Fiasco SAAQclic: le commissaire Gallant promet une recherche objective et impartiale de la vérité

Nicolas Lachance
Sur la sellette en raison de ses liens avec la ministre Sonia LeBel, le commissaire de l’enquête publique sur le fiasco SAAQclic promet une recherche «objective» et «impartiale» de la vérité. Il a «délibérément» choisi d’ex-membres de la commission Charbonneau afin de travailler avec les «meilleures ressources» et une équipe «élite».
«Rien ne se fera en catimini», a déclaré le commissaire Denis Gallant lors de son allocution d’ouverture de la Commission d’enquête sur la gestion de la modernisation des systèmes informatiques de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). Il promet de «retourner toutes les pierres».
Les auditions commenceront la semaine prochaine avec les explications du Vérificateur général du Québec (VGQ) et celles de l’Autorité des marchés publics (AMP), qui avait récemment suspendu les contrats de SAAQclic. Satisfaite des engagements pris par la société d’État, l’AMP a levé la suspension jeudi.
D’entrée de jeu, le commissaire Denis Gallant a insisté sur l’importance de rechercher la vérité sur le fiasco du programme CASA/SAAQclic et les dépassements de coût de 500 M$ qui y sont rattachés.
En plus des retards et des ratés, le VGQ a révélé que la facture du projet informatique CASA/SAAQclic atteindra au minimum 1,1 G$.
Des responsables du projet auraient également floué les élus.
Gallant compte tisser la toile de ce fiasco, sans faire «de compromis».
Apparence de conflit
Or, au moins trois des responsables nommés pour faire la lumière sur ce scandale se retrouvent en apparence de conflit d’intérêts.
En plus du juge Denis Gallant, d’autres acteurs clés de la commission d’enquête publique sur SAAQclic ont des liens de proximité avec Sonia LeBel.
Sonia LeBel est une ex-procureure de la commission Charbonneau, sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction.
Elle y a travaillé avec Denis Gallant ainsi que d’autres enquêteurs de la nouvelle commission d’enquête sur le fiasco SAAQclic.
Le commissaire a expliqué avoir «délibérément» choisi «de recruter des personnes qui ont travaillé à la commission Charbonneau afin de bénéficier de leurs compétences et de leur expérience».
Déclaration d’intérêt
En parallèle, le commissaire a tenté «de rassurer le public» qui est «préoccupé» par ses liens avec la ministre LeBel.
Il exigera que tous ceux qui ont travaillé avec l’actuelle présidente du Conseil du trésor déclarent leurs liens, afin d’éviter toute apparence de partialité.
«Cette apparence est suffisante pour [que subsiste] une crainte raisonnable. J’ai voulu que cette commission dispose de règles visant à encadrer les conflits d’intérêts réels ou apparents pour en garantir l’intégrité», a-t-il indiqué.
Si nécessaire, les membres de la commission devront remplir une déclaration de conflit d’intérêts.
Tous les membres en conflit ou en apparence de conflit d’intérêts, incluant Denis Gallant, devront se retirer de toutes interactions et informations concernant la personne visée. Ils ne pourront accéder aux témoignages qu’en audience publique.
Le registre de déclaration d’intérêt sera d’ailleurs rendu public.
Récusation réclamée
Les affirmations du commissaire n’ont pas rassuré les partis d’opposition à Québec. Ils ont, à nouveau, réclamé la récusation de Denis Gallant.
«Qu’il se récuse», a répété le député de Jean-Talon, Pascal Paradis. Le chef intérimaire du PLQ, Marc Tanguay, a répété qu’il s’agit «d’une commission entachée de crédibilité».
C’est «l’ombre» sur cette commission, soutient la solidaire Ruba Ghazal. Les libéraux avaient dénoncé un «party de famille» et les péquistes, un «conventum de la commission Charbonneau».
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