Greenwashing? Les bouteilles d'eau Green Bottle sous la loupe


Élizabeth Ménard
Quand une entreprise appuie trop fort sur l’aspect «vert», «écoresponsable» ou «naturel» du produit ou service qu’elle vend, il faut se poser des questions. On a identifié trois cas de marketing qui nous ont fait sourciller et on a demandé à une spécialiste de nous aider à trancher. S’agit-il de greenwashing? Voici ses conclusions
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Les bouteilles d'eau Green Bottle d'Ice River
La compagnie ontarienne Ice River produit des bouteilles à partir de plastique 100% recyclé qu’elle commercialise sous le nom « Green Bottle ». Peut-on en conclure que leurs bouteilles n’ont pas d’impact négatif sur l’environnement? Pas du tout. Est-ce un cas évident de greenwashing? Pas pour autant. Des nuances s’imposent.
Notre experte en marketing environnemental Élyse Arcand, du Réseau des femmes en environnement, avait beaucoup de bons mots à dire sur la démarche écoresponsable et transparente d’Ice River.
«Le site Web de l’entreprise est fort bien fait et les prétentions écologiques du produit sont abondamment détaillées, significatives et mesurables. On comprend qu’il s’agit d’une démarche sincèrement aboutie, mais toujours en progression», dit-elle.
Mme Arcand souligne également que l’information contenue sur l’emballage est fidèle à la documentation fournie sur le site web de la marque.
Finalement, elle rappelle que l’accès à l’eau potable, une ressource vitale, n’est pas universelle.
« Pour une raison de commodité, cette ressource essentielle devra toujours être offerte en format embouteillé», fait-elle valoir.
La promotion d’eau embouteillée, en soi, n’est donc pas un cas de greenwashing évident, dit-elle.
Des réserves
Il faut toutefois garder en tête qu’il s’agit tout de même d’un article de plastique à usage unique.
« Elle présente ses bouteilles comme un substitut parfaitement acceptable à l’eau du robinet. [...] Cette approche plus que discutable omet un pan de la réalité, induit des besoins factices et favorise la surconsommation », note Mme Arcand.

Ice River se défend de cette conclusion. «Nous ne nous positionnons pas contre l’eau du robinet. Nous compétitionnons avec les autres breuvages dans la catégorie des breuvages», mentionne sa Directrice durabilité, Crystal Howe, dans un courriel envoyé au 24 heures.
Le nom du produit, Green Bottle, peut aussi donner l’impression qu’il n’a pas d’empreinte environnementale.
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Mais Ice River précise que le nom fait plutôt référence à la couleur de la bouteille qui est verte parce qu’elle est fabriquée à partir de bouteilles de plastiques vertes recyclées. «Il n’y a pas de vert ajouté, précise Mme Howe. Nous achetons maintenant des flocons verts de recycleurs qui n’en avaient pas vraiment d’utilité parce qu’il n’y avait pas de marché pour ça avant», dit-elle.
Verdict: s'agit-il de greenwashing? Non.
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Pour en arriver à ces conclusions, nous nous sommes basés sur les 7 péchés du greenwashing, identifiés par TerraChoice, propriété de Underwriters Laboratories, l’organisme derrière la certification Ecologo: le compromis caché, l’absence de preuve, l’imprécision, l’étiquette trompeuse, l’impertinence, le moindre mal et le petit mensonge.