Gorton est visionnaire
Jean-Charles Lajoie
Mon deuil est fait. Marc Bergevin est parti, je lui souhaite juste du bon. Mon deuil est fait. Jeff Gorton est un Américain unilingue anglophone, je lui souhaite juste du bon.
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Avec un peu de recul, une dose d’analyse et pas mal de réflexion, Gorton a déjà réalisé son meilleur coup avec le CH. Lorsqu’il a accepté l’offre de Geoff Molson, il a démontré qu’il est visionnaire et excellent gestionnaire.
Gorton a écrit sans gaieté de cœur une lettre aux partisans des Rangers de New York. Essentiellement pour leur dire que l’équipe allait péricliter afin de rejaillir sur des bases de prétendants à la coupe Stanley. Le chemin de croix annoncé devait s’étendre sur cinq saisons. À peine trois ans plus tard, les Rangers se retrouvent dans la fenêtre d’opportunité vers le championnat.
Chance et génie
Il lui a fallu du génie et beaucoup de chance. Mais la chance aime se coller au génie, c’est connu... Ici n’est pas le point. Gorton a successivement terminé deuxième puis gagné la loterie du repêchage. Ça a donné Kaapo Kakko et Alexis Lafrenière. Il a transigé de façon magistrale. Mika Zibanejad règne sur Manhattan, acquis des Sénateurs d’Ottawa dans une transaction un contre un en retour de Derick Brassard...
Gorton a aussi acquis le formidable jeune arrière Adam Fox en retour d’un choix de deuxième tour et un choix conditionnel de troisième tour au repêchage... Puis il a remis la combinaison du coffre-fort de Madison Square Garden à Artemi Panarin en juillet 2019.
Accessoirement, il est parvenu sans trop de heurts à sortir le roi Henrik de New York, ce qui n’était pas une mince tâche. Gorton savait qu’Igor Shesterkin était pour vrai. C’est lui qui l’avait chaudement recommandé à Glen Sather en 2014.
Dans tout ce qui précède, le seul corollaire hasardeux entre le travail accompli par Gorton à New York et celui qu’il peut accomplir à Montréal est Panarin. Les joueurs autonomes sans restriction convoités écoutent le Canadien prêt à se saigner et s’entendent ailleurs sur les mêmes termes que proposés ici. L’offre de joueurs libres comme l’air l’été prochain sera ronflante. Est-ce que Gorton pourra en convaincre ne serait-ce qu’un seul? Idéalement deux?
Qui partira?
D’ici là, transigera-t-il avec autant de génie et de précision en route vers la date limite? Sortira-t-il Carey Price de Montréal ? Et Gallagher? Et Petry? Et Chiarot? Et Toffoli? Et Hoffman? Évidemment non. Mais s’il peut en sortir deux, dont Carey, tout en obtenant beaucoup en retour, alors là...
Sera-t-il aussi chanceux à la loterie? Repêchera-t-il le centre générationnel dont on rêve tant à Montréal en Shane Wright? Convaincra-t-il le sensationnel espoir américain Jordan Harris du bien-fondé d’accepter le défi de Montréal?
Si la réponse est OUI à une majorité des questions qui précèdent, la descente du Canadien aura été salutaire et sa remontée sera spectaculaire.
La beauté, c’est qu’en août prochain, on aura une excellente idée de la véritable valeur du shérif Gorton. Le nouveau patron dispose d’une main pleine et peut relancer le Canadien en quelques mois à peine.