Gorton doit parler à Roy
Michel Bergeron
Jeff Gorton a été bref lorsqu’il a été questionné sur Patrick Roy, hier, lors de son premier bain médiatique montréalais. Quoi qu’il en dise, le nouveau patron hockey du Canadien sait pertinemment qu’il n’a pas le choix de le rencontrer.
Depuis sa sortie de mardi, le nom de Roy est sur toutes les lèvres. C’était évident que Gorton n’allait pas s’avancer sur l’un ou l’autre des candidats en lice, hier. Quand il aura rencontré Geoff Molson et qu’un plan de match sera officiel, j’espère que le nom de Roy sera au haut de la liste des hommes de hockey à rencontrer.
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Patrick est un candidat de qualité et quand tu regardes sa feuille de route, il n’y a aucune raison qui pourrait justifier qu’on l’écarte du processus. En plus, il a porté l’uniforme du Tricolore et l’on sait qu’il a toujours son logo tatoué sur le cœur.
À 56 ans, il ne manque peut-être que ce fait d’armes à sa carrière. C’est clair qu’il aimerait pouvoir aider cette équipe avec qui il a connu tant de succès à se sortir de sa torpeur. Pas pour son ego, mais pour cette organisation qu’il aime.
Maintenant, il reste à savoir si le partenariat avec Jeff Gorton est ce que Roy recherche.
Manifestement, à entendre parler le nouveau vice-président exécutif aux opérations hockey du Canadien, ce sera lui, le boss.
Il est déjà en contact avec les autres directeurs généraux de la LNH, puisqu’il les connaît tous et qu’il a ses entrées aux quatre coins de la ligue.
Par contre, je n’ai pas l’impression qu’il est à la recherche d’un homme de hockey qui dira toujours oui sans rouspéter.
Il sera ouvert aux discussions et aux débats.
En contrôle
Chose certaine, Gorton a laissé une bonne première impression aux partisans montréalais. On l’a senti préparé et en contrôle hier, lorsqu’il a rencontré les médias.
J’ai aimé qu’il commence son point de presse par quelques phrases en français. Ça démontre qu’il arrive avec de bonnes intentions et qu’il comprend déjà, un peu, le marché montréalais.
On a vu hier un homme expérimenté. Après tout, quand tu as travaillé dans des marchés comme Boston et New York, tu en as vu d’autres. Assurément, ses années dans la Grosse Pomme l’ont préparé à ce qui l’attend à Montréal.
Par contre, la pression sera encore plus forte que ce qu’elle pouvait être à New York. Certes, les Rangers prennent une place importante là-bas, mais jamais autant que le Canadien à Montréal.
Joueurs locaux
Gorton a aussi assurément été sensible à la cause des joueurs québécois. Il a rappelé qu’à Boston et à New York, il s’était fait un devoir d’aligner des joueurs de la région, citant l’exemple du défenseur Adam Fox avec les Rangers.
Si on veut vraiment que ça se concrétise, il faudra que le nouveau recruteur-chef soit un Québécois. On a besoin d’un gars établi au Québec à l’année et qui connaît tous les joueurs d’ici.
On parle beaucoup de Martin Madden fils comme d’un candidat au poste de directeur général, mais je préférerais le voir débarquer à Montréal comme recruteur-chef. Je sais qu’il occupe ce même poste avec les Ducks d’Anaheim, en plus de celui de DG adjoint, mais je suis convaincu que Geoff Molson a les arguments, autant pécuniaires que sportifs, pour attirer Madden à Montréal.
Mais ça, on ne le saura qu’après Noël, nous a mentionné Gorton hier. Permettez-moi d’en douter. Il s’agit là d’une excellente tactique pour calmer les rumeurs un peu. Ne soyez pas surpris si on nous fait une annonce avant le 25 décembre.
Comme je disais, Jeff Gorton en a vu d’autres.
Un petit peu de générosité, svp !
On voit de plus en plus de bancs vides au Centre Bell. Je comprends parfaitement. Les amateurs en ont marre de voir leur club perdre. J’aurais toutefois une demande pour les détenteurs de billets de saison qui décident de boycotter certains matchs : faites-en profiter à des jeunes qui n’ont pas la chance d’aller au Centre Bell, svp ! Au moins, ça aiderait à créer un peu plus d’ambiance dans l’amphithéâtre et ça rendrait plusieurs jeunes heureux à l’approche des Fêtes. Que l’équipe gagne ou pas, plusieurs garçons ou filles ne rêvent que d’avoir la chance de voir leurs idoles en vrai, une fois dans leur vie. Pourquoi ne pas transformer votre frustration en une bonne action ?
Quelle transparence ?
Dans son point de presse lundi, Geoff Molson a mentionné qu’il voulait plus de transparence chez le Canadien afin de rétablir la relation avec les journalistes. C’est mal parti. Hier, lors du point de presse de Jeff Gorton, les médias étaient limités à une seule question chacun et quelques-uns d’entre eux ont dû déroger à cette règle afin d’avoir de vraies réponses à leurs questions. Malheureusement, le Canadien a de nouveau privé ses amateurs d’informations utiles et importantes. Quel est le plan de Gorton avec Carey Price, entre autres ? On le saura au prochain épisode, il faut croire...
Le dossier Price
D’ailleurs, parlant du gardien du Canadien, il est évident qu’il s’agira d’une priorité pour Gorton de s’asseoir avec le gardien vedette de l’équipe afin de discuter d’avenir. En fin de compte, Carey Price dispose d’une clause de non-mouvement, donc c’est lui qui a le gros bout du bâton. Toutefois, je suis persuadé qu’on va lui présenter la possibilité de l’échanger. Après tout, il était prêt pour Seattle, peut-être sera-t-il tenté d’accepter de quitter Montréal pour un marché qu’il choisira. À un certain point, c’est peut-être ce qui sera le mieux pour l’organisation du Canadien. À New York, Gorton n’a pas hésité à se départir d’Henrik Lundqvist malgré tous les services rendus, puisqu’il s’agissait de la meilleure chose à faire d’un point de vue organisationnel.