Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Grand Prix du Canada: l’Eldorado des proxénètes

Photo courtoisie, La Clés
Partager
Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

8 juin 2022
Partager

D’année en année, le Grand Prix de Montréal se retrouve à lutter contre cette image qui lui colle à la peau, soit celle d’être un épicentre où convergent les proxénètes du Canada et des États-Unis. Pourtant, cet événement est bel et bien majeur pour les proxénètes de tout acabit. 

Bien que Montréal soit une des plaques tournantes du trafic humain au Canada et du tourisme sexuel, l’offre prostitutionnelle double et bien souvent triple durant la F1, particulièrement pour les jeunes adultes (femmes et hommes) et les adolescent.e.s. 

En juin 2018, le Québec a tenu sur son territoire deux événements importants : le Grand Prix de Montréal et le Sommet du G7 à Charlevoix. En moins d’un mois, l’offre prostitutionnelle sur internet pour le grand Montréal et la Ville de Québec a alors doublé avec près de 8000 entrées (numéros de téléphone, affichages, courriels) ; 55 % de ces annonces concernaient Montréal, Laval et la Rive-Sud et 16 %, la ville de Québec. 

Outre cette image associée à la prostitution, la F1 traîne également celle du machisme et de l’hypersexualisation : le corps des jeunes femmes se marie allègrement aux châssis des voitures. Les fameuses « grid girls » à moitié vêtues. Monaco les avait d’ailleurs remplacées en 2015 par des « grid boys », habillés de shorts en jeans. Toutefois, en 2018, les girls étaient de retour. Chasse le naturel et il revient au galop...

Publicité
  • Écoutez l'entrevue de Sophie Durocher avec Michel Barrette, humoriste, sur QUB radio :

Le jeu de l’autruche victimaire 

Face à cette réalité, que fait le promoteur de l’événement ? Il rencontre des politiciens pour les assurer de son soutien à la cause, soit celle de la lutte à l’exploitation sexuelle. Il pense également que de recourir aux services d’un personnel mixte décemment vêtu sur le site de la F1 constitue une grande avancée pour contrer l’hypersexualisation. Cela est effectivement un bon départ. Mais que fait-il d’autre ? Rien ! 

À la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineures, à la question « quelle partie de votre budget est consacrée à lutter contre l’exploitation sexuelle ? », la réponse du promoteur a été qu’« aucune partie de notre budget actuel d’opérations n’est consacrée à la lutte contre l’exploitation sexuelle ». 

Or, il reconnaît devant la Commission que des proxénètes « n’hésitent pas à relier malicieusement leur offre de “services” » à son événement. 

Payer pour du sexe au Canada est illégal

Depuis 2014, l’achat de services sexuels est illégal au Canada. Tel est le message d’une campagne de sensibilisation qui sera diffusé dans le cadre du Grand Prix ; l’objectif étant de s’attaquer aux clients de la prostitution et aux touristes sexuels. C’est une belle initiative ! 

Bien que le promoteur de la F1 ne compte nullement sortir des sous pour lutter contre l’exploitation sexuelle, ne pourrait-il pas au moins appuyer cette campagne en la placardant, par exemple, sur tous les sites où se tiendront les événements, dont les soirées VIP ? Et, pourquoi pas dans les écuries ?

Publicité
Publicité
Image du contenu audio en cours