Guy Lafleur: de la dynamite contre les Bruins
Harry Sinden, ancien directeur général, se rappelle Guy Lafleur
Jean-François Chaumont
Les Islanders de New York rendaient visite au Canadien vendredi dernier. C’était le jour même de l’annonce du décès de l’illustre numéro 22 Mike Bossy. Pour le premier match à Montréal après la mort de Guy Lafleur, le hasard a fait en sorte que les Bruins de Boston seront les rivaux.
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« J’aime croire qu’il ne s’agit pas d’un hasard, a lancé Harry Sinden lors d’une entrevue au Journal de Montréal. Ça tient plus du destin de voir les Bruins jouer une rencontre à Montréal dans la foulée de la perte de Guy Lafleur.
« Nous venons de perdre deux joueurs formidables avec les décès de Mike Bossy et de Guy. »
À 89 ans, Sinden parle toujours avec aplomb et confiance. La mémoire reste toujours vive.
Tenter de ralentir Flower
Directeur général des Bruins de Boston du mois d’octobre de 1972 jusqu’au mois de novembre 2000, Sinden a souvent croisé le Canadien et Lafleur sur son chemin.
Il y a des fois où il aimerait probablement mieux ne plus se souvenir du CH des années 1970, mais il le fait avec un bonheur qui se dégageait au téléphone.
« Il était toujours dans notre plan de match. On cherchait des façons pour le ralentir, mais Guy n’écoutait jamais notre plan ! Il nous déjouait. Il finissait toujours par marquer des buts contre nous. Il a fait mal aux Bruins très souvent.
« Flower se transformait en une sorte de dynamite contre les Bruins, a-t-il continué. Il bousculait tout sur son passage. Il était rapide, il était intelligent, il était courageux et il avait un tir formidable. Il avait aussi un caractère impressionnant. Il jouait de la bonne façon, il n’avait peur de rien. »
Le fameux but de 1979
Vainqueurs de la coupe Stanley en 1970 et 1972, les Bruins ont subi l’élimination contre le Tricolore en 1977, 1978 et 1979. Les trois fois, Lafleur et ses coéquipiers avaient fini par boire du champagne dans la coupe Stanley
« J’ai revu tellement souvent le but égalisateur de Lafleur en 1979 lors du septième match contre nous, a répliqué l’Ontarien d’origine. Nous venions d’écoper d’une punition pour trop de joueurs sur la glace. C’est impossible pour moi de ne pas m’en souvenir. J’avais mal au cœur quand le CH nous battait, mais j’avais tellement de respect pour Guy et les grands joueurs de cette époque. »
Une union impossible
À l’extérieur de la glace, Sinden n’a pas eu la chance de connaître personnellement le héros natif de Thurso.
« Je l’ai croisé souvent dans des arénas et dans des événements, je le saluais et il me répondait toujours, a-t-il expliqué. Je sais qu’il était un homme avec de la classe et un homme près de son peuple. De la dynastie des années 70 du Canadien, j’ai eu la chance de bien connaître Serge Savard, j’ai développé une belle amitié avec lui. »
Lafleur a pris sa retraite une première fois le 26 novembre 1984. Le Démon blond est revenu au jeu quatre ans plus tard avec les Rangers de New York lors de la saison 1988-1989.
Sinden aurait-il songé à l’attirer avec les Bruins à Boston ?
« J’y avais pensé et j’avais posé des questions, mais il n’y avait jamais eu une discussion, a-t-il précisé. C’était une union impossible entre les Bruins et Guy. Il n’aurait jamais accepté de porter notre logo. Guy Lapointe l’avait fait à sa toute dernière saison dans la LNH et il trouvait ça étrange. Alors, je ne peux pas imaginer ce que Flower aurait ressenti. »