. Un tel score devrait lui permettre de prendre part aux prochains débats des chefs.
«Nous avons marqué l’histoire, a-t-il lancé. La politique canadienne ne sera plus jamais la même.»
Mais est-ce vraiment le cas? Est-il en train de métamorphoser la politique au pays? Pas si vite!
La pandémie et les antivax
Pour le politologue et professeur en science politique à l’Université du Québec à Montréal André Lamoureux, l’engouement observé dans les provinces de l’ouest pour le parti de Maxime Bernier pourrait être passager.
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S’il y a bel et bien une base de libertariens au pays, la pandémie a donné un élan au politicien de droite. Pour gagner des points, M. Lamoureux reproche au Beauceron d’avoir instrumentalisé la crise sanitaire en se rapprochant des opposants au vaccin et aux mesures sanitaires. Tout ça pour faire le plein d'appuis.
«En 2021, il a joué une nouvelle carte, celle de s’associer aux covidiots pour venir appuyer son mouvement contre la “tyrannie médicale”», affirme-t-il.
«Il considère ça comme une victoire, mais il n’a fait élire aucun député, insiste M. Lamoureux. Ces appuis-là sont circonstanciels. Ça va s’estomper, mais il va toujours rester le mouvement libertarien, fort dans l’ouest, mais au Québec aussi.»
Un énorme merci à notre armée violette!
— Maxime Bernier (@MaximeBernier) September 21, 2021
Nous avons fait l’histoire aujourd’hui. Nous avons plus que triplé nos appuis.
Nous sommes le seul véritable parti d’opposition. Nous allons continuer à lutter contre la montée de l’autoritarisme et pour la liberté!
Mais c’est quoi, au juste, un libertarien?
Le mouvement libertarien «repose sur la liberté individuelle conçue comme fin et moyen», nous apprend le Larousse. Les «libertariens se distinguent des anarchistes par leur attachement à la liberté du marché et des libéraux par leur conception très minimaliste de l'État».
En d’autres mots, un libertarien souhaite un État moins important et plus de libertés individuelles.
Et en quoi la plateforme du PPC est-elle libertarienne? Eh bien, le parti veut privatiser Postes Canada et tous les aéroports du pays, avec comme objectif de diminuer la taille de l’État.
Maxime Bernier propose aussi de mettre fin à la politique de multiculturalisme canadien qui, selon sa plateforme, «encourage les immigrants à conserver les valeurs et la culture qu’ils ont laissées au lieu de s’intégrer à la société canadienne et d’adopter les valeurs et la culture canadiennes».
«Ce discours-là, il y a une partie de la population qui y adhère et ça va rester», souligne le politologue. C’est le cas dans les provinces de l’ouest, où le PPC et Maxime Bernier jouissent d'une certaine popularité.
Maxime Bernier aurait d’ailleurs plus de chances de se faire élire dans les Prairies qu’en Beauce, croit André Lamoureux, parce que dans sa région natale, «ça ne marche vraiment pas».