Grâce à l’accord de Paris, on a évité une «collision frontale avec un immense iceberg» climatique
Andrea Lubeck
L’accord de Paris, qui vise à limiter le réchauffement climatique «largement sous les 2°C» et idéalement à 1,5°C, pourrait permettre de changer la trajectoire de l’humanité qui, autrement, frappera un «immense iceberg» climatique. Avec un réchauffement de 3,5°C par rapport à l’ère préindustrielle, la collision serait «frontale» et les dégâts «énormes».
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Le navire et l'iceberg, c'est l'image que le scientifique italien Giacomo Grassi a utilisée pour illustrer, sur Twitter, l'importance des engagements afin de limiter le réchauffement de la planète. Le scientifique a notamment participé à la rédaction de rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE).
Thanks for the feedback on the tweet on where we stand in the climate crisis
— giacomo grassi (@giac_grassi) November 23, 2022
Some saw excessive optimism. Don't forget: the figure is an analogy, for illustrative purposes.
Others asked to reuse and edit. Here it is (slightly re-edited after comments) https://t.co/oggw5dvzDV pic.twitter.com/oEcsMsyFIw
Si le pire semble être évité, il ne faut pas s’asseoir sur nos lauriers. C'est même tout le contraire: «Le message principal est que la route actuelle n’est pas sécuritaire», insiste Giacomo Grassi dans son tweet.
Avec les engagements actuels des pays pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), et les dernières cibles mises à jour, la planète se dirige encore vers un réchauffement catastrophique entre 2,4°C et 2,8°C. Pour reprendre l'analogie du navire, ça veut dire que l'humanité frappera de «gros» icebergs et que les dégâts seront «importants».
Si les États décidaient d'en faire plus pour le climat et que les objectifs de l’accord de Paris étaient atteints, le scientifique évoque une «possible collision» avec de «petits» icebergs et des dommages «partiellement gérables».
On ressent déjà les dégâts
Inondations, feux de forêt, canicules et sécheresses: avec un réchauffement de 1,2°C atteint, les conséquences climatiques se font d'ailleurs déjà ressentir.
La planète franchira plusieurs points de non-retour climatiques avec un réchauffement dépassant 1,5°C, ont prévenu des scientifiques dans une étude publiée dans la revue Science en septembre dernier.
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Fonte de la calotte glaciaire d’Antarctique et du Groenland, extinction de barrières de corail et dégel accéléré du pergélisol comptent parmi les «points de basculement» qui pourraient se déclencher avec les températures actuelles et provoquer d’autres conséquences en cascade.
Et comme les chances de limiter le réchauffement climatique à l’objectif le plus ambitieux de l’accord de Paris sont de plus en plus minces, les événements météorologiques extrêmes deviendront plus fréquents et plus intenses dans les années à venir, s’inquiète le PNUE.
— Avec l’AFP