Félix réussit sa rentrée
Jessica Lapinski
Ce ne fut pas une tranquille promenade dans le parc, mais Félix Auger-Aliassime a usé de l’opportunisme qui caractérise les meilleurs joueurs afin de se qualifier pour le deuxième tour des Internationaux des États-Unis, lundi.
Demi-finaliste à New York l’an dernier, le Québécois faisait face d’entrée de jeu à un adversaire énigmatique. Le Suisse -Alexander Ritschard, 186e mondial à 28 ans, ne comptait à ce jour qu’un seul match d’expérience dans le tableau principal d’un tournoi majeur.
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Même avant l’affrontement, Félix disait se méfier de ce qualifié «qui n’avait rien à perdre». Le sixième favori avait en partie raison : il lui aura fallu plus de trois heures de jeu pour accéder au tour suivant, par la marque de 6-3, 6-4, 3-6 et 6-3.
«Il y a eu de bonnes choses, très positives, dans cette rencontre, a relevé le joueur de 22 ans en point de presse. Mais je sais qu’il y a place à l’amélioration. L’important, au final, c’est que je m’en suis sorti, que j’ai bien terminé la rencontre. Cela me donne confiance pour la prochaine ronde.»
Aidé par son service
Le soleil plombait sur le Grandstand, troisième terrain en importance à New York, quand la fierté de L’Ancienne-Lorette y a fait son entrée en milieu d’après-midi.
Sous les quelque 30 degrés ambiants, la foule était plutôt clairsemée, mais elle avait déjà choisi son favori. Des «let’s go Félix!» se sont fait entendre dès l’échauffement.
Et Félix n’a pas déçu ses partisans. Dès le deuxième jeu, il a réussi à soutirer le service de son rival.
Sa puissante première balle (il a gagné 76 % des points sur celle-ci) l’a ensuite aidé à se tirer d’embarras dans les situations plus corsées. Comme lorsqu’il a privé Ritschard d’un bris grâce à un as.
La deuxième manche a été à l’image de la première. Sans offrir un tennis aussi étincelant que celui qu’il a présenté dans ses premières rondes à Montréal, Auger-Aliassime a fait le juste nécessaire pour empocher le set.
La revanche de Ritschard
Le Québécois semblait voguer vers une victoire somme toute facile. Mais comme il l’avait craint, le Suisse, le dos au mur, a alors élevé le niveau de ses frappes.
Au quatrième jeu, Ritschard est parvenu à briser Auger-Aliassime pour la première fois de la rencontre, sur un revers raté.
«FAA» ne s’en est pas remis immédiatement et une heure après être sorti du terrain, il pointait du doigt «une baisse de concentration».
Mais pas seulement ça : «Je ne sais pas s’il joue comme ça à chaque match, mais il essayait de frapper très, très fort, a analysé Félix. Dès qu’il était dans une bonne position, il lâchait sa frappe, il tentait le coup gagnant.»
«Ç’a marché à certains moments, ça lui a permis de gagner un set, a-t-il continué. Mais c’est dur de maintenir ce niveau, de frapper aussi fort, de façon précise, durant tout un match. Je savais donc qu’à un certain moment, j’allais avoir mes occasions.»
«Come on!» et poing levé
Auger-Aliassime les a bel et bien eues, ces fameuses occasions, à 2-1 en quatrième manche.
Il s’est alors offert trois chances de briser et a pris les devants pour de bon quand le 186e joueur au monde a frappé la balle dans le filet.
Au jeu précédent, le jeune joueur avait lui-même sauvé trois balles de bris, dont la dernière grâce à un as, l’un des 13 qu’il a réussis dans ce match.
Il s’était alors félicité d’un puissant «come on!», brandissant un poing conquérant à la foule, dévouée à sa cause.
Félix a ensuite eu une première occasion de servir pour la victoire à 5-1, mais il est passé à côté. Il s’est repris à la seconde, s’offrant du même coup la chance d’affronter Jack Draper mercredi.
Un bon test mercredi
Auger-Aliassime ne connaissait pas l’identité de son prochain adversaire au moment de rencontrer la presse.
Mais il était conscient qu’il pourrait s’agir du Britannique de 20 ans, 53e au monde, un gaucher prometteur auquel il ne s’est encore jamais mesuré.
Draper, tombeur du Finlandais Emil Ruusuvuori (49e) en trois manches, lundi, a fait tourner les têtes il y a trois semaines à Montréal.
Issu des qualifications, il a atteint les quarts, renversant au passage le cinquième mondial, le Grec Stefanos Tsitsipas.
Un fait d’armes que Félix n’a pas manqué de relever, avant d’ajouter : «Je sais que j’ai mes chances. Je dois continuer à faire ce que je fais le mieux. Comme ça, je vais me donner des occasions de gagner.»
Après cette journée occupée pour les joueurs canadiens, un seul représentant de l’unifolié sera en lice mardi au US Open. L’Ontarien Denis Shapovalov, 19e favori, fera face au Suisse Marc-Andrea Huesler, 85e, en milieu d’après-midi.