Gare à vos VUS: Les Dégonfleurs arrivent au Québec
Anne-Sophie Poiré
«La guerre aux VUS est déclarée», prévient le groupe de militants écologistes Les Dégonfleurs, alors que des automobilistes de Québec ont constaté jeudi matin qu’un des pneus de leur véhicule utilitaire sport avait été vidé par des membres du mouvement international Tyre Extinguishers, qui prône la désobéissance civile pour protester contre l'inaction climatique.
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Depuis quelques mois, des centaines, voire des milliers de camions légers un peu partout dans le monde sont victimes des Tyre Extinguishers. Leur but: rendre impossible la possession d’un VUS en milieu urbain.
Le mouvement, qui a commencé au Royaume-Uni, s’est étendu au Canada, aux États-Unis, dans plusieurs pays d'Europe, en Nouvelle-Zélande et désormais au Québec.
Ce qui semble la première action revendiquée par un chapitre québécois du groupe militant a eu lieu dans les quartiers Montcalm et Saint-Sacrement, dans la nuit de mercredi à jeudi.
La page Facebook du groupe Les Dégonfleurs — Ville de Québec a d’ailleurs été créée la veille.
«Votre VUS alimente la crise climatique»
François Holmes est le propriétaire d’un des véhicules visés par l’action directe dans Saint-Sacrement, comme le confirme l’affiche laissée sur son pare-brise.
Une petite roche a été placée dans la valve d’un de ses pneus pour en libérer lentement l'air pendant la nuit.
La roue n’a donc pas été endommagée, mais le véhicule, lui, a dû rester immobile jeudi matin.
«Ça me fait sourire en coin parce que je sens qu’ils ne se sont pas attaqués à la bonne personne», fait valoir celui qui travaille comme directeur au Camp Portneuf, à Saint-Raymond près de Québec. «Ce véhicule-là, ça a été plus un choix pour les intempéries de la nature. Il faut que je transporte des enfants, du matériel, je dois me rendre tous les jours sur une base de plein air dans le bois.»
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«Mais ce n’est pas écrit sur mon auto que je travaille dans le communautaire et que j’ai besoin de mon véhicule pour le travail», poursuit-il.
Alimenter la haine
François Holmes comprend le mouvement, mais ne croit pas qu’il soit «une bonne solution» pour sensibiliser à la crise climatique.
«J’ai l’impression que ça divise plus qu’autre chose, craint-il. Ça risque d’alimenter la haine des gens qui ne croient pas à la cause climatique et de ceux qui publient des fausses nouvelles à ce sujet.»
Un sentiment confirmé par les commentaires haineux laissés sous sa publication Facebook témoignant du pneu vandalisé, et des menaces de mort sur la page Facebook des Dégonfleurs.
«Je voulais juste aviser les gens que ce comportement existe maintenant à Québec. Mon but, ce n’est pas de créer une guerre entre ceux qui militent contre la crise climatique – une cause à laquelle je crois fermement – et les pros pick up», se désole M. Holmes.
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Il n’a pas été choqué par cette action, mais il n’est pas la seule victime des Dégonfleurs au centre-ville de Québec.
Une plainte officiellement déposée
En milieu d’après-midi, le Service de police de la ville de Québec (SPVQ) avait reçu une plainte officielle concernant un pneu de VUS dégonflé. Les policiers ont ouvert une enquête.
«C’est le même modus operandi avec un tract laissé dans le pare-brise du véhicule endommagé qui semblerait correspondre à la façon de faire du mouvement», a confirmé au 24 heures la porte-parole du SPVQ, Marie-Pier Rivard.