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L'article provient de Le Journal de Montréal
Monde

Copenhague hausse le ton contre la venue de responsables américains au Groenland

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen
La Première ministre danoise, Mette Frederiksen AFP
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AFP

25 mars à 7h25
25 mars à 8h35
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La prochaine visite au Groenland de responsables américains, dont le conseiller à la sécurité nationale, met une « pression inacceptable » sur le royaume du Danemark, dont fait partie le territoire autonome convoité par Donald Trump, a dénoncé mardi la première ministre danoise.

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Le conseiller à la sécurité nationale Mike Waltz se rendra cette semaine au Groenland, selon le chef de gouvernement groenlandais sortant Mute Egede, ainsi que le ministre de l’Energie Chris Wright, d’après la presse américaine.

Usha Vance, l’épouse du vice-président américain JD Vance, y sera en déplacement de jeudi à samedi avec une délégation pour assister à une course nationale de chiens de traîneau à Sisimiut, sur la côte nord-ouest.

Cette course a été largement commanditée par le consulat américain à Nuuk, d’après la presse locale.

Annoncées comme privées, ces visites ont déclenché l’ire des responsables politiques danois et groenlandais.

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« On ne peut pas organiser une visite privée avec des représentants officiels d’un autre pays », a dit la cheffe du gouvernement danois Mette Frederiksen à la presse.

« La pression exercée sur le Groenland et le Danemark dans cette situation est inacceptable. Et c’est une pression à laquelle nous allons résister », a-t-elle ajouté, soulignant avoir le soutien de ses alliés à travers l’Europe.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Richard Martineau, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

– Attente d’un nouveau gouvernement —

Le Groenland est actuellement dans l’attente d’un gouvernement après la tenue d’élections législatives le 11 mars qui ont vu la victoire du centre droit.

Sur Facebook, le gouvernement sortant a rappelé n’avoir « envoyé aucune invitation pour des visites, qu’elles soient privées ou officielles ».

« Le gouvernement actuel est un gouvernement de transition dans l’attente de la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale, et nous avons demandé à tous les pays de respecter ce processus », est-il écrit.

« Aucun membre du système officiel groenlandais n’a invité ces soi-disant touristes », a insisté auprès de l’AFP la députée Aaja Chemnitz, qui représente le Groenland au Parlement danois.

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Le président Trump, qui ne cesse de répéter son souhait d’annexer le Groenland, a de son côté assuré que la visite répondait à « l’appel » de « nombreuses personnes du Groenland qui aimeraient que quelque chose se passe pour qu’il soit correctement protégé et que l’on s’en occupe correctement ».

Les États-Unis ont une base aérienne à Pituffik, que la délégation devrait visiter, bien qu’aucun programme n’a été rendu public.

« Nous sommes des alliés, nous avons un accord de défense sur le Groenland qui remonte à 1951 », a rappelé Mme Frederiksen. « Rien n’indique, ni au Danemark ni au Groenland, que nous ne voulons pas coopérer avec les Américains ».

Depuis décembre et les premières annonces de Trump sur son intention d’acquérir l’immense île arctique, sa classe politique a souligné qu’elle n’était pas à vendre, mais « ouverte aux affaires ».

Dans un sondage réalisé fin janvier, la population groenlandaise s’est dite massivement opposée à l’idée d’un rattachement à Washington.

« À Sisimiut (où a lieu la course de chiens), ils seront accueillis par une manifestation, que je soutiens. Ils auraient dû y réfléchir à deux fois », a souligné Mme Chemnitz.

Dans cette ville de quelque 5 500 habitants — la deuxième du territoire — les habitants sont invités à tourner le dos au cortège américain, a expliqué au quotidien local Sermitsiaq l’un des organisateurs.

« C’est notre façon de montrer que nous ne sommes pas d’accord avec leur présence et leur manière de faire », a expliqué Per Nørgård.

Territoire grand comme quatre fois la France, le Groenland attise les convoitises sur ses supposées richesses minérales, très largement inexploitées.

Le gouvernement sortant avait introduit une législation interdisant l’extraction de produits radioactifs. La prospection pétrolière a elle aussi été suspendue. Soutenues par la population, ces deux interdictions ne devraient pas être remises en cause.

Quant au nouveau gouvernement, les analystes ne se risquent pas à prévoir sa formation. Des négociations sont en cours sont la houlette du vainqueur du scrutin, les Démocrates.

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