Frédérick De Grandpré reçoit son rôle dans Le Bodyguard comme un beau cadeau de la vie
Michèle Lemieux
Durant sa jeunesse, Frédérick De Grandpré n’a pas toujours eu le sentiment d’être aussi bon que les autres. Plutôt que de l’écraser, ce constat est devenu un véritable moteur qui l’a incité à se perfectionner. À la fois acteur, chanteur, ceinture noire en taekwondo et philosophe, il a choisi de développer son plein potentiel sur tous les plans. Tous ces atouts lui permettront de relever le magnifique défi qui s’offre à lui: incarner le garde du corps Frank Farmer dans la comédie musicale Le Bodyguard, qui sera présentée à travers le Québec à partir du mois de mars.
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Frédérick, raconte-nous comment tu as décroché ce rôle dans la nouvelle comédie musicale Le Bodyguard.
Je suis passé par une audition traditionnelle, mais sans jamais avoir d’attentes. Une semaine plus tard, on m’a rappelé. Je me suis dit que ça s’était bien passé, mais finalement, j’étais le seul à être rappelé. J’étais très content! Musicor est une belle équipe. Dès que j’ai reçu les textes, j’ai voulu lire les premières lignes, mais je suis plutôt passé au travers d’un coup, car ça se lit comme un roman. L’adaptation de Joël (Legendre) est vraiment très intéressante. Il est parti du film. En 1992, Whitney Houston était à son top. C’était l’époque des paillettes, des épaulettes et des trucs extravagants.
Le garde du corps, Frank, est un beau personnage?
Oui, Frank Farmer est un être complexe. Il a été agent des services secrets américains et est prêt à aller sur la ligne de tir pour protéger son VIP. Mon personnage a des nerfs d’acier, mais ce n’est pas un bodyguard froid. Il est émotif et on sent sa peur. Ça me plaît, car ça le rend plus humain. Il est timide, réservé, humble, mais dès que c’est nécessaire, il se jette dans l’action. J’ai un background en arts martiaux. J’en fais depuis l’âge de 11 ans et j’ai pratiqué différents styles durant mon parcours. J’ai ma ceinture noire en taekwondo et je continue à faire du jiu-jitsu brésilien.
Et tu n’as jamais arrêté?
Seulement lorsque j’étais à l’École nationale, où j’en ai quand même fait un peu. En sortant de l’école, j’ai fait de l’aïkido, du krav-maga, du judo, et je suis revenu au jiu-jitsu brésilien, car c’est ce que j’aime le plus.
Ça faisait un moment que tu avais eu un projet aussi enthousiasmant que Le Bodyguard...
Oui. Après Mémoires vives, il y a eu District 31, Les bracelets rouges et mes études en philosophie, mais un beau défi où je me sens autant investi, ça remonte au Négociateur. Je sens l’enthousiasme du public. C’est agréable de voir cette effervescence autour du projet. Nous serons 16 artistes sur scène, soit 8 comédiens et 8 chanteurs et danseurs. Ça sera ma famille pendant un an. C’est un beau cadeau de la vie.
Avant d’accepter ce projet d’envergure, en as-tu discuté avec ta famille?
Oui, bien sûr. Ces dernières années, j’avais moins de trucs à long terme. Nous avons dû nous asseoir, ma conjointe et moi, pour planifier notre horaire. En février et en mars, je suis en répétition. Cet été, je serai absent. Ma blonde est tellement compréhensive! Dans un couple, c’est un échange. J’ai longtemps été là pour elle, à m’occuper des filles pendant qu’elle montait sa business. C’est un retour d’ascenseur. Elle est très contente de le faire et de me voir heureux. Ça demandera des sacrifices et un peu d’organisation, mais tout le monde à la maison est heureux.
Les filles sont-elles excitées à l’idée de te suivre en coulisses?
Oui, et à 12 et 10 ans, elles me posent plein de questions. «Est-ce que ce sera approprié pour nous, papa?» Je sens que la famille est avec moi. Mon personnage propose une belle philosophie. Il parle de discipline, du conditionnement.
Arts martiaux, jeu, chant, philosophie: c’est intéressant de voir comme tu as réussi à diversifier tes centres d’intérêt au fil des années.
Je pense que ça fait partie d’un tout, d’un équilibre qui est le mien. J’ai toujours été très physique, même dans mon jeu d’acteur. J’ai aussi eu envie de développer mon côté plus intellectuel, et c’est pour cette raison que j’ai fait mes études en philo. L’être humain trouve son équilibre en développant chacune de ses facettes. Les arts martiaux permettent la gestion de la violence intérieure. C’est quelque chose que les humains doivent apprivoiser. Si nous arrivons à reconnaître et à apprivoiser notre violence, tout le monde en bénéficie. On ne peut pas simplement la réprimer. Il faut la canaliser.
Le corps et l’esprit: tu voulais tout perfectionner à la fois?
Oui, même la nutrition. J’ai décidé de devenir végétarien parce que c’était mieux pour moi. Il y a 15 ans, j’ai arrêté de boire de l’alcool pour la même raison. C’est quasiment égoïste comme démarche: je voulais être au meilleur de moi-même chaque jour et être capable d’affronter les défis de la vie. J’ai eu une belle enfance, mes parents étaient présents, aimants, mais à l’école, ça n’a pas toujours été facile. J’ai rapidement été confronté à l’adversité, que ce soit sur le plan physique ou concernant les matières que je devais apprendre. J’ai souvent eu le sentiment que j’étais moins bon que les autres. Au lieu de me résigner à être moins bon, j’ai tenté de m’améliorer. Tranquillement, je suis arrivé à un certain équilibre qui fait que je me sens bien.
Aurais-tu acquis une certaine discipline intérieure qui t’a permis de trouver une façon de vivre qui te correspond?
Les philosophes de l’Antiquité appelaient cela l’ataraxia, qui désigne la paix de l’esprit, le repos de l’âme. Être exempt de tout souci mental, c’est mon but, d’une certaine manière, et je l’atteins parfois en étant équilibré dans chacune des sphères de ma vie.
Le philosophe en toi n’est jamais très loin...
(Rires) C’est vrai. Ça fait partie de ma vie. Cela dit, c’est difficile à tenir... C’est une discipline de tous les jours qui fait que j’y touche par moments.
Tes filles aiment-elles que tu leur enseignes?
Ça aussi, c’est un gros défi! Un enfant a ses désirs excessifs. Au moment de leur anniversaire, c’est rempli de cadeaux. C’est loin de mes valeurs, mais elles doivent vivre ça. On peut se laisser aller à l’excès, mais il faut revenir à quelque chose de plus normal. Tous ces moments sont l’occasion de leur enseigner mes valeurs. Mes filles y sont sensibles. Je suis chanceux.
As-tu des projets en lien avec la philosophie?
Oui, PhiloPhilo est diffusée sur TFO présentement. L’émission connaît beaucoup de succès. La deuxième saison est confirmée. Les parents me disent regarder les épisodes avec leurs enfants. J’anime l’agora, je discute avec les jeunes de questions universelles. Nous voulons inspirer les jeunes à réfléchir, à discuter, à écouter l’autre dans le respect. J’ai aussi des spectacles avec mon groupe de jazz, Aller simple pour Paris, où je présente mes chansons préférées de la Ville Lumière. Ça aussi, c’est un projet que j’aime.
Une distribution toute désignée!
Le mythique tandem du célèbre film Le Bodyguard, la superstar Rachel Marron (Whitney Houston) et son garde du corps, Frank Farmer (Kevin Costner), seront interprétés sur scène par Jennifer-Lee Dupuis, une jeune autrice-compositrice-interprète québécoise d’origine haïtienne, et Frédérick De Grandpré. La ressemblance entre les deux vedettes du film et celles de cette nouvelle comédie musicale est à couper le souffle! Tous deux seront entourés de la comédienne Sharon James (à Montréal) et de l’ex-Académicienne Maëva Grelet (à Québec), qui incarneront la sœur de Rachel, de l’acteur Widemir Normil dans la peau de l’agent de la star et du comédien Normand Carrière sous les traits du responsable de sa sécurité. L’ex-finaliste de Révolution 2021, Tommy Durand, incarnera l’inquiétant harceleur de Rachel. Le spectacle tant attendu verra le jour le 30 mars à l’Espace St-Denis à Montréal et se déplacera sur la scène du Théâtre Capitole à Québec à compter du 28 juin. Les billets sont en vente à lebodyguard.com.
On s’informe sur les projets de Frédérick De Grandpré sur sa page Facebook.
L’émission PhiloPhilo est diffusée sur TFO.