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L'article provient de 24 heures

Haine sur les réseaux sociaux : le sexisme et le racisme ont le champ libre

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Photo portrait de Anne-Lovely Etienne

Anne-Lovely Etienne

2022-06-01T13:00:00Z
2022-06-01T13:47:16Z
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BILLET - Qu’ont en commun l’actrice Amber Heard et le joueur de hockey Nazem Kadri? Ils sont tous les deux des personnalités publiques, actuellement cibles de discours haineux sur les réseaux sociaux. Elle est une femme et lui, un musulman, et les insultes y font référence. Ça va trop loin.

• À lire aussi: Procès Depp-Heard, «décourageant» pour les victimes de violence conjugale

Vous l'avez certainement remarqué : le procès Depp-Heard a fait énormément jaser chez nos voisins du Sud et ailleurs. Sur mes réseaux sociaux, des photos, des vidéos, des articles et des citations sensationnalistes fusaient de partout sur la «méchante» et «menteuse» Amber Heard. 

Chaque jour, des centaines de milliers d’Internautes se branchent pour assister au streaming du célèbre procès, et des comptes TikTok et chaînes YouTube s'en donnent à coeur joie pour critiquer les deux vedettes - mais tout particulièrement Amber Heard. 

Certains vont même jusqu’à payer 400$ sur la plateforme YouTube pour que leur commentaire soit en vedette et épinglé en haut du chat, rapporte le New York Times. Imaginez! Quelqu’un a payé pour épingler ce commentaire suivant: «Amber a un serpent qui niche sur la tête». 

La haine est si grande qu’une photographe de Toronto, Whitney Heard, qui a le même nom que la sœur d’Amber Heard, raconte qu’elle reçoit, depuis le début du procès, des menaces et des commentaires haineux sur sa page Instagram comme «Your sister is a lying b***h». 

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Et les plateformes ne réussissent manifestement pas à la protéger de cette haine - qui va bien au-delà du simple désagrément. Une étude de l'organisme à but non lucratif Center for Countering Digital Hate, à laquelle Amber Heard a participé, indique que plusieurs messages privés qui contreviennent aux règles d'Instagram se retrouvent dans les boîtes de réception.

Commentaires racistes envers Nazem Kadri

Déplaçons-nous maintenant dans le monde du hockey. Les séries éliminatoires de la LNH battent leur plein. La semaine dernière, l’équipe de l’Avalanche du Colarado, qui comprend l’attaquant d’origine libanaise Nazem Kadri, a créé tout un émoi sur la glace. 

Ce dernier a heurté le gardien de but des Blues de Saint-Louis, qui a dû se retirer. Résultat? Une pluie (je dirais même une tornade) de commentaires islamophobes, racistes et xénophobes de la part des partisans des Blues.

Le compte Instagram de son chat domestique Jazzy Kadri a même été bombardé d’insultes racistes que la femme de Kadri, Ashley, a publié sur Instagram pour dénoncer et défendre son époux.

J’y ai lu des trucs qui m’ont donné mal au ventre. Derrière leur clavier, plusieurs internautes ont fait preuve d’insolence, de méchanceté, de grossièreté et j’ajouterais même de sauvagerie... 

«Où était Kadri le matin du 9/11?» «Putain tête de serviette» «Putain de stupide arabe»... Je vous épargne d’autres commentaires que je juge trop graphiques pour écrire ici.

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Il a même reçu - comme Amber Heard - de nombreuses menaces de mort. 

La police est mise au courant et enquête.

Comme le démontre une étude menée dans plusieurs villes américaines, par la New York University, il existe une corrélation entre la haine raciale qu’on déverse sur les réseaux sociaux et l’augmentation des violences religieuses et raciales en société. 

Tout ça pour un match de hockey. Et super idée d’attaquer le chat sur Instagram pour cracher son venin raciste... (#not).

Une loi contre les discours haineux?

Il y a presqu’un an, un projet de loi a été déposé au gouvernement fédéral pour modifier la Loi canadienne sur les droits de la personne.

«Le projet de loi propose de modifier la Loi canadienne sur les droits de la personne afin de définir un nouvel acte discriminatoire, à savoir la diffusion de discours haineux en ligne.»

Cela toucherait les commentaires en lien avec la race, l'origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l'âge, le sexe, l'orientation sexuelle, l'identité ou l'expression de genre. 

Au moins, il semble que nos leaders politiques sont très au fait de la haine des réseaux sociaux, qui peut entraîner des actes criminels, et savent qu'il faut absolument remédier à la situation d'un point de vue légal. 

Dans mon livre à moi, c’est criminel de menacer de viol Amber Heard parce qu’elle est une femme.

C’est aussi criminel de souhaiter la mort de Nazem Kadri parce qu’il est musulman. 

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