Félix Auger-Aliassime et Alexis Galarneau: une partie de cachette qui avait mal tourné
Jessica Lapinski
Une fois, lors d’un tournoi en Autriche, Félix Auger-Aliassime et Alexis Galarneau jouaient à la cachette avec d’autres joueurs. Ils avaient 13 ou 14 ans.
Pour s’assurer de ne pas être repérés, ils s’étaient terrés dans la salle d’électricité de l’hôtel. Le personnel n’avait pas apprécié. Si bien que l’un des employés avait... appelé la police.
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«Il n’était rien arrivé de grave finalement. J’étais plus le tannant, et Félix était le plus calme. J’essayais quand même de donner l’exemple, car j’étais un peu plus vieux, mais Félix a toujours été plus discipliné», se souvient Galarneau, 23 ans et d’un an l’aîné du duo, un sourire dans la voix.
«Ce sont de bons souvenirs! On partait en tournois ensemble, à travers le monde. On a fait quelques trucs du genre... On a testé les limites de nos entraîneurs aussi, ce qui je pense, est normal à cet âge», ajoute en riant Auger-Aliassime.
Elle remonte donc à loin, cette amitié entre les deux joueurs québécois. Mais aussi celle qui lie tous les joueurs du Canada présents à cette phase finale de la Coupe Davis, dans la magnifique Malaga.
Il y a Auger-Aliassime, Denis Shapovalov, Vasek Pospisil, ainsi que Galarneau et Gabriel Diallo, tous deux classés hors du top 200 et qui, à moins d’une blessure ou d’une surprise, ont fait le déplacement à titre de substituts, et de partenaires d’entraînements (voir autre texte).
Comme des frères
Si Félix et Alexis se connaissent depuis qu’ils ont 8 et 9 ans, Auger-Aliassime est aussi un bon copain de Diallo. Son père l’a pris sous son aile quand il a été retranché du Centre national de Tennis Canada, au début de l’adolescence.
Diallo considère le sixième mondial «comme un frère», avait dit Sam Aliassime au Journal, lors des Internationaux des États-Unis.
Et Félix, lui, a déjà qualifié Pospisil de «grand frère». Puis, bien sûr, il y a ce lien qui l’unit à Shapovalov, qui a commencé à grimper au palmarès de l’ATP sensiblement en même temps que lui, et avec qui il a gagné le US Open en double chez les juniors, il y a sept ans.
«Le meilleur esprit d’équipe»
Cette dernière ronde de la Coupe Davis, qui s’amorcera jeudi pour le Canada, contre l’Allemagne, c’est donc l’histoire d’une gang de «chums» qui sont venus en Espagne pour avoir du plaisir. Et pour gagner, bien sûr.
Bref, pour gagner en ayant du plaisir.
«Je pense qu’on a probablement le meilleur esprit d’équipe parmi les huit équipes qui sont là, souligne Galarneau. Je connais moins les autres formations, mais c’est difficile de battre le lien qui unit une équipe qui est composée de gars qui se connaissent depuis qu’ils ont 8 ans.»
«On a tous joué contre, on a voyagé ensemble, Félix, c’est mon meilleur ami depuis que j’ai 9 ans. Ça se ressent dans le vestiaire et on s’amuse vraiment», précise le joueur de 23 ans, actuel 204e mondial.
«J’ai moins grandi avec Denis, raconte pour sa part Auger-Aliassime. Mes amis d’enfance, ce sont plus Alexis et Gabriel. Mais avec [Shapovalov], j’ai vécu plusieurs bons moments sur le terrain, depuis qu’on a 15 ans. Donc, c’est bon de se retrouver tous ensemble, ici.»
La victoire, rien de moins
Dans un nouveau format mis en place cette année, la phase finale de la Coupe Davis s’est amorcée mardi, avec un quart de finale entre les Néerlandais et les Australiens. Ce sont ces derniers qui ont atteint le carré d’as, grâce à des victoires en trois manches de Jordan Thompson, 84e mondial, et d’Alex de Minaur, 24e.
Outre ces nations, ainsi que le Canada et l’Allemagne, les autres pays participants sont les États-Unis, l’Italie, la Croatie et l’Espagne. Tous se sont qualifiés en septembre.
Dans chacune des confrontations, il y aura deux matchs de simple et un double décisif, en cas d’égalité.
Avec la blessure qui forcé le forfait du numéro 1 mondial Carlos Alcaraz, au grand dam des hôtes, les représentants de l’unifolié comptent sur le joueur le mieux classé du tournoi en Félix.
Un Félix qui ne vise rien de moins que la victoire, après avoir perdu en finale il y a trois ans, devant les Espagnols.
Les Canadiens devront toutefois se méfier d’une autre puissance, les Américains, représentés notamment par Taylor Fritz, neuvième, et Frances Tiafoe, 19e. Le seul autre pays qui mise sur deux tops 20 – Shapovalov est 18e –, qu’ils pourraient croiser dès les demi-finales, samedi.
«Oui, évidemment, l’objectif c’est de gagner! lance Auger-Aliassime. Il faut être bon pendant trois jours et le trophée sera à nous. Mais on a vraiment envie de l’emporter.»