«Général Armageddon»: Sergeï Sourovikine, le nouveau commandant sanguinaire de l’armée russe en Ukraine
Gabriel Ouimet
En difficulté sur plusieurs fronts en Ukraine, la Russie a nommé un général ayant la réputation d'être sanguinaire, un vétéran des pires guerres menées par Moscou depuis le début des années 2000, pour redresser la situation. Voici ce qu’il faut savoir sur Sergueï Sourovikine, l’homme derrière la récente campagne de bombardements visant des infrastructures civiles et énergétiques ukrainiennes.
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C’est un militaire brutal
Originaire de la Sibérie, Sergueï Sourovikine a combattu en Afghanistan, en Tchétchénie, au Tadjikistan et en Syrie, où il s’est forgé une réputation de militaire impitoyable et brutal. Les médias occidentaux le surnomment «général Armaggedon».
En Syrie, il est accusé d’avoir violé les droits humains à répétition en bombardant sans relâche des zones résidentielles et des infrastructures civiles en 2017. Un rapport de l’ONG Human Rights Watch, publié en 2020, le désigne d’ailleurs parmi les responsables d’exactions et de violences commises contre les civils de la ville d’Idlib, dans le nord-est du pays.
Plus tôt dans les années 2000, il s’est fait connaître pour avoir adopté la technique de la «terre brulée» en Tchétchénie. La tactique consiste à détruire tout sur son passage ou à endommager gravement les ressources d’un territoire pour les rendre inutilisables, sans distinction.
En 2017, Vladimir Poutine lui a remis la médaille de «héros de la Fédération de Russie», le plus haut titre honorifique du pays, pour ses faits d’armes.
C’est un criminel
Sergueï Sourovikine était connu bien avant ses campagnes militaires. En Russie, il est célèbre pour avoir participé à la tentative de coup d’État de 1991 contre le président de l’époque, Mikhaïl Gorbatchev.
Quand le putsch a échoué, il a été emprisonné parce que des soldats sous ses ordres ont tué trois civils lors de confrontations avec des manifestants prodémocratie à Moscou. Sourovikine a cependant été libéré peu de temps après, sous prétexte qu’il a seulement suivi les ordres qui lui avaient été donnés.
Dans les années 1990, il a été condamné pour trafic d’armes. Les opposants au pouvoir en Russie l’accusent aussi de s’être enrichi pendant des années grâce à la coupe de bois illégale.
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Il influence déjà les combats en Ukraine
En poste depuis le 8 octobre, le nouveau commandant de l’armée russe en Ukraine n’a pas perdu de temps avant de faire sentir sa présence sur le terrain.
Deux jours après sa nomination, l’armée russe commençait à bombarder intensivement les infrastructures critiques en Ukraine, provoquant des pannes d’électricité et d’eau courante dans de nombreuses villes. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a indiqué cette semaine que 30% des centrales électriques du pays ont été détruites en moins de dix jours.
Vladimir Poutine a justifié ses frappes en affirmant qu’elles ont été menées «sur proposition du ministère de la Défense». Plusieurs analystes militaires estiment qu’elles sont donc l’œuvre de Sergueï Sourovikine.
Les bombardements se sont poursuivis cette semaine. Une pluie de drones kamikazes et de missiles s’est notamment abattue sur plusieurs régions, faisant des dizaines de morts et des centaines de blessés parmi les civils.
Il se prépare à «prendre une décision très difficile»
Alors que l’armée russe se fait silencieuse sur les défaites qu’elle subit sur le terrain depuis des semaines, Sergueï Sourovikine a reconnu que ses troupes étaient en difficulté, mardi, lors d’un passage à la télévision publique russe. Il a ensuite ajouté que, dans ce contexte, il ne craint pas de «prendre une décision très difficile».
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Une déclaration lourde de sens, au moment où la Russie subit des pertes importantes dans le sud de l’Ukraine, et particulièrement autour de Kherson, la première ville d’importance que l’armée russe a réussi à contrôler en mars dernier.
Jeudi, Volodymyr Zelensky a annoncé que les forces russes «ont miné le barrage et les unités de la centrale hydroélectrique de Kakhovka», une des plus grosses du pays. Selon lui, «la Russie prépare consciemment le terrain pour une catastrophe de grande ampleur» car «si le barrage explose, plus de 80 localités, dont Kherson, se retrouveront dans la zone d’inondation rapide».
Une «grande partie du sud de l’Ukraine» pourrait ainsi être privée d’eau potable, craignent les autorités ukrainiennes.
Cette semaine, les forces prorusses ont commencé à évacuer les civils de la région à la demande de Moscou.
– Avec l'AFP et Le Figaro