Publicité
L'article provient de Le Journal de Montréal
Société

Fusillades à Montréal: on fait quoi?

Photo d’archives
Partager
Photo portrait de Maria Mourani

Maria Mourani

23 février 2022
Partager

Demain s’ouvrira à Montréal la première journée du Forum montréalais pour la lutte contre la violence armée : s’unir pour la jeunesse. 

Les organismes communautaires et institutionnels sont invités à partager leurs connaissances et réalités du terrain. L’objectif étant de développer un modèle de partenariat entre le SPVM et les intervenants jeunesse du territoire montréalais. 

On peut s’attendre à ce que le volet de la prévention et de l’intervention auprès des jeunes soit le sujet principal. Ce qui est une bonne chose. J’espère que dans l’ensemble des discussions sera aussi abordée la dimension de l’internet et des réseaux sociaux. 

La prévention, c’est mon leitmotiv. Je ne vais donc pas l’aborder de nouveau, au risque de radoter. Parlons répression. Que pouvons-nous faire ? Moderniser la vieille loi sur le gangstérisme ? Pourquoi pas ? Elle date des années 1990. Peut-être, lui donner plus de dents pour faciliter l’identification des groupes criminels. Il y a matière à amélioration. 

Toutefois, lorsque j’entends l’idée de « criminaliser l’appartenance à un gang de rue reconnu », je ne peux que faire ces mises en garde. 

D’une part, qu’est-ce qu’un gang de rue reconnu ? Jusqu’à présent, il n’y a aucun consensus quant à la définition ou à l’identification des gangs. Un jeune peut très bien porter les signes d’un gang, faire la fête avec les membres, sans forcément en être un ou commettre de crime. 

Publicité

Soit dit en passant, le gangster rap a permis de diffuser et valoriser la culture des gangs auprès d’un bon nombre de jeunes. Allons-nous tous les arrêter ? 

L’exemple salvadorien

Ce genre de loi a été implantée au Salvador, puis abolie. Elle s’appelait la Mano dura (la main de fer). Elle criminalisait le port du tatouage des gangs. Des milliers de jeunes ont été arrêtés non pas parce qu’ils avaient commis un délit, mais en raison de leur appartenance supposée à un gang. 

L’une des conséquences de cette loi ? Le renforcement du pouvoir des gangs. Les jeunes se sont retrouvés à considérer l’État comme l’ennemi numéro 1. Des familles entières ont pris le parti des gangs à la vue de ce qu’elles considéraient alors comme une injustice profonde. Allons-nous faire les mêmes erreurs ? 

En passant, au Canada, l’association à un groupe, quel qu’il soit, est un droit enchâssé dans la Constitution. Le problème, ce ne sont pas les lois, mais leur application. 

Caches d’armes

L’écosystème criminel, comme bien d’autres créations humaines, fonctionne par le jeu des alliances, de la domination et du pouvoir. 

On veut en finir avec les fusillades ? Outre de mettre de la pression sur les gangs, ciblons les gros poissons qui sont actuellement fort silencieux et profitent du chaos pour faire des affaires. 

Démantèlement massif des caches d’armes à feu et des petits ateliers de fabrication artisanale, intensification des opérations antidrogue et proxénétisme. 

La cible : les membres de l’Alliance. Après tout, c’est bien la responsabilité de la police d’arrêter les trafiquants de drogue, d’armes et d’humains.  

Publicité
Publicité
Image du contenu audio en cours