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Culture

Gildor Roy s’ouvre sur son rôle de grand-père

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Daniel Daignault

2024-10-06T10:00:00Z
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Nous avons rencontré Gildor Roy en marge de la sortie du film La Petite et le Vieux, réalisé par Patrice Sauvé. Il s’est confié sur une foule de sujets, dont sa carrière, sa popularité et sa famille. Des confidences à son image, parsemées d’anecdotes racontées dans le franc-parler qu’on lui connaît.

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Après avoir complété le tournage de District 31 le 25 mars 2022, Gildor a vu ses plans changer quelque peu. «J’avais prévu faire de la musique, mais tout de suite après, La Tour est arrivée, puis un film, et ensuite un documentaire sur Mirabel. Toutes sortes d’affaires que j’ai toujours aimé faire! Mais, honnêtement, je ne m’attendais jamais à avoir le rôle-titre d’une série (Dumas). À 64 ans, c’est ma première fois! Je leur ai demandé: “Êtes-vous sûrs?” Tu pourrais demander à Fabienne (Larouche); je lui ai demandé si elle avait vu les premiers épisodes et si elle avait aimé ça. Elle m’a dit oui, et j’ai répliqué: “Sérieusement, tu as vraiment aimé ça?” C’est dans ma nature; je n’ai jamais eu confiance en moi, et ce n’est pas parce que j’ai fait le commandant Chiasson que je vais avoir plus confiance en moi. Quelque part, c’est une bonne chose, parce que je ne suis pas au-dessus de mes affaires. Plus ça va, pire c’est. Je me dis que ça va se calmer, mais il paraît que c’est bon signe! Il y a beaucoup de vieux acteurs qui disent: “Quand tu n’auras plus la chienne, arrête!” Et beaucoup d’athlètes disent ça aussi: “Quand ça ne te fait plus rien de perdre une game, c’est parce qu’il est temps d’arrêter.”»

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Un rôle sur mesure

Venons-en donc à Dumas, la nouvelle série télé signée Luc Dionne, dans laquelle Gildor défend le rôle principal. «Luc m’a parlé de ça pendant la dernière semaine de tournage de District. C’était peut-être même la dernière journée. J’aurais voulu lui dire merci beaucoup, parce qu’au moment où il m’a offert de jouer Chiasson, je pensais que ma carrière était finie. Je voulais être bien affectueux avec lui, mais finalement, je lui ai juste dit que c’était super. On se ressemble beaucoup là-dessus, lui et moi. Il m’a dit: - J’ai une idée pour ma prochaine série. Ça serait sur un enquêteur privé et j’écrirais ça pour toi...

- Ah oui?

- Ça te tente-tu?

- Ben, certain, Luc. Tu peux compter sur moi.

- OK, bye!

«Le niveau d’émotion, c’était ça, dit-il en éclatant de rire. Je le savais qu’il me préparait quelque chose.» Gildor se penche alors vers moi pour me faire une confidence. «C’était la dernière journée de tournage de La Tour. J’étais dans mon char, je m’en allais à TVA. Le téléphone a sonné. C’était Fabienne, qui m’a dit:

- Le nouveau show de Luc... J’ai les trois premiers textes. Il t’en a parlé?

- Oui, oui...

- Il a écrit le rôle-titre pour toi. Ça te tente?

«J’ai dit oui, on a négocié mon contrat pendant que je roulais et avant même que j’arrive au studio, c’était réglé: je savais que j’allais faire Dumas. C’est quand même pas pire!» Gildor éclate de rire.

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L’embarras du choix

«Oui, Fabienne fait beaucoup de productions et on entend dire toutes sortes de choses, entre autres que ça roule avec elle. Mais on sauve bien du temps sur plein d’affaires. Notre appel, ça ressemblait à: “C’est combien? OK, combien de jours? De telle date à telle date? Pas de tournage l’hiver? Parfait, excellent, merci beaucoup d’avoir appelé.” That’s it, that’s all! En plus, il n’y a pas de: “Appelle mon agent.” Je n’en ai pas, d’agent. Un autre exemple: Luc m’a envoyé les textes, et je lui ai écrit que c’était parfait. Il m’a demandé si j’aimais ça, je lui ai répondu que j’adorais ça, et c’était réglé. Il me reste moins de temps à vivre que j’en ai vécu, ça fait que je n’ai pas de temps à perdre avec le niaisage. Mon inquiétude, c’était que je ne voulais pas refaire le commandant Chiasson. Mais quand j’ai lu les textes, j’ai réalisé que ce n’était pas ça pantoute. C’était parfait pour moi. Jouer des airs bêtes et des méchants, c’est principalement ça que j’ai fait dans ma vie, et ça ne me dérange pas!» Pour un acteur qui pensait peut-être prendre sa retraite à l’âge de 65 ans, ça regarde mal! «J’ai justement reçu mon formulaire du gouvernement fédéral. Je ne sais pas trop quoi faire avec ça, dit-il en riant. Entre toi et moi, c’est difficile de prendre ta retraite avec une job comme ça. À un moment donné, le monde arrête de t’offrir des jobs et ça règle la question. D’un autre côté, plus ça va, moins il y en a, des acteurs de mon âge qui sont capables de faire une journée qui a du bon sens. Il va toujours y avoir du travail, et je ne suis pas obligé de dire oui à tout. Je suis chanceux.»

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Avoir la cote

Il a bien raison de dire qu’il ne manquera pas de boulot. D’abord, c’est un excellent acteur et en plus, il a l’amour du public. Les gens l’apprécient et aiment son travail, ce qui n’est pas donné à tout le monde. «C’est inexplicable. Je fais simplement de mon mieux. J’ai été chanceux d’incarner des personnages sympathiques, comme Germain (dans Km/h) et le bon policier qui aidait Cathou, jouée par Sylvie-Catherine Beaudoin dans Le retour

Puisqu’il est question de l’amour que lui portent les gens, il fait une autre confidence: «Dans la vie, je suis gêné! Quand j’allais faire l’épicerie avec ma mère et qu’une femme, par exemple, me disait bonjour en me croisant dans une allée parce qu’elle me reconnaissait, ma mère me disait: «Réponds-lui! Elle, elle paie ton salaire!» Mes parents m’ont enseigné à toujours respecter le monde et à ne pas juger son public. Il faut traiter le monde comme on voudrait être traité, et c’est vrai que ça finit par nous revenir. Je vais te dire quelque chose que je ne devrais pas dire. Je suis en train de faire une série qui a pour titre Avant de partir. Je fais ça avec Danielle Ouimet et c’est produit par France Beaudoin. Je ne nommerai pas de noms, mais ce sont des entrevues avec des gens qui ont marqué l’histoire du Québec, et qui vont être diffusées après leur décès. C’est particulier, et ça fait de super bonnes entrevues. À un moment donné, j’interviewais une personne et je ne comprenais pas pourquoi c’était à moi qu’on avait confié l’entrevue. La production m’a dit que cette personne-là avait dit non au départ, mais que quand elle avait su que ça allait être avec moi, elle avait accepté. C’est grâce à District 31. Jamais je n’aurais pu penser qu’elle était une fan de District 31! Ç’a été extraordinaire, je n’en revenais pas. Il n’y a personne qui mérite d’être aimé autant que ça par du monde qu’il ne connaît pas. Ce n’est pas naturel que le monde t’aime. C’est un privilège.» L’an prochain, ça fera 41 ans que Gildor exerce son métier. «Je ne paierai plus de cotisation à l’UDA (l’Union des artistes), je vais être membre doyen», lance-t-il en riant.

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Depuis quelques années, avec le succès de District 31, présentée de 2016 à 2022, peut-on dire qu’il vit une période de sa carrière qui est vraiment extraordinaire? «Oui, oui! Je serais malvenu de dire le contraire, et je te dirais que ça remonte même à Km/h (diffusée de 1998 à 2006). À un moment, je jouais aussi dans Le retour, et les deux émissions étaient numéros un et deux dans les cotes d’écoute! Ça n’a aucun bon sens! Qu’est-ce que tu veux que je demande de plus? Je fais exactement ce que je voulais faire dans la vie. C’est rare, le monde qui peut dire ça. Quand tu atteins un certain âge et que tu n’as pas d’amis à te faire dans la business, tu ne veux pas impressionner un réalisateur. Mais donne-moi une job à faire, et je te promets que je vais la faire au meilleur de mes compétences.»

«J’ai craqué...»

Mise à part la série, on peut voir Gildor dans le film La Petite et le Vieux, l’adaptation du roman de Marie- Renée Lavoie. Ce long métrage, présentement à l’affiche, se déroule dans les années 1980. Il met en vedette la jeune comédienne Juliette Bharucha. «Quand on a vu le film en équipe, j’ai craqué, avoue Gildor. Je suis parti à brailler! Ç’a été fantastique de faire ce film-là, et ça n’aurait pas été possible de situer l’action aujourd’hui. Il n’y avait pas de cellulaire à l’époque. Le monde se parlait. Dans le film, il y a une petite fille qui s’empoisonne. Aujourd’hui, tu ne traverses pas la rue pour voir ce qui se passe, tu appelles le 911, et il se pourrait bien qu’elle meure.»

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Dans cette scène en particulier, le personnage joué par Gildor arrive à sauver l’enfant, et le réalisateur, Patrice Sauvé, lui a demandé s’il pouvait sacrer longtemps. «Je lui ai dit que j’allais essayer... C’était tout improvisé, cette scène-là, et c’était le fun! Patrice a été une belle découverte pour moi; je n’avais jamais travaillé avec lui. Te dire le plaisir que j’ai eu! C’était un beau rôle de vieux. C’est all dressed: il est touchant, il sacre, il boit, il ne se lave pas... Cristi que j’ai aimé ça! Et la petite Juliette est tellement bonne!» Dans ce rôle, Gildor incarne un personnage bourru auquel on s’attache. «Le jour où on a fini La Tour, j’ai arrêté de me raser parce que je savais qu’on allait tourner ça. C’est rare que ça adonne qu’on peut se faire pousser les cheveux et la barbe pour un personnage», m’avait-il confié sur le plateau de tournage. 

Photo : Daniel Daignault / TVA
Photo : Daniel Daignault / TVA

Le film a été tourné à l’automne 2023 et l’action se déroule à Limoilou. On fait la connaissance de la petite Hélène, âgée de 10 ans, qui vit dans un quartier populaire avec ses parents et ses trois soeurs. Elle va se lier d’amitié avec Monsieur Roger (Gildor) et va entreprendre de sauver son père, qui vit des moments difficiles. «Mon personnage va lui faire comprendre que tant qu’elle ne sera pas elle-même, elle ne pourra pas sauver quelqu’un d’autre. C’est un peu ça, l’histoire qui est racontée. C’est un film pour toute la famille qui véhicule de belles valeurs. Ça montre la vie telle qu’elle est, c’est-à-dire dure, impitoyable, mais qui vaut la peine d’être vécue», a-t-il ajouté.

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Un «pépère» comblé

Mis à part le travail, il y a bien sûr la vie quotidienne, et le bonheur, pour Gildor, d’être grand-père de deux petits-enfants. «Ma fille, Mahalia, habite à la maison avec sa petite, Laïa. Pour elle, sa maison, c’est la maison de pépère. C’est fantastique, je tripe! Moi, j’appelais mes grands-parents «pépère» et «mémère», mes enfants appelaient mes parents comme ça et là, nos petits-enfants nous appellent aussi comme ça.» Gildor est père de trois enfants: une fille et deux garçons, Luis-David et William, qui sont d’ailleurs allés sur le plateau de Dumas. «J’ai raconté à mon deuxième fils l’histoire de Dumas, le père qui est en conflit avec son fils, et il m’a dit: “J’aimerais ça jouer ça, moi. J’ai toujours voulu essayer d’être comédien et c’est le genre de rôle qui m’intéresserait...” J’étais surpris! Je lui ai dit: “Tu viens de finir ta maîtrise en marketing de l’environnement, tu es allé étudier aux États-Unis, à Concordia et à Carleton, tu es une super bolle, tu parles cinq langues et aujourd’hui, à 25 ans, tu me dis que tu as toujours voulu être comédien?” Je lui ai fait apprendre une scène de Dumas, on a fait une vidéo et j’ai envoyé ça à l’agence de casting. Ça se pourrait qu’il “retontisse” à un moment donné dans quelque chose», raconte-t-il.

Le film La Petite et le Vieux prend l’affiche le 4 octobre. Gildor est actuellement en tournage pour Dumas, diffusée les lundis à 20h sur les ondes de Radio-Canada.

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