Débat jeunesse: les libéraux de nouveau attaqués sur leur bilan environnemental
Andrea Lubeck
Steven Guilbeault a de nouveau dû défendre, hier soir, le bilan environnemental de son gouvernement lors du débat organisé par l’organisme Force Jeunesse.
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Identifiée comme l’un des enjeux qui interpellent le plus les jeunes, la question environnementale a été au cœur des échanges. Le ministre sortant du Patrimoine canadien a notamment dû s’expliquer sur la hausse des émissions de gaz à effet de serre au pays et sur les subventions de 18 milliards $ à l’industrie pétrolière.
Pour ce débat jeunesse, M. Guilbeault faisait face à Steve Shanahan, du Parti conservateur du Canada (PCC), à Ève Péclet, candidate du Nouveau Parti démocratique (NPD) et à Shophika Vaithyanathasarma, représentant le Bloc québécois.
Seuls les partis qui comptent au moins un élu au Québec étaient invités au débat, ce qui veut dire que le Parti vert du Canada (PVC) et le Parti populaire du Canada (PPC) n’y étaient pas représentés.
«Les libéraux ont peut-être le meilleur plan environnemental, mais quand vient le temps de le réaliser, on ne peut pas faire confiance à MM. Trudeau et Guilbeault», a lancé Steve Shanahan, candidat conservateur dans Ville-Marie–Le Sud-Ouest–Île-des-Sœurs.
«C’est vrai», a-t-il admis à propos du bilan environnemental, ajoutant cependant que les subventions ont diminué de 3 milliards $ par année depuis 2018. «On investit deux fois plus dans les énergies vertes que dans les énergies fossiles.»
Il a par ailleurs affirmé que les libéraux sont ceux qui «en ont fait le plus pour l’environnement», et que c’est la raison pour laquelle il s’est rallié à eux. Si réélu, son parti plafonnerait les émissions de gaz à effet de serre des industries pétrolières aux niveaux actuels.
La candidate bloquiste a quant à elle réitéré la volonté de sa formation politique à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles, à refuser tout nouveau projet de transport de pétrole interprovincial et à arrêter le projet d’élargissement de l’oléoduc TransMountain.
À l’instar du Bloc, le NPD souhaite abolir les subventions à l’industrie pétrolière. Le parti souhaite investir dans la transition énergétique et dans la formation des travailleurs du secteur des énergies fossiles pour les rediriger vers le secteur des énergies renouvelables.
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«Il faut revoir la façon dont on voit l’économie, a mentionné la candidate néo-démocrate. On veut une transition juste et verte. On doit aussi revoir la façon d’interagir avec nos communautés.»
Steve Shanahan a rappelé la promesse des conservateurs d’atteindre les cibles de l’Accord de Paris, sans préciser lesquelles. Le candidat a finalement défendu le programme de son parti, qualifié de peu ambitieux par ses adversaires. Il a affirmé qu’il s’agissait sans doute de celui qui est le plus réalisable.
La PCRE divise
La Prestation canadienne de la relance économique (PCRE), cette aide d’urgence créée dans le cadre de la pandémie, a également été abordée lors du débat. Les quatre candidats se sont divisés en deux camps: ceux qui souhaitent y mettre fin et ceux qui préfèrent la garder.
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Le NPD et le Parti libéral ont indiqué vouloir la maintenir, soulignant qu’elle était nécessaire pour la relance de l’économie et pour le soutien des Canadiens.
«On a été un gouvernement interventionniste pour remettre l’économie sur les rails, a insisté Steven Guilbeault. Le gouvernement doit continuer d’investir jusqu’à ce que tout le monde soit sur les rails, en continuant de soutenir les organisations et les individus.»
Le Bloc québécois et le Parti conservateur veulent, quant à eux, y mettre fin. «Ça fait quelques mois qu’on aurait dû couper la PCRE. Si on veut que nos entreprises fassent de l’argent, il faut que leurs employés retournent travailler», a indiqué le candidat conservateur.
«Il ne faut pas oublier que la PCRE crée une énorme dette que la jeunesse va devoir payer, a affirmé la candidate bloquiste, Shophika Vaithyanathasarma. Nous ne sommes pas en faveur de son abolition absolue, mais on devrait la maintenir que pour certains secteurs, comme le secteur culturel et l’aéronautique.»
Inciter les jeunes à s’intéresser à la politique
Avec ce débat, Force Jeunesse veut intéresser les jeunes à la politique en invitant les politiciens à se prononcer sur des enjeux qui touchent directement les 18 à 35 ans.
«Quand on écoute les nouvelles ou lorsque les candidats font des discours, c’est rare qu’on s’intéresse aux jeunes. Ils ont l’impression qu’on ne les écoute pas et se désintéressent donc de la politique. On travaille aussi à faire sortir le vote des jeunes», a soutenu Simon Telles, président de l’organisme transpartisan qui vise à défendre les droits et intérêts des jeunes sur le marché du travail.
Il dit tout de même remarquer une progression de la participation et de l’implication des jeunes dans la politique.
«Je pense que la dernière année et demie y est pour quelque chose. Même si les jeunes n’étaient pas les plus malades, ils sont parmi les plus importantes victimes collatérales de la COVID-19. Ils ont donc vraiment compris l’importance que peuvent avoir les politiques d’un gouvernement sur leur quotidien et ont décidé de participer, non seulement dans la politique, mais aussi dans leur communauté», a-t-il indiqué en marge de l’événement.