Francis Bouillon et Rob Ramage n’ont jamais eu autant de plaisir
Plus de 20 espoirs à développer chez le Canadien
Marc de Foy
Rob Ramage et Francis Bouillon le reconnaissent d’emblée. La phase de reconstruction du Canadien leur donne des ailes. Les deux ont le sentiment d’exercer un plus grand impact au sein de l’organisation.
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« On ne disposait pas dans le passé d’un groupe de jeunes espoirs possédant autant de potentiel que celui en place actuellement, souligne Bouillon.
« J’ai plus d’enthousiasme à faire mon travail qu’à mes premières années », avoue l’ancien défenseur.
Bouillon est devenu entraîneur du développement des espoirs du Tricolore en 2017, soit deux ans après disputé son dernier match. Ramage a été alors promu directeur de ce secteur, lui qui s’était joint à l’équipe en 2014.
« Le hockey est en constante évolution, il nous faut donc évoluer au même rythme, dit Ramage, d’entrée de jeu.
« Cette réalité rend notre travail intéressant. Maintenant, nous avons commencé à repêcher beaucoup plus de joueurs ces dernières années. À mon arrivée ici, on comptait six ou sept espoirs dans notre réseau.
« Aujourd’hui, on en retrouve 22 éparpillés en Amérique du Nord et en Europe. On est en affaires. »
Établir une relation de confiance
Quelques-uns d’entre eux – on les connaît – font déjà partie du grand club. D’autres pourraient être ajoutés à la formation si l’organisation n’avait pas à supporter les contrats de certains vétérans.
Ceux-là devront transiter par Laval en attendant, mais ça ne devrait que les aider à peaufiner leur jeu et leurs habiletés.
« Au point de vue [du] développement, c’est exaltant ! lance Ramage.
« On a vraiment du matériel pour travailler. Mais on doit faire en sorte de bien accomplir notre boulot, qui consiste à aider ces jeunes à s’épanouir et à progresser. »
Pour Bouillon, la confiance sert de point d’amorce.
« Tu dois entretenir de bonnes relations avec les joueurs, insiste-t-il.
« Il faut que les jeunes te fassent confiance et il en est de même pour nous envers eux. L’interaction diffère de celle entre l’entraîneur de l’équipe et du joueur. Les coachs n’ont pas le temps de discuter. Ils pensent à la prochaine séance d’entraînement et au match qui s’en vient.
« Le rôle d’un responsable du développement implique de la psychologie. »
Une ligne à respecter
Lorsque Ramage effectue une tournée dans les collèges américains, il quitte généralement sa ville de résidence le jeudi. Le lendemain, il assiste aux séances d’entraînement, puis il revient en soirée pour les matchs. Le rituel est le même le samedi.
« Je m’entretiens avec les entraîneurs et je m’informe de la teneur des messages qu’ils livrent à nos choix au repêchage, indique-t-il.
« Tout ce que je fais est de renforcer ces directives à nos joueurs. N’étant pas leur entraîneur, je ne joue pas au coach avec eux. Je dois respecter la ligne de conduite de leurs entraîneurs.
« Moi, je m’assure qu’ils fassent les bonnes choses sur la patinoire et dans leur vie. Et ça commence par la confiance dans les relations. Quand on apprend à les connaître, ils se livrent avec ouverture. Si un problème survient, il devient alors plus facile d’en discuter. »
Ramage et Bouillon n’ont pas eu la chance de grandir dans cet environnement.
Ramage a commencé sa carrière professionnelle à 18 ans avec les Bulls de Birmingham, de l’Association mondiale. Les Baby Bulls comme on les surnommait en raison de la présence de plusieurs joueurs de cet âge dans leur formation.
Lors de la fusion entre l’AMH et la LNH, en 1979, Ramage a été le tout premier choix au repêchage cette année-là. Les Rockies du Colorado, son équipe, n’étaient pas une référence en matière d’excellence.
« Les vétérans nous servaient de mentors, reprend-il.
« René Robert et Lanny McDonald m’ont aidé à Denver. »
Le fouet de Barclay Plager
Quand l’équipe a pris le chemin du New Jersey en 1982, il a été échangé aux Blues de St.Louis.
« C’est là que j’ai connu mon plus grand mentor en Barclay Plager, qui était entraîneur des défenseurs.
« C’est là aussi que j’ai appris ce qu’était l’amour dur [tough love]. Jusque-là, j’avais connu du succès à l’offensive. Mais Barclay m’a dit que c’est en m’appliquant sur mon jeu défensif que je resterais dans la ligue. »
Ramage a passé 15 saisons dans la LNH, jouant avec huit équipes au passage et remportant la Coupe Stanley avec les Flames de Calgary en 1989 et le Canadien en 1993.
La sévérité de Plager à l’endroit de Ramage a porté à tel point que le deuxième prénom du fils de Ramage est Barclay.