La Chine réplique: des contre-tarifs haussés à 125% sur les produits américains
AFP
La Chine a annoncé vendredi porter ses surtaxes douanières sur les produits américains à 125%, une nouvelle escalade dans la guerre commerciale qui l’oppose aux États-Unis et qui continue de faire tanguer les marchés mondiaux.
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«L’imposition par les États-Unis de droits de douane anormalement élevés à la Chine constitue une violation grave des règles du commerce international», a affirmé la Commission des droits de douane du Conseil des affaires d’État, qui déplore une pratique «unilatérale d’intimidation et de coercition», selon un communiqué publié vendredi par le ministère chinois des Finances.
L’incertitude générée par la politique de Donald Trump continue de faire plonger le dollar, qui a touché vendredi un plus bas face à l’euro en plus de trois ans.
Les marchés boursiers européens, qui avaient été les seuls à résister jeudi, sont repartis dans le rouge après les annonces de Pékin. À Paris, le CAC 40 reculait de 1,1%, la Bourse de Francfort reculait de 1,6%, celle de Londres de 0,4% et celle de Milan de 1,5% aux alentours de 9h GMT.
Dans le sillage de New York la veille, l’indice vedette Nikkei de la Bourse de Tokyo a, lui, terminé la semaine en repli de 2,95%.
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«Résister ensemble»
Mercredi, Donald Trump a annoncé le gel pour 90 jours des surtaxes punitives qu’il venait d’imposer à 60 partenaires commerciaux, le temps de boucler des négociations avec Washington.
Néanmoins, les États-Unis maintiennent depuis début avril des taux planchers de 10% et des surtaxes douanières de 25% sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment contre l’UE.
La Chine, elle, a été finalement frappée par une surtaxe monumentale à 145%.
Lors d’une rencontre vendredi avec le premier ministre espagnol, Pedro Sanchez, le président chinois Xi Jinping a appelé l’Union européenne à «résister ensemble» face à la guerre commerciale de Donald Trump.
«La Chine et l’UE doivent assumer leurs responsabilités internationales, protéger conjointement la mondialisation économique et l’environnement commercial international et résister ensemble à toute coercition unilatérale», a lancé Xi Jinping à Pékin.
À l’issue de cette rencontre, le premier ministre espagnol a indiqué devant la presse que «l’Espagne et l’Europe ont un déficit commercial important avec la Chine que nous devons nous efforcer de rectifier». Mais «nous ne devons pas laisser les tensions commerciales entraver le potentiel de croissance des relations [...] entre la Chine et l’UE», a-t-il ajouté.
Nouvelle hausse ignorée
La Chine a d’ailleurs affirmé qu’elle «ignorera» désormais toute nouvelle hausse des droits de douane par les États-Unis, après avoir répliqué à la surenchère tarifaire de l’administration Trump par sa propre surtaxe de 125% sur les produits américains.
«Comme à ce niveau de tarifs, les produits américains exportés vers la Chine n’ont plus aucune possibilité d’être acceptés sur le marché», si Washington continue d’augmenter ses droits de douane, «la Chine l’ignorera», a déclaré la Commission des droits de douane du gouvernement, dans un communiqué publié par le ministère des Finances.
«Très intelligent»
Le président français Emmanuel Macron a prévenu vendredi sur X que le rabaissement des droits de douane américains à 10% était «une pause fragile». «Avec la Commission européenne, nous devons nous montrer forts: l’Europe doit continuer de travailler sur toutes les contre-mesures nécessaires», a-t-il ajouté.
Dans l’immédiat, l’UE a suspendu sa riposte, ce que Donald Trump a jugé «très intelligent». Mais si les discussions avec les États-Unis échouent, la Commission européenne pourrait taxer les géants américains de la tech, a menacé sa présidente, Ursula von der Leyen.
«Il existe un large éventail de contre-mesures», a-t-elle indiqué dans le Financial Times, citant «une taxe sur les revenus publicitaires des services numériques» et le recours à l’«instrument anticoercition», surnommé «bazooka» et pensé comme un outil de dissuasion.
D’autres pays asiatiques – dépendants de leurs exportations vers les États-Unis – font profil bas. À l’instar du Vietnam et du Cambodge, producteurs de textiles et membres de l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN), qui a dit qu’elle ne prendrait pas de mesures de rétorsion.
Donald Trump s’est montré serein jeudi en jugeant que «la transition aura un coût et posera des problèmes» mais qu’en fin de compte, «ça sera une bonne chose». Le président américain a encore menacé jeudi soir le Mexique de nouveaux droits de douane.
Son ministre des Finances, Scott Bessent, a affirmé de son côté ne «rien» voir d’«inhabituel aujourd’hui» sur les marchés, alors que des élus démocrates ont estimé que le président républicain les avait peut-être illégalement manipulés en encourageant l’achat d’actions juste avant sa volte-face, mercredi.