Gaza: «scénario parfait pour l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de notre histoire récente»
TVA Nouvelles
La situation dans laquelle se retrouvent les Gazaouis à l’aube d’une offensive terrestre imminente d’Israël aurait tous les ingrédients pour en faire «l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de notre histoire récente» selon le directeur de l'Observatoire canadien sur les crises et l'action humanitaires (OCCAH), François Audet.
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En entrevue à LCN, M. Audet explique qu’aucune organisation internationale ne peut faire parvenir de l’aide, aliments, eau ou médicaments, alors que deux millions de civils ne peuvent quitter le territoire.
«Israël bombarde surtout le nord de Gaza donc ce sont des centaines de milliers de personnes [...] qui ont dû se déplacer en quelques jours vers le sud de la région, indique-t-il. Une partie de cette population ne peut pas se déplacer, notamment les blessés et les malades.»
«On est dans un scénario parfait pour l’une des plus grandes catastrophes humanitaires de notre histoire récente, ajoute-t-il. Ce n’est pas parce qu’on n’a pas vu des tragédies récemment, on peut penser à l’Ukraine, on a vu aussi le Maroc et la Libye. Ce qu’on a devant nous c’est vraiment à un autre niveau.»
La distribution d’eau a finalement pu reprendre dimanche dans le sud de Gaza, mais il en faudra plus pour éviter la catastrophe selon l’expert.
«Ce n’est que de l’eau, dit-il. Les humains ne peuvent vivre que sur de l’eau. Ça va prendre autre chose, notamment des médicaments pour les blessés et des aliments très rapidement.»
«C’est une bonne nouvelle pour la population qui est au sud, continue-t-il. Mais l’hypothèse qu’on voyait pour les autorités israéliennes, c’est que le fait de permettre qu’il y ait de l’eau potable dans le sud va favoriser le déplacement de la population vers ces zones-là.»
Droit international
Le directeur de l’OCCAH avance que le droit international n’est pas respecté pour l’instant en ce qui a trait à la protection des civils, la distinction entre un combattant et un non-combattant ainsi que la mise en place de zones sanctuarisées, notamment les hôpitaux et les cliniques.
«Ce qu’on observe, c’est que l’État de droit que représente l’Occident, le Canada, les États-Unis et Israël, font fi des lois qu’ils ont mis en place et vont vraisemblablement, et c’est commencé, s’attaquer à des zones urbaines, densément peuplées et pleines de civils qui ne sont pas le Hamas», mentionne-t-il.
«Les Palestiniens et le Hamas c’est deux choses différentes, renchérit M. Audet. Et là on a deux millions de personnes qui sont prises en otage par le Hamas, et ce qu’on doit faire c’est oui, démanteler le Hamas, mais ça doit être fait sans pour autant faire de victimes, ou le moins possible de dommages collatéraux.»
Cette situation serait complexifiée par l’utilisation des civils comme boucliers par le Hamas.
«Selon les hypothèses qu’on voit, le Hamas serait par exemple sous les cliniques, sous les hôpitaux, et ça force les opérations militaires israéliennes vers des zones extrêmement précises où il y a des victimes civiles», soutient l’expert.
«C’est une guerre très complexe et il faut que la réponse terrestre qui s’en vient d’Israël puisse être très bien calculée et qu’on respecte le droit d’Israël à se défendre et à démanteler le Hamas, mais ça doit être fait dans le respect des règles de la guerre», continue-t-il.
Voyez l’entrevue complète dans la vidéo ci-dessus