Guy Lafleur: le meilleur billet du Forum
Jonathan Bernier
Le décès d’un proche ou d’un ami est, évidemment, une difficile épreuve à passer. Mais, c’est également l’occasion de se remémorer de bons souvenirs. Voici quelques anecdotes que les intervenants contactés par Le Journal ont bien voulu partager avec nous à propos de Guy Lafleur.
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CHRIS NILAN
«Penses-tu que Lafleur pourrait marquer 20 buts?»
Étant originaire de Boston, quand j’étais jeune, je détestais Guy Lafleur parce qu’il battait toujours mon équipe préférée. Mais c’était un homme incroyable.
Peu de temps après mon rappel par le Canadien, alors que Guy revenait d’une blessure, l’équipe avait décrété une journée de congé. Évidemment, puisque j’étais une recrue, le congé ne s’appliquait pas à moi. Je m’étais donc retrouvé sur la glace, à Verdun, avec Guy. J’avais dû me pincer. Je ne pouvais pas croire que moi, un ti-cul de Boston de seulement 21 ans, j’étais sur la même patinoire, seul, avec l’un des plus grands joueurs de hockey de tous les temps. Ensuite, il m’avait amené dîner.
Plus tard, quand j’étais avec les Rangers, Phil Esposito, qui était directeur général, est venu me voir. Il m’a demandé : «Penses-tu que Lafleur pourrait marquer 20 buts?» Je lui ai répondu : «Assurément! Il n’y a pas de doute.» Alors, il a dit : «OK. Je vais lui faire signer un contrat.»
Il a marqué 18 buts en 67 matchs cette saison-là. S’il avait joué les 80 rencontres, c’est certain qu’il aurait atteint le plateau des 20 buts.
MARIO TREMBLAY
J’étais chanceux
Je suis arrivé avec le Canadien, à 18 ans, au même moment où il prenait son envol après ses trois premières saisons. C’est là qu’il a commencé à récolter ses saisons de 50 buts et de 100 points. Je disais à tout le monde que j’étais chanceux parce que c’est moi qui avais le meilleur billet dans le Forum pour le regarder aller.
C’est un gars qui avait constamment de la pression. Ça venait avec le fait qu’il avait été le tout premier choix. Malgré tout, qu’on joue à Philadelphie, à Boston ou n’importe où, il trouvait toujours un moyen de marquer un but ou de récolter une passe.
C’est un gars de Thurso qui est toujours resté un gars de Thurso, un gars simple. Je ne sais pas combien de tournées de balle on a faites dans toutes les régions du Québec. On est allés en Abitibi, en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine. Il aimait avoir du plaisir avec le monde.
RONALD COREY
Connu, même à Rome
En 1984, je m’en allais couvrir les Jeux olympiques de Sarajevo. J’avais une escale à Rome. Arrivé sur place, j’ai constaté que l’aéroport était totalement désert, à l’exception d’un attroupement de soldats. En posant des questions, j’ai fini par savoir qu’il y avait eu une fusillade quelques jours plus tôt. Alors, tout était paralysé. Plus aucun avion ne décollait.
À un certain moment, au loin, j’ai aperçu un attroupement de personnes. Ça gueulait fort. En raison de l’annulation des vols, les agents essayaient de replacer les passagers sur d’autres vols. C’était la cohue.
Lorsque je me suis approché, un représentant de la compagnie aérienne a remarqué que j’avais une épinglette du Canadien sur mon manteau. C’est alors qu’il m’a dit : «Hey! Montreal Canadiens, Guy Lafleur, Flower. The guy with the blond hair!»
Il m’a raconté qu’il avait déjà travaillé à Calgary et que Guy Lafleur était son joueur préféré. Disons que ça avait accéléré le processus pour me trouver un autre vol. C’était quand même fascinant de voir que Guy Lafleur était connu même en Italie. Le gars m’avait aidé à cause de Guy.