Hausse de 245 %: la consommation de cannabis chez les aînés inquiète les experts
Cimon Charest
Les aînés consomment de plus en plus de cannabis, et les experts sonnent l'alarme.
Selon une étude récente menée au Québec, entre 2014 et 2020, la proportion de personnes âgées de 65 ans et plus ayant consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois a augmenté de 245 %. Ce groupe d’âge a connu la plus forte hausse, loin devant les 45 à 64 ans.
«Pendant la pandémie, nous avons fait face à beaucoup d’incertitude, d’isolement et à un stress accru», commente d'emblée le Dr Frédéric Picotte, médecin de famille à Shawinigan.

Ce qui inquiète particulièrement les experts, c'est l’évolution du cannabis lui-même. En 1970, un joint de cannabis contenait en moyenne 1 % de THC. Aujourd’hui, la SQDC propose des produits dont la teneur en THC atteint parfois 30 %.
«Les baby-boomers, qui sont maintenant des aînés, disaient: "Moi, je consommais, mais ça ne durait pas longtemps et ça allait bien." Mais aujourd’hui, ce n’est absolument pas la même chose», nuance la Dre Sylvie Lacoursière de l’équipe promotion-prévention-comportements sains du CIUSSS de la Mauricie-Centre-du-Québec.

Les risques de consommation
Cette consommation croissante n’est pas sans risques. Les aînés qui consomment du cannabis sont plus susceptibles de précipiter ou d'aggraver leur perte d’autonomie. Elle peut également augmenter les risques de chutes, de développer un cancer, de souffrir de troubles de santé mentale ou encore de problèmes cardiovasculaires et pulmonaires.
«L’élimination des substances dans l’organisme devient plus lente avec l’âge, ce qui accroît leur intensité. C’est pour cela qu’il est important de redoubler d’efforts en matière de prévention et de sensibilisation», souligne Laurence Ruel de l'Association pour la santé publique du Québec.

L’association de l’alcool ou du cannabis avec des médicaments peut également s’avérer dangereuse.
«Il n’est pas rare que les aînés prennent des médicaments pour la pression artérielle ou d'autres affections. Lorsque ces médicaments sont combinés avec des substances psychoactives comme l’alcool ou le THC, cela augmente les risques d’effets indésirables et le risque de chutes», ajoute le Dr Picotte.
Les raisons de la consommation
Parmi les motifs de consommation, l'accès désormais légal à la SQDC est souvent mentionné.
Certains aînés recourent au cannabis pour les aider à traverser un deuil, une maladie, le vieillissement ou le passage à la retraite.

Selon les experts, d'autres encore l’utilisent comme alternative à certains médicaments.
«Ce sont souvent des périodes longues, un processus d’adaptation qui peut influencer considérablement la consommation», précise Mme Ruel.
Il est donc primordial de multiplier les efforts de sensibilisation auprès de nos aînés.