Guy Cloutier poursuivi aux petites créances par une présumée victime
Camille Payant
Une femme qui allègue avoir été agressée sexuellement par Guy Cloutier dans les années 1970 poursuit l'ex-impresario pour 15 000$ aux petites créances.
«Mon but n’est pas de faire du mal à personne, mon but est de me faire entendre et que justice soit faite», a indiqué d’entrée de jeu Michelle Charron, mardi matin, au palais de justice de Montréal.
Mme Charron affirme avoir été agressée sexuellement par l’ex-impresario Guy Cloutier dans une chambre d’hôtel de Montréal en 1979, alors qu’elle souhaitait percer dans le showbiz québécois.
M. Cloutier ne s’est pas présenté à l’audience. Il a plutôt fait parvenir au préalable une déclaration sous serment faisant office de témoignage, qu'il nous a été impossible de consulter.
Selon le témoignage que la dame a livré devant la cour, l'ancien gérant d’artistes québécois lui aurait payé à l'époque la location d’une chambre après un évènement médiatique.
Vers 6h du matin, a soutenu la dame, qui avait 19 ans à l'époque, il y serait entré sans avoir été invité.
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«Il s’assoit sur mon lit et il essaie de me toucher. Je lui dis: "Arrête Guy, arrête Guy". Il se déshabille, s’assoit. Il me dit: "Laisse-moi faire"», a raconté Mme Charron au juge Yves Hamel de la division des petites créances de la Cour du Québec.
Toujours selon sa version, l’ex-impresario aurait ensuite quitté la chambre après une relation sexuelle très courte et lui aurait donné 100 dollars.
Séquelles importantes
La présumée victime aurait vécu quelques années plus tard une importante dépression, qu’elle lie à l’agression, a-t-elle indiqué au juge.
Ce n’est que plusieurs années plus tard que Michelle Charron dit avoir réalisé que ce qui s’était passé dans la chambre d’hôtel était en fait une agression.
Elle a notamment fait une plainte à la police, qui n’a pas été retenue faute de preuves.
«Depuis que j’ai dénoncé Cloutier, je suis tombée dans la dépendance aux substances, j’ai fait des tentatives de suicide parce que c’est trop lourd sur mes épaules», a-t-elle indiqué en cour.
Incohérences
Le juge Hamel a toutefois fait remarquer à la demanderesse quelques incohérences dans ses différentes preuves.
L’agression se serait produite à différents moments, entre 1976 et 1981 selon la preuve consultée.
Mme Charron alléguait également dans certains documents qu’une amie était présente dans la chambre d’hôtel au moment de l’agression. Or, lors de l’audience, la présumée victime a affirmé que ce n’était finalement pas le cas, car cette amie n’avait aucun souvenir de cette nuit précise.
Le juge Hamel a pris la décision en délibéré et rendra son jugement d’ici quatre mois.
Si Guy Cloutier avait des raisons valables pour ne pas se présenter en cour lors de l’audience, il pourra également faire une demande de rétractation de jugement.
Rappelons que l’ex-impresario a été condamné à 42 mois de prison en 2005 pour agressions sexuelles sur deux victimes, dont la chanteuse Nathalie Simard.