Gabriel Gervais nommé président du CF Montréal
Dave Lévesque
Le CF Montréal a nommé lundi Gabriel Gervais au poste de président et chef de la direction. Il entrera en fonction lundi prochain.
Le poste était vacant depuis le début du mois de mars quand Kevin Gilmore a choisi de partir.
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Ancien défenseur et âgé de 45 ans, Gervais a porté les couleurs de l’Impact de 2002 à 2008 pour un total de 150 matchs.
Sa nomination n’est pas anodine dans un contexte où le club se doit de rebâtir les ponts avec les partisans qui ont été échaudés soit par le changement d’identité ou par la fermeture de la section 132, dans laquelle se trouvaient notamment les Ultras.
En effet, Gervais a été le premier joueur à voir son nom être gravé sur le Mur de la renommée du club en 2018, honneur qu’il a partagé avec l’ancien capitaine Nevio Pizzolitto.
Compétence
Attaché au bureau montréalais de Deloitte, Gervais a certainement les compétences nécessaires pour mener la barque.
Il détient un baccalauréat en génie mécanique, une maîtrise en gestion de l’ingénierie de l’Université de Syracuse, où il a joué avec Patrice Bernier, et un MBA avec spécialisation en finance de l’Université McGill.
Originaire de Montréal et ayant grandi à Brossard, Gervais a amorcé sa carrière chez Saputo en 2003.
Il est arrivé chez Deloitte en 2009 où il était associé dans cette firme de services professionnels qui est l’une des plus importantes au monde.
De plus, il maîtrise parfaitement le français, l’anglais et l’espagnol, ce qui est très utile dans une ligue comme la MLS.
Belle carrière
Après être passé chez les Rhinos de Rochester, l’ennemi juré de l’Impact, Gervais est rentré au bercail en 2002 et a évolué pour le Bleu-blanc-noir jusqu’en 2008, devant prendre sa retraite en raison d’une blessure.
Au fil de sa carrière, il a remporté le premier championnat de l’équipe en USL en 2004, de même que les championnats de la saison régulière de 2005 et 2006. Il a aussi remporté le Championnat canadien en 2008 qui permettait à l’Impact de participer à la Ligue des champions de la CONCACAF.
Il a été choisi défenseur de l’année du club en 2002, 2003 et 2006 en plus d’être nommé joueur le plus utile en 2004. Il a aussi reçu le titre de défenseur de l’année en première division de l’USL lors des saisons 2003, 2004 et 2006.
Gervais a aussi agi comme commentateur et analyste à la télé de Radio-Canada de 2009 à 2014 pendant qu’il poursuivait sa carrière chez Deloitte.
La nomination d’un ancien joueur qui a le logo tatoué sur le cœur est un bon présage pour la suite des choses.
D’ailleurs, le propriétaire du club, Joey Saputo, ne cachait pas son plaisir de voir un ancien rentrer au bercail pour diriger le club.
«Nous sommes très fiers et enthousiastes de retrouver à nouveau Gabriel au sein de notre organisation», peut-on lire dans le communiqué émis par le club lundi matin.
Changement d’identité
C’était important de trouver un candidat qui possède une bonne connaissance de la culture du club pour le remettre sur les rails.
On peut même présumer que la direction a l’intention de renouer d’une certaine façon avec son passé et aussi ses partisans après un changement d’identité qui a été catastrophique.
«Figure marquante de l’histoire de l’équipe, il mettra à profit son expérience à la fois comme joueur et gestionnaire, ses qualités de leader mobilisateur ainsi que sa grande passion pour le soccer et le CF Montréal», ajoute Saputo dans le communiqué.
Le club a rencontré plusieurs candidats, mais le nom de Gervais circulait depuis plusieurs semaines comme le candidat de choix.
«Gabriel s’est démarqué, entre autres, par sa profondeur, ses valeurs, son humilité et son esprit d’équipe, a précisé Saputo. Il contribuera certes à poursuivre le développement de l’organisation et à construire le succès des années à venir.»
Une pile de dossiers
Le bureau de Gervais comptera une belle pile de dossiers quand il entrera au travail, lundi matin.
Il devra redonner une certaine forme de santé à un club qui a été malmené par la pandémie depuis deux ans et qui n’a que trop peu joué devant des salles complètes depuis le début de 2020.
Il devra aussi plancher sur l’identité du club qui est devenu le CF Montréal en 2020 lors d’un changement d’image qui a fait énormément de vagues et qu’on ne peut pas qualifier d’entièrement réussi.
Partisans
On le mentionnait aussi d’entrée de jeu, la relation avec les partisans est à travailler. Celle-ci a été mise à mal par la pandémie, le changement de nom et la décision d’expulser les Ultras du stade.
Ce sont tous des éléments sur lesquels devra se pencher l’ancien défenseur au cours des prochaines semaines et des prochains mois.
Ses sept missions
Gabriel Gervais aura plusieurs défis à relever quand il entrera en poste, lundi prochain. En voici quelques-uns dans l’ordre ou dans le désordre. Tous les dossiers sont importants.
Rebâtir les ponts
Le changement d’identité du club a créé une division profonde entre de nombreux partisans et le club, et celui-ci va devoir trouver une façon d’aller chercher ceux qui ont choisi de quitter le navire. Pour les partisans qui ont tourné le dos à l’équipe, c’est une question d’identité, de passion et d’attachement. C’est une grosse commande.
Renouer avec le passé
Dans le même ordre d’idées, les amateurs qui ont décidé que c’était fini pour eux l’ont fait en soutenant, dans la plupart des cas, que le club avait rompu avec son passé en changeant de nom. Gervais devra trouver une façon de remettre un peu d’Impact dans l’identité du CF Montréal afin de relier le présent et l’avenir au passé.
Faire la paix
On a fait beaucoup de cas de la décision de fermer la section 132, celle où se trouvaient entre autres les Ultras Montréal. Leur absence s’est cruellement fait sentir depuis et l’ambiance au Stade Saputo n’est plus la même. Il faudra trouver une façon de renouer avec le groupe, ne serait-ce que pour le bien de l’ambiance, mais aussi pour l’harmonie au sein de la communauté de soccer.
Stade Saputo 3.0
Le Stade Saputo a reçu une cure de jeunesse en 2012, mais il n’est plus aux standards de la MLS. C’est un dossier prioritaire puisqu’il est intimement lié aux revenus du club. On pense à plus de loges, entre autres. Mais ce n’est pas tout, il faudrait aussi hiverner le stade afin que l’équipe n’ait plus à jouer au Stade olympique. Ça veut dire un terrain chauffant, des sièges qui résistent mieux au froid et une tuyauterie qui peut supporter l’hiver.
Remonter le nombre des abonnés
À une certaine époque, la formation avait autour de 9000 abonnés de saison, mais ce chiffre a chuté dans les dernières années, la pandémie n’aidant certainement pas. Il faudra redresser la barre sur cet aspect.
Tisser des liens avec le Québec inc.
Celle-là revient depuis plusieurs années. Le CF Montréal a besoin d’être mieux soutenue par le Québec inc. et a besoin d’un président qui sera en mesure de tisser des liens solides et durables avec les entrepreneurs québécois qui sont les clients visés quand on parle de loges d’entreprises et de billets dits «premiums».
Budget sportif
Le directeur sportif, Olivier Renard, fait un travail honnête avec un budget limité. Le CF Montréal ne compte qu’un seul joueur désigné, Victor Wanyama. Il faut trouver une façon de donner un peu plus de latitude financière à Renard afin qu’il puisse aller chercher au moins un autre joueur de renom. On est loin des Marco Di Vaio et Didier Drogba en ce moment.
