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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Guerre commerciale: le fabricant de meubles québécois South Shore abolit une centaine d’emplois

Le maire de Ste-Croix demande au gouvernement Legault de réduire la TVQ sur les produits d'ici

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Mathieu Boulay et Louis Deschênes

2025-02-05T15:58:59Z
2025-02-05T22:09:12Z
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Malgré le sursis obtenu par le Canada pour les tarifs douaniers de l’administration Trump, un fabricant de meubles a décidé de procéder à une restructuration majeure de ses effectifs dans laquelle une centaine de postes ont été abolis.

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L’entreprise South Shore, dont 70% du chiffre d’affaires est concentré aux États-Unis, a annoncé qu’elle abolissait 97 emplois à son siège social et à l’usine de Sainte-Croix, dans Lotbinière, en plus de 18 autres à son usine de Coaticook, en Estrie.

L’annonce a suscité la consternation à Sainte-Croix, une municipalité de 2628 habitants.

En fin d'après-midi mercredi, des travailleurs du quart de soir faisaient leur entrée à l'usine pour assister à une réunion spéciale des dirigeants de South Shore.

«Ils nous ont appuyé pendant des années, mais avec ce qui se passe à l'autre bout avec Trump...», a lancé un employé pour expliquer la situation malheureuse.

«Du jour au lendemain, tu tombes sur le chômage, ce n'est pas évident», a confié un autre travailleur dans sa voiture.

L’usine de South Shore à Sainte-Croix, dans Lotbinière.
L’usine de South Shore à Sainte-Croix, dans Lotbinière. Photo Louis Deschênes
«Ce n'est pas le temps des comités»

Solidaire, le maire de Sainte-Croix, Stéphane Dion, a dit espérer que le gouvernement aide les travailleurs à dénicher un nouvel emploi, même s'il est confiant de voir l'entreprise se relever.

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Il demande aussi au premier ministre François Legault de prendre des actions très rapidement en annonçant ses couleurs dès jeudi, lors de sa visite à Saint-Georges, en Beauce.

«Ce n'est pas le temps des comités, il faut des mesures concrètes», a lancé M. Dion.

Stéphane Dion
Stéphane Dion Photo Municipalité de Sainte-Croix

L'élu propose même à M. Legault de baisser la TVQ sur les produits québécois et canadiens.

«Cet argent va retourner dans l'économie du Québec», a-t-il noté.

Les employés, qui seront en poste et rémunérés encore huit semaines, ont été avisés de cette décision crève-cœur mercredi.

«L’entreprise procède à une vague de compressions en vue de s’ajuster au contexte d’affaires plombé par la politique tarifaire américaine, est-il mentionné dans un communiqué. South Shore appelle les consommateurs à se tourner massivement vers les produits canadiens pour faire face collectivement à cette situation inédite.»

Le PDG de South Shore Jean Laflamme
Le PDG de South Shore Jean Laflamme "Photo fournie par Meubles South Shore"

«La menace répétée à plusieurs reprises depuis des mois par la nouvelle administration américaine d’imposer des tarifs au Canada a provoqué une hausse importante des importations de produits asiatiques par les géants américains, affectant directement les ventes des produits de South Shore auprès de ses distributeurs du Sud», est-il ajouté.

Citoyens bouleversés

Dans les commerces de Sainte-Croix, l'émotion était palpable mercredi.

«C’est d’une grande tristesse. Nous avions des employés qui sont des clients ici. Nous sommes de tout cœur avec eux», souligne Mélanie Gendron, une employée de la quincaillerie du coin.

Une autre dame rencontrée s’inquiétait pour le sort d’un couple licencié mercredi.

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«Eux autres, ils perdent les deux leur emploi du même coup. C’est épouvantable, en plus avec le contexte économique», confie France Barron.

Des citoyens ont indiqué au Journal que l’entreprise avait démontré une certaine fragilité dans les dernières années.

«Avec tout ce qui se passe présentement avec les tarifs douaniers, c’est comme le dernier coup qui les a mis à terre», analyse un ancien travailleur-étudiant de l’usine qui a voulu taire son nom.

Meubles South Shore, qui a été fondé en 1940, célèbre ses 85 ans d’existence cette année. 

Un visionnaire

En 2022, South Shore comptait plus de 1000 employés. Grâce à la vision de son PDG Jean Laflamme, cette entreprise québécoise a été une pionnière de la vente de meubles en ligne au tournant des années 2000, avant même le géant suédois IKEA.

Durant la pandémie, South Shore avait soutenu ses 1000 employés en payant 100% de leur salaire pendant trois mois avant même que le soutien gouvernemental soit annoncé. Pour M. Laflamme, ils ont toujours été une priorité.

«Pour se développer, les gens doivent se sentir appuyés. Leur bien-être doit être pris en compte dans la croissance de l’entreprise, avait mentionné le père de quatre enfants en 2022 au Journal. En plaçant les gens au centre des valeurs de l’entreprise, ils prennent le lead de ce qu’il y a à faire.»

Meubles South Shore

  • Fondateur: Eugène Laflamme
  • Employés: 1000
  • Lieu du siège social: Sainte-Croix
  • Année de fondation: 1940
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