«Nous mettons les bouchées doubles pour éviter que la maladie progresse vers Montréal»: grande opération contre la rage du raton laveur en Estrie et Montérégie
«Le Journal» a accompagné une équipe sur le terrain


Mathieu-Robert Sauvé
Quelque 75 000 vaccins contre la rage du raton laveur seront épandus à la main d’ici 10 jours par des techniciens de la faune et biologistes en Estrie et en Montérégie pour stopper la plus importante éclosion en 15 ans.
«Nous mettons les bouchées doubles pour éviter que la maladie progresse vers Montréal, mais il faudra compter deux ou trois ans d’effort avant de crier victoire», a expliqué au Journal Guillaume Tremblay, technicien de la faune.

Depuis lundi, il parcourt les boisés, fossés, cours d’eau, bâtiments abandonnés et granges où des ratons laveurs pourraient se trouver pour distribuer des appâts vaccinaux capables de les immuniser contre la rage.
Le Journal l’a accompagné mercredi lors d’une de ses journées de travail, qui commencent à 8h et se terminent souvent après 18h.

Avec la biologiste Marianne Gagnier, chargée du dossier de cette maladie au ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec, ils épandent quotidiennement 2400 doses de vaccins ensachées dans un contenant comestible, qui dégage une odeur de vanille.
Six autres équipes sont à l’œuvre dans l’une ou l’autre des 161 municipalités ciblées par le ministère. Au total, 75 000 appâts vaccinaux seront distribués d’ici le 25 avril.



Épicentre
«C’est ici que les quatre plus récents cas de ratons laveurs porteurs de rage ont été identifiés au cours des dernières semaines. Nous sommes vraiment dans l’épicentre de l’éclosion», explique Mme Gagnier, le long du chemin Bradley, à Saint-Armand.


Depuis décembre 2024, pas moins de 17 cas de rage ont été détectés chez des ratons laveurs du secteur. Ce chiffre pourrait augmenter, puisqu’une cinquantaine de carcasses sont acheminées chaque semaine dans un laboratoire spécialisé de Saint-Hyacinthe afin de confirmer la présence du virus mortel, qui peut se transmettre aux humains. Le dernier cas au Québec de transmission humaine remonte à l’an 2000.

Pas de frontières
Le long du chemin Bradley, quelques fermes et résidences se succèdent vers la frontière des États-Unis. Un véhicule de la GRC monte la garde afin d’intercepter d’éventuels migrants tentés par la traversée.
«Les ratons laveurs ne tiennent pas compte de la frontière», a illustré Mme Gagnier, qui pointe un endroit à quelques centaines de mètres vers le sud. C’est de là que proviendraient les bêtes contaminées à l’origine de l’éclosion québécoise.

L’opération de vaccination se poursuivra en août prochain, alors que les jeunes auront alors quitté leur mère. Un épandage aérien est également prévu à une date indéterminée.

Les employés du ministère font un dernier arrêt sous un pont, où ils ont identifié une «autoroute à ratons». Ils constatent avec enthousiasme que les appâts qu’ils ont distribués la veille ont été dévorés.
«En voilà quelques-uns immunisés», a soupiré avec soulagement Marianne Gagnier.
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