«C’est aux deux, trois mois qu’ils se font voler»: des câbles de bornes électriques ciblés à cause du cuivre
Marie-Laurence Delainey
Le nombre de vols de câbles de bornes de recharge de voitures électriques, prisés pour le cuivre contenu à l’intérieur, est en augmentation à Montréal, ce qui force l’industrie à faire preuve d’imagination pour protéger le matériel.
«Depuis quelques mois, on sent qu’il y a une effervescence au niveau du vol», note Stéphane Daoust, consultant en électrification des transports.
Même si le phénomène est récent et marginal, Hydro-Québec dit noter une augmentation de ce type de vol depuis le printemps.
Au Marché Maisonneuve à Montréal par exemple, des câbles de bornes du Circuit électrique gérées par la société d’État ont récemment été coupés puis volés.
«C’est aux deux, trois mois qu’ils se font voler. C’est vraiment l’enfer», raconte Martin Fournier, un résident du secteur.

Ces événements ont forcé Hydro-Québec à installer au Marché Maisonneuve, mais aussi à d’autres endroits «plus à risque», des caméras de surveillance.
Des «traceurs» ont aussi été posés dans les fils pour permettre de géolocaliser le câble. «Ces équipements de surveillance nous ont d’ailleurs permis d’attraper un voleur au début septembre», précise le porte-parole d’Hydro-Québec Louis-Olivier Batty.

Des Airtag mènent les policiers à la résidence d’un voleur
Le président d’une entreprise trifluvienne qui recycle des pièces de véhicules électriques s’est fait voler à deux reprises les câbles de ses bornes extérieures. Mais la deuxième fois, il a réussi à faire arrêter le voleur, car il avait pris soin d’installer des Airtag, le dispositif de géolocalisation d’Apple, à l’intérieur des câbles.

«On a appelé les policiers et pendant qu’ils étaient ici, j’ai reçu une alerte disant que les Airtag étaient localisés, c’était au coin de la rue», raconte Guillaume André.

«On a fait une perquisition sans mandat, puisqu’on avait des motifs hors de tout doute qui nous permettaient de croire que le matériel volé était là», explique le porte-parole de la police de Trois-Rivières, Luc Mongrain. Un homme de 39 ans a été arrêté.
Prévenir plutôt que guérir
Une entreprise montréalaise de stations de bornes de recharge croit avoir trouvé la solution pour prévenir les vols. Evera Technologies travaille sur un dispositif permettant de verrouiller le câble à l’intérieur d’un boîtier. «Le système sera disponible en 2025 pour empêcher les câbles d’être sortis par quelqu’un d’autre que les utilisateurs», explique le directeur général, Karl-Olivier Therrien.
Beaucoup de risques pour peu de résultats
Le cuivre vaut un peu moins de cinq dollars la livre. Un câble moyen d’une borne de recharge de niveau 2, par exemple, pourrait valoir entre 5 et 25$ si et seulement si le voleur a le temps, les outils pour couper le câble et extraire le cuivre et qu’il accepte de prendre les risques d’électrisation qui l’accompagnent.
«Ça coûte plus cher en essence de venir faire le vol que ce que ça va rapporter au total», ajoute Stéphane Daoust.

Mais les coûts de remplacement eux sont considérables. «On parle de quelques milliers de dollars pour chaque câble à remplacer», indique le porte-parole d’Hydro-Québec, Louis-Olivier Batty.