Publicité
L'article provient de 7 jours
Culture

Guillaume Lemay-Thivierge touché de voir son fils Théodore suivre ses pas

Partager

Patrick Delisle-Crevier

2023-11-20T11:00:00Z
Partager

On se souvient qu’en 1985, le jeune Guillaume Lemay-Thivierge avait été révélé dans le film Le matou, réalisé par Jean Beaudin d’après le roman d’Yves Beauchemin. Voilà que, presque 40 ans plus tard, son fils Théodore endossera à son tour le chandail bleu, blanc, rouge de Monsieur Émile dans la comédie musicale Le Matou, qui sera présentée à partir de l’été prochain. Pour la magnifique séance photo père-fils, Théodore porte l’authentique chandail que Guillaume arborait dans le film à l’époque. Dès que le garçon l’a enfilé, une certaine magie a opéré, et il avait déjà l’allure, le jeu et le regard irrévérencieux de Monsieur Émile. Entrevue avec un papa ému et un petit garçon heureux de faire ses premiers pas sur scène.

Julien Faugère
Julien Faugère

• À lire aussi: 39 ans plus tard, le fils de Guillaume Lemay-Thivierge reprend le rôle de son père dans Le matou

• À lire aussi: Guillaume Lemay-Thivierge a été opéré

Guillaume, comment vas-tu?
Je vais très bien. Après un gros déménagement qui nous a amenés, ma petite famille et moi, à temps plein dans les Laurentides, nous voilà en ce moment en mode installation. Nous faisons de petites rénovations, nous ouvrons des boîtes et nous avons de petits projets, dont celui d’Émily de rénover la cuisine de notre maison. Moi, je suis dans les réalisations plus extérieures. Quand je termine un mandat d’envergure comme Chanteurs masqués ou Si on s’aimait, j’adore avoir du temps pour faire plein de choses qui me passionnent. En ce moment, j’ai un plan de développement d’une terre et je rêve à plein de choses un peu folles, dont mon projet de spectacle sur l’œuvre d’Yvon Deschamps. J’ai aussi une mission importante, qui est d’aider mon fils Théodore à se préparer pour jouer Monsieur Émile. 

Publicité

Ça te fait quoi de voir ton plus jeune fils, Théodore, enfiler le chandail de Monsieur Émile?
Ça me touche énormément, et pour deux raisons. La première, c’est que mon enfant va vivre quelque chose que j’ai moi-même déjà vécu et qui a été si marquant pour moi. La deuxième, c’est que je comprends mieux ce que mon père a fait avec moi, et ça me rend très émotif. Je vois tout l’amour qu’il a eu pour son enfant et la protection qu’il a mise de l’avant lors de cette aventure. Mon père a imposé le respect au réalisateur et au producteur alors que son petit garçon commençait dans ce milieu. Me voilà aujourd’hui à mon tour à préparer le terrain pour Théodore et à parler au metteur en scène. Je comprends maintenant cette position fort importante. Il y a une réflexion à avoir en tant que parent sur la façon dont notre enfant va se retrouver dans cet univers sans que ça le brime, l’écœure ou lui enfle la tête. Il faut aussi voir comment il va arrimer ça avec l’école. Toutes ces questions me sont venues à l’esprit. 

Mais s’il y a une personne au monde qui sait ce que c’est, c’est bien toi, Guillaume...
Oui, et je vais être présent. Et ça me rassure aussi qu’Émily soit sur scène, puisqu’elle va jouer le personnage de Loretta, la mère de Monsieur Émile, qui était brillamment incarné par Johanne Fontaine dans le film. Je veux pouvoir être là comme un second coach pour Théodore. Je ne suis pas le metteur en scène puisque c’est Joël Legendre, mais je veux appuyer celui-ci et aider mon fils dans la préparation de ce spectacle. Je vais aussi sûrement proposer des choses à Joël, car je connais les forces de Théodore et je sais dans quoi il est capable de bien puncher.      

Publicité

Tu as joué dans le film Le matou, mais ton fils, lui, va se retrouver sur scène devant un public chaque soir. Est-ce que ça t’angoisse?
Oui, c’est certain qu’il y a une pression supplémentaire et que c’est plus angoissant parce qu’il va devoir chanter, danser et jouer devant un public. Cela peut être intimidant. Mais, de tous mes enfants, c’est Théodore qui a montré le plus jeune un fort intérêt pour ce genre de choses. Ma fille Charlie joue, mais elle n’avait pas le désir de monter sur scène pour faire un spectacle. Théodore en mange, de ce métier, même que, lorsqu’il m’accompagne sur un plateau à TVA, il souhaite toujours faire une petite apparition devant les caméras pour dire bonjour aux gens. Il a du plaisir à être sur scène, et ça lui vient naturellement. Je veux aussi lui montrer le plaisir de jouer devant les gens. Il s’agit de son premier rôle, et c’est tout un défi pour un enfant.

Photo : Julien Faugere / TVA Publications
Photo : Julien Faugere / TVA Publications

• À lire aussi: Guillaume Lemay-Thivierge et Émily Bégin célèbrent leur 1er anniversaire de mariage

Avez-vous commencé à répéter ensemble?
Non, pas encore, mais j’ai commencé à lui montrer certaines scènes du film afin de lui faire découvrir le personnage de Monsieur Émile. Je constate que Théodore a une bonne mémoire et que c’est un «naturel». Il a un don par rapport à la musique et il chante déjà juste. Comme il ne sait pas encore lire, je vais lui faire apprendre les textes comme mon père le faisait avec moi à l’époque.

Publicité

As-tu eu des doutes lorsque cette proposition d’audition est arrivée?
Oui, un peu, mais je n’ai pas hésité longtemps. En fait, Émily a d’abord été approchée pour le rôle de Loretta. Dans le film, il n’y a aucune scène entre Monsieur Émile et sa maman, puisqu’elle passe son temps à le chercher. Je n’ai donc jamais donné la réplique à Johanne Fontaine. J’espère vraiment qu’il y aura au moins une scène entre Monsieur Émile et sa mère, car ce sera magique de voir Émily et Théodore jouer ensemble dans la version scénique du Matou. Il faut qu’il y ait une scène entre les deux. Pour revenir avec l’hésitation, quand Émily a été approchée pour le rôle, Théodore était trop jeune. Mais finalement, entre la préproduction et maintenant, Théodore a presque atteint l’âge que j’avais quand j’ai joué Monsieur Émile. Entre-temps, nous l’avons emmené voir quelques spectacles, des comédies musicales, et il a aussi vu Émily sur scène. Mon fils comprend donc cet univers et il a envie de vivre ça. Je trouve que c’est une belle opportunité, ne serait-ce que pour jouer sur scène avec sa mère.

Quel souvenir gardes-tu de ton père, François, avec toi sur le plateau du film?
Je me souviens que mon père faisait nos horaires d’arrivée le matin. Par exemple, quand le producteur disait qu’il fallait être là à 6 h 30, et qu’on partait des Laurentides, il me ramassait le matin dans une grosse couverture et il me couchait dans la voiture afin de me laisser dormir. Il me disait à l’oreille: «Si les gens te demandent comment ça se fait que tu arrives en retard, tu diras qu’on a eu des problèmes avec les essuie-glaces.» Nous arrivions donc parfois à 8 h 30 sur le plateau et je racontais que mon père avait eu un pépin avec sa voiture. Il n’était pas question pour mon père de réveiller son fils à quatre heures du matin. 

Publicité
Julien Faugère
Julien Faugère

• À lire aussi: Guillaume Lemay-Thivierge avoue que l’émission Si on s’aimait l’a grandement aidé dans son couple

Le matou a-t-il été ton premier rôle important?
C’est celui qui a été marquant, mais j’avais joué dans un film qui avait pour titre Les années de rêves, de Jean-Claude Labrecque, avec Gilbert Sicotte. L’histoire se déroulait pendant la crise d’Octobre et mon personnage, une bombe lui explosait en plein visage! J’ai aussi joué dans le dernier film de Claude Jutras, La dame en couleur, qui se déroulait dans un orphelinat. Donc, quand je suis arrivé sur le plateau du film Le matou, j’avais un peu d’expérience. 

Quand as-tu eu envie de faire ce métier?
Mon frère Vincent avait joué dans une publicité de détergent, et je me souviens qu’on se garrochait devant la télévision en criant: «C’est Vincent!» J’ai eu envie de faire ça, moi aussi, et un peu plus tard, j’ai décroché un rôle dans une publicité de McDonald’s. J’ai adoré faire ça et je voulais juste en faire plus. Ensuite, j’ai passé plein d’auditions, dont celle pour le rôle de Monsieur Émile dans Le matou. Je me souviens aussi que mon père m’emmenait voir des films au cinéma Berri, à Montréal, et ça me fascinait. Je voulais jouer dans La guerre des étoiles ou dans Retour vers le futur

Quels souvenirs gardes-tu de ce tournage?
De très bons souvenirs, puisque j’étais entouré d’adultes très gentils qui prenaient soin de moi. Je me souviens même de Serge Dupire, qui m’avait emmené chez lui, et de Monique Spaziani, qui m’avait aussi invité chez elle. C’est comme si ces deux-là m’avaient adopté, et c’était agréable. Je me souviens aussi du réalisateur, Jean Beaudin, qui était très dur avec son équipe et qui parlait fort par moments, mais il était toujours gentil et doux avec moi. Je me souviens aussi de mon père, qui était toujours avec moi sur le plateau. Je n’ai que de beaux souvenirs de ce tournage, et j’avais même mon petit lit juste à moi pour me reposer.

Publicité
Photo : Julien Faugere / TVA Publications
Photo : Julien Faugere / TVA Publications

• À lire aussi: Émily Bégin fond en larmes pendant son 10e déménagement

Est-ce qu’avoir le tournage et l’école en même temps a été difficile?
Non, parce que je n’allais plus à l’école. Ma mère, qui était orthopédagogue, nous enseignait à la maison. Quand je tournais, elle voulait que je me consacre pleinement au tournage. Pas question de me donner des leçons alors que j’en avais plein les bras avec un tournage.

Cette période a-t-elle été marquante pour toi?
Oui, très, parce que le film, c’était énorme, et la publicité qui venait avec l’était encore plus. J’ai alors commencé à être reconnu dans la rue; c’était le début de la popularité. Je me souviens que nous étions en première page du Journal de Québec et que nous faisions beaucoup de promotion. C’était de la folie. Puis il y a eu la chanson Le rap du matou gymnaste, et j’étais invité partout à la télévision et dans les galas; ça roulait, mon affaire!     

As-tu eu l’impression de te perdre là-dedans à un certain moment?
Oui, c’est certain que c’est arrivé, mais j’étais très jeune quand ça s’est passé et je me suis aussi repris très jeune. Mais je me souviens qu’à un certain moment, j’avais perdu le contrôle. Je me suis entendu récemment dans des entrevues de l’époque et ça m’a rappelé que j’avais, du haut de mes huit ans, beaucoup trop d’assurance. Il y a eu un bout où j’étais un petit crisse. Je n’étais pas méchant, mais j’étais baveux. Si quelque chose ne faisait pas mon affaire, je le disais haut et fort. J’avais de l’assurance et un peu la grosse tête, et cela me rendait insolent. Puis un jour, mon père m’a amené à être porte-parole pour l’UNICEF et nous sommes allés en Afrique. Cela a tout changé. Au retour, j’ai demandé à mon père comment j’allais faire pour aider ces gens, et il m’a répondu: «Plus tu vas être connu, plus les gens vont t’écouter, et tu as juste à bien choisir ce que tu vas leur dire.» Ça a résonné fort en moi.

Publicité

Quelles similitudes vois-tu entre Théodore et toi à cet âge?
Comme moi, il aime faire rire et puncher. Il a de la vivacité d’esprit et il comprend les choses rapidement. La différence va se jouer sur le plan parental, parce que moi je sais exactement dans quoi nous sommes en train de nous embarquer, alors que c’était un terrain inconnu pour mon père. Théodore est un petit garçon qui a été élevé de façon encore plus douce que je l’ai été. C’était doux chez moi aussi, mais notre milieu de vie était beaucoup plus marginal et, aujourd’hui encore, cette marginalité m’accompagne dans ma vie.

Julien Faugère
Julien Faugère

Il y a eu une période, quand tu étais adolescent, où on te voyait moins. As-tu trouvé ça difficile?
Oui, ç’a été difficile. En même temps, j’éprouvais un certain soulagement d’être un ado normal qui pouvait passer du temps avec ses amis. Durant cette période, mon père nous faisait faire des spectacles de gymnastique, à mon frère et à moi. J’avais entre 16 et 19 ans. Je faisais aussi des petits boulots, comme déglacer des toits pour gagner ma vie. Je passais des auditions, mais ça ne marchait pas. Mais j’étais content de cette période.

En ce moment, j’ai l’impression que tu ressens le besoin de passer plus de temps à la maison et moins au travail...
C’est vrai. J’ai tellement travaillé dans ma vie et j’ai tellement couru: des rôles, des animations, des enfants, une école de parachute, des séparations, des déménagements, les médias... On dirait que j’arrive à un âge où j’ai envie de choisir dans quoi je vais m’étourdir. Je n’ai plus envie de travailler autant.

Publicité

Tu me parlais plus tôt d’un projet sur l’œuvre d’Yvon Deschamps. Peux-tu m’en dire plus?
Je l’ai approché il y a presque cinq ans parce que je voulais faire quelque chose avec son œuvre et l’amener sur scène. J’ai longtemps cherché le bon angle et j’ai même fait un workshop (atelier pour échanger sur un projet) avec Robert Lepage sur les monologues pour voir comment mettre en valeur le matériel d’Yvon Deschamps pour qu’il soit au goût du jour, mais aussi intemporel. Finalement, je pense que nous avons trouvé la formule et nous sommes actuellement dans le processus de création. Nous visons une première au printemps 2025.

Ça fait un petit bout qu’on ne t’a pas vu en tant que comédien. Cette pause est-elle volontaire?
J’aime beaucoup faire de l’animation, et ça occupe une bonne partie de mon temps, mais c’est certain que j’aime jouer et j’ai le plaisir de pouvoir choisir les projets sur lesquels je travaille. J’ai fait une petite apparition dans la série Le bonheur, sinon j’ai lu dernièrement le scénario d’un film qui me tente, tout comme l’adaptation en série télé d’un roman dont l’histoire me parle. Il faut que ce soit quelque chose qui me fait vibrer. 

Et avoir 50 ans, ça te fait quoi?
Je suis bien en ce moment, je suis heureux dans ma vie. Bon, j’ai eu une petite opération pour me faire replacer une épaule, mais rien de grave. Je dois me calmer, le temps de rebâtir mon corps. Ça me fait du bien de me calmer, parce que moi, quand je suis calme, je suis à peu près à la même vitesse que les gens normaux.

Publicité
Alliance
Alliance

Qu’est-ce qu’il te reste à jouer, Guillaume?
J’aimerais jouer quelqu’un qui est plus près de moi. J’ai joué beaucoup de personnages différents, mais qui étaient somme toute très loin de moi. Là, j’ai envie de jouer sur des cordes différentes. J’aimerais aussi jouer un personnage qui est riche philosophiquement parlant. 

En terminant, qu’aimerais-tu inculquer à ton fils Théodore face au métier?
Je souhaite lui éviter de penser que la vie se passe dans cet univers-là. Ta vie se passe dans ta vie, et le métier et le jeu ne sont qu’une facette de la vie. Quand la caméra s’arrête, il faut arrêter de jouer. Je me souviens d’avoir eu le côté «petit crisse» de Monsieur Émile longtemps collé à la peau et je veux éviter ça à mon fils.      

La comédie musicale Le Matou sera présentée à l’été 2024 à Sherbrooke et à Gatineau, puis en tournée partout au Québec dès l’automne. Les billets sont en vente maintenant.
Chanteurs masqués, dimanche 18 h 30, à TVA.
Si on s’aimait, du lundi au jeudi, 19 h 30, à TVA.
La saison 2 d’Avec pas de plan sera présentée en janvier sur Vrai.

À VOIR AUSSI: Le mariage de Émily Bégin et Guillaume Lemay-Thivierge

Publicité
Publicité