François Legault, le réformateur
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![Photo portrait de Emmanuelle Latraverse](/_next/image?url=https%3A%2F%2Fm1.quebecormedia.com%2Femp%2Femp%2FEmmanuelle_Latraverse_4042e3bfbdb-03e0-4aa2-9948-18e74e84bc93_ORIGINAL.jpg&w=3840&q=75)
Emmanuelle Latraverse
Il faut beaucoup d’audace pour invoquer l’urgence de changements majeurs quand on est au pouvoir depuis déjà 3 ans.
C’est pourtant le pari de François Legault.
« J’ai la conviction que les Québécois ne veulent pas qu’on retourne là où on était avant la pandémie. »
Consolider, réparer, rénover, ce sera peut-être le cadeau politique de la pandémie pour son gouvernement. Le traumatisme collectif, les failles aiguës qu’elle a exposées justifient un coup de barre majeur sans qu’on y voie un aveu d’échec de sa part.
Après tout, l’exercice est avant tout politique.
Comme une dose de vaccin stratégique, le changement sert avant tout à immuniser François Legault contre les thèmes électoraux prévisibles de ses adversaires.
Ce discours d’ouverture lui permet finalement de s’approprier comme enjeux les angles morts de son début de mandat : un modèle québécois bancal, une pénurie de main-d’œuvre trop longtemps ignorée, l’innovation, les changements climatiques.
Projet de société
La première grande corvée est bien sûr celle du réseau de la santé.
Comment briser ce qu’il décrit comme le cercle vicieux d’un système inhumain et inefficace ? Syndicats, gestionnaires, ordres professionnels, employés, tout le monde devra mettre l’épaule à la roue.
La promesse : un réseau plus proche des gens, une vaste décentralisation.
Bonne chance à celui qui voudra critiquer la démarche. Difficile d’être contre la vertu, surtout quand elle ratisse aussi large.
Le mirage d’un réseau de garderies modernisé ne peut que séduire.
L’espoir de voir 100 000 travailleurs embauchés dans les secteurs clés de la construction, du génie et des technologies de l’information aussi.
Et puis, comment s’opposer au projet de faire du Québec un pôle mondial de batteries et d’hydrogène vert ? Comment critiquer l’importance d’offrir une alternative au marché chinois pour les minéraux critiques ?
Le discours est racoleur. Au sommet dans les sondages, François Legault fait miroiter que le projet de la CAQ est celui de l’ensemble de la société.
« Quand les Québécois se mettent ensemble, ils sont capables de grandes choses. »
Mais encore...
Cependant, son problème demeure le même que tous ses prédécesseurs.
C’est le défi de l’exécution.
Réformer la DPJ, redessiner de la formation professionnelle, remplacer les agences privées en santé par une banque de relève publique, créer une citoyenneté numérique... La liste est séduisante. Si adopter les projets de loi est faisable avant la fin du mandat, encore faut-il les mettre en œuvre.
Car objectivement, on joue encore dans les structures. Toujours les mêmes. Toutes animées par cette invisible et puissante force d’inertie qui a fini par avaler tant de grands chantiers politiques.
François Legault le sait trop bien.
« Le danger qui nous guette maintenant, c’est la tentation de l’immobilisme, de la résignation et de l’inaction », dit-il.
S’il réussit à vaincre cet ennemi invisible, ce sera peut-être là sa plus grande réforme.
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