Greta Thunberg n’ira pas à la COP27
Andrea Lubeck
Les conférences des Nations unies sur les changements climatiques (COP) sont devenues des machines à greenwashing et c’est entre autres pourquoi Greta Thunberg ne participera pas à la COP27, qui s’ouvre la semaine prochaine à Charm el-Cheikh, en Égypte.
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«Je n’irai pas à la COP27 pour plusieurs raisons, mais l’espace pour la société civile cette année est extrêmement limité», a fait valoir la militante suédoise lors d’une séance de questions-réponses pour le lancement de son Grand livre du climat, dimanche.
«Il est important de laisser de la place à ceux qui doivent être présents. Il sera difficile pour les militants de faire entendre leur voix», a poursuivi celle qui avait participé à de nombreuses manifestations durant la COP26, qui s’était déroulée à Glasgow, au Royaume-Uni, l’année dernière.
C’est que les manifestations publiques sont interdites en Égypte. Les accréditations et badges de présence accordés aux militants ont aussi été limités. Cela a d’ailleurs été un point de discorde lors de l’organisation des précédentes COP.
Elle dénonce également que la conférence internationale sur le climat se déroule «dans un paradis touristique, dans un pays qui viole de nombreux droits de l’homme fondamentaux». Sur Twitter, elle avait déjà exprimé sa solidarité avec «les prisonniers de conscience en Égypte avant la COP27».
We stand in solidarity with prisoners of conscience in Egypt & joined @copcivicspace petition urging Egypt to open civic space and release everyone arbitrarily detained ahead of #COP27
— Greta Thunberg (@GretaThunberg) October 20, 2022
Sign the petition urging @AlsisiOfficial @Cop27P to #FreeThemAllhttps://t.co/07ElEovDpy
«Les COP ne fonctionnent pas vraiment»
Les COP «ne sont pas vraiment destinées à changer le système», mais à encourager des progrès graduels devenus vains au regard de l’urgence climatique, a argumenté la militante de 19 ans.
D’après elle, ces conférences sont devenues des machines à écoblanchiment (greenwashing) utilisées par les dirigeants et les gens au pouvoir, des opérations de communications pour prétendre qu’ils agissent en faveur du climat quand ce n’est pas le cas.
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«Telles qu’elles sont, les COP ne fonctionnent pas vraiment, à moins qu’on les utilise comme une opportunité pour mobiliser», a poursuivi Greta Thunberg.
En juin dernier, le célèbre environnementaliste David Suzuki avait aussi annoncé son boycottage de la COP27, jugeant que l’organisation accorde une place plus importante à l’industrie pétrolière qu’à n’importe quel autre groupe.
Besoin de milliards d’activistes
«Le temps des petits pas est révolu et nous avons besoin de changements drastiques» et selon elle, pour obtenir l’aide de dirigeants d’entreprises ou de gouvernements qui ont intérêt au statu quo, «nous avons besoin de milliards d’activistes».
Dimanche, la Suédoise de 19 ans a raconté ne jamais avoir imaginé qu’elle allait démarrer un mouvement planétaire: «une chose a mené à une autre», a-t-elle souri.
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Elle se souvient avoir commencé à manifester devant le parlement suédois en 2018, car elle était «trop timide et autiste» pour intégrer les ONG existantes. «Et ça a marché mieux que j’aurais pensé!»
Sourire en coin, elle dit avoir «vraiment beaucoup aimé déranger à ce point des gens», notamment les personnes au pouvoir, «ou qui l’étaient», comme Donald Trump, l’ex-président américain qui l’a critiquée à de nombreuses reprises.
— Avec des informations de Reuters, Le Figaro et The Guardian