Fini, la promesse des bus toutes les «10 minutes max», annonce la STM
Jean-Michel Clermont-Goulet
La Société de transport de Montréal (STM) a annoncé en ce début d'année qu’elle mettait fin à sa promesse d’une attente de «10 minutes max» qui était en vigueur sur certaines lignes de son réseau d’autobus. La clientèle devra donc s’armer de patience aux arrêts, même aux heures de pointe.
• À lire aussi: Métro et bus - le transport en commun devrait-il être gratuit aussi pour les jeunes?
• À lire aussi: 1 bus sur 4 est en retard à Montréal
Pourquoi avoir pris cette décision? C'est que la pandémie, le télétravail et les changements d’habitude de la clientèle ont fait diminuer la demande, mentionne par courriel le relationniste de la STM Philippe Déry. Ainsi, certains bus se retrouvent à moitié vides durant les heures de pointe – et moins de clients veut aussi dire moins d'argent pour financer les services.
Actuellement, l’achalandage du réseau d’autobus tourne aux alentours de 70% du niveau prépandémique. La société de transport prévoit qu’il atteindra à peine entre 70 et 80% pour l’année 2023.
Avant la pandémie, la STM comptait 31 lignes de bus faisant partie du réseau en 10 minutes max lancé en 2010.
L'offre s’est effritée petit à petit et, au début 2023, il ne restait que huit lignes qui comptaient encore des passages toutes les 10 minutes (18 Beaubien, 24 Sherbrooke, 33 Langelier, 64 Genest, 103 Monkland, 106 Newman, 141 Jean-Talon Est et 406 Express Newman), jusqu’à en compter moins de 10 au début de cette année. Depuis le 9 janvier, même ces lignes n'ont plus de passages garantis toutes les 10 minutes.
Les ressources sont redistribuées ailleurs dans le réseau. «Cette mesure est alignée avec notre volonté d’optimiser le service pour répondre aux besoins sur les circuits en croissance d’achalandage, notamment dans les secteurs industriels, et d'ajuster le service sur d’autres lignes à travers le réseau montréalais», affirme M. Déry.
• À lire aussi: Départs annulés - il manque de chauffeurs d'autobus et c'est un problème
Quand on lui a demandé si elle ne craint pas qu'une baisse de service amplifie la baisse d'achalandage, la STM a été rassurante, certifiant que la fréquence de passage des bus de ces huit lignes restera élevée. Un autobus pourrait passer d’une fréquence de 10 min à 12 min pendant une courte période, faisant effectivement en sorte que la «promesse» de 10 minutes max ne s’applique plus, sans que l'attente soit tellement plus longue.
Attention: il se peut que les panneaux d’arrêt aient encore le pictogramme «10 minutes max» malgré la suppression du service. Leur retrait se fera graduellement. Quant au site internet de la STM, il n'y a plus aucune mention dudit réseau spécial depuis le 9 janvier.
Pour toute information sur le passage d'un autobus, la STM invite la clientèle à consulter les applications comme Chrono qui diffusent en temps réel le positionnement des autobus.
Moins de chauffeurs à l’horizon?
Malgré une coupure dans les passages, cela ne signifie pas pour autant qu’il y a eu des suppressions de postes à la STM ou qu’il y en aura.
«Les optimisations apportées à l’offre de service de la STM n’ont nécessité aucune mise à pied, même temporaire, mentionne Philippe Déry. Nous disposons d’un nombre suffisant de chauffeurs pour assurer le service, et cette mesure n’est pas liée à la disponibilité de notre main-d’œuvre.»
Cette baisse de service de la STM sur les lignes de bus 10 minutes max survient quelques mois après la présentation du budget 2023 du transporteur, en novembre dernier, qui prévoyait un déficit de 77,7 millions $. M. Déry soutient que la nouvelle offre de service se fait dans une optique de saine gestion des fonds publics, mais également en concordance avec la situation financière de l’organisme.