Fuite de données chez Desjardins: «Je suis désolé», dit Guy Cormier
Le grand patron de Desjardins répond aux questions du «Journal»

Gabriel Côté
Vol massif de données personnelles, fermeture de caisses en région, augmentation fulgurante du prix des maisons... Guy Cormier a répondu aux questions du Journal alors qu’il cédera sa place de président de Desjardins au plus tard en mars 2026, après près de 10 ans en poste.
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Vol massif de données personnelles: «Je suis désolé»
L’événement le plus marquant de son passage à la tête de l’institution financière pourrait bien être le vol massif de données personnelles survenu en 2019. Quand on lui demande s’il ne craint pas qu’on se souvienne de lui comme de l’homme qui a perdu les données de 9,7 millions de personnes, son sourire s’estompe un peu.
«Ça se peut, mais je n’ai pas de contrôle sur ça, dit-il, en baissant le ton. Mais quand je rencontre les gens, ils me disent aussi: M. Cormier, on se rappelle que vous avez fait face à la musique.»
«Mais je suis désolé. Écoutez, je suis le président du Mouvement Desjardins, ajoute-t-il, en assurant qu’il prend ses responsabilités. On a mis en place la protection Desjardins. Encore aujourd’hui, on est la seule institution financière qui a ça!»
Sur une note plus personnelle, l’homme aux lunettes noires raconte qu’il a lui aussi été victime de cette fuite. «J’ai eu un cas de fraude sur une de mes cartes de crédit, absolument. J’ai des gens dans ma famille qui ont vécu une situation comme ça aussi.»
Fermeture de caisses en région: «Pour moi, ça a été déchirant»
S’il se dit fier de la bonne santé économique dans laquelle il va laisser l’institution financière – sous sa gouverne, l’actif est passé d’environ 250 G$ à 470 G$ –, M. Cormier soutient que sa plus grande réalisation aura été de «recentrer Desjardins sur ses membres et clients».
Pourtant, son mandat a aussi été marqué par la fermeture de nombreux centres de services en région. «Pour moi, ça a été déchirant, parce que j’ai passé 17 ans dans les caisses. J’ai commencé comme caissier, je suis devenu directeur de compte, puis directeur général. Je sais c’est quoi transformer un point de service et en fermer malheureusement par endroit. Mais en même temps, j’ai la responsabilité de prendre certaines décisions.»
Retirer la TPS sur l’achat des maisons: «Les prix vont augmenter»
Concernant la promesse du chef libéral, Mark Carney, de retirer la TPS sur l’achat d’une première maison, le président de Desjardins a admis que ce genre de mesure fera inévitablement augmenter le prix des propriétés. «Toute mesure qu’on va mettre en place va faire monter le prix des maisons, parce que le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez, des maisons», a-t-il dit.
Cela ne signifie pas qu’il ne faut pas mettre ce type de mesure en place en attendant qu’il y en ait suffisamment, nuance M. Cormier. Il s’agit même, à son avis, d’un «enjeu d’équité intergénérationnelle» et de «dignité humaine».
Aide publique aux entreprises étrangères: «Il ne faut pas mettre tous nos œufs dans le même panier»
Appelé à donner son avis sur les décisions du gouvernement Legault d’octroyer des millions de dollars en soutien à des entreprises étrangères, alors même que bien des PME ont besoin d’aide, Guy Cormier a dit: «Moi, je considère qu’on a de très belles PME au Québec qui ont des beaux potentiels de développement et à qui il faut donner de l’énergie. Alors, il ne faut pas juste mettre nos œufs dans des compagnies étrangères», en ajoutant, avec un sourire, qu’il ne veut pas dire que le gouvernement a laissé tomber les PME. «Ce n’est vraiment pas ça mon propos.»
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