D’un championnat à l’autre
Stéphane Cadorette
Avant Joe Burrow au Super Bowl à Los Angeles, il y a eu Jim Burrow à la Coupe Grey à Montréal. Le fiston se retrouve sous le soleil californien au sommet de la NFL, tandis que le père négociait avec le rude hiver québécois, dans la LCF. Ce qu’ils ont en commun, c’est le profond désir d’amener un deuxième championnat professionnel dans la famille, 45 ans plus tard.
Le 27 novembre 1977, sur le terrain complètement glacé du Stade olympique, les Alouettes explosaient les Eskimos d’Edmonton 41-6 pour décrocher la Coupe Grey. Choix de huitième ronde par les Packers, dans la NFL, c’est plutôt dans la métropole québécoise que Jim Burrow a vécu l’euphorie d’un championnat.
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En raison des conditions climatiques extrêmes, ce match est entré dans la légende de la Ligue canadienne en étant surnommé le Ice Bowl.
« Joe en sait pas mal de mon passage dans la LCF. Mon fils Jamie est né pendant que je jouais à LA et mon autre fils Dan est né quand je jouais à Ottawa. »
« On reparle souvent de mon époque au Canada. On a quelques fois parlé des différences de règles et regardé des matchs à la télévision. Joe a aussi rencontré Doug Flutie lors de la remise du trophée Heisman (en 2019). Il en sait probablement plus sur la LCF que n’importe quel autre de ses coéquipiers », s’est amusé à raconter le paternel du célèbre quart-arrière des Bengals, lors d’un entretien cette semaine.
Moments anxieux
Au terme de sa carrière de six saisons au Canada, dont trois complètes à Montréal, Burrow est devenu entraîneur sur la scène universitaire américaine. De 2005 à 2018, il a été coordonnateur défensif des Bobcats de l’Ohio.
S’il a tout arrêté, c’était pour suivre de plus près les exploits de son fils Joe, lorsque ce dernier a fait le saut de Ohio State à LSU. C’est en 2019 qu’il a gagné le championnat national de la NCAA.
« On pensait avoir tout vécu au championnat national, mais cette fois, c’est renversant. Nous n’avions pas réalisé toute l’amplitude de ce que représente le Super Bowl et le fait que Joe soit rendu là », a confié Jim, qui admet que ses nerfs lui jouent des tours.
« Je me disais qu’après tous les matchs auxquels j’ai pris part comme joueur et entraîneur, la nervosité ne m’atteindrait pas, mais au contraire, ça s’est intensifié. C’est au point où ma femme et moi devenons très anxieux. Ce ne sera que magnifié pour le Super Bowl. »
Un fils reconnaissant
Même si Joe Burrow s’est retiré dans sa bulle cette semaine, loin des exploits passés de son père, il n’a pas hésité à parler de l’apport de ce dernier dans son développement, lorsque Le Journal est parvenu à lui glisser une question lors d’une énorme mêlée de presse.
« Il était un entraîneur, donc le football a toujours fait partie intégrante de ma vie en grandissant. Il m’a appris à être tough et à toujours travailler fort. »
« J’aimais écouter ses histoires en grandissant. C’était excitant pour moi de savoir que mon père avait été un joueur professionnel qui avait pris part à de si gros matchs. Je ne suis pas encore allé au Canada, mais ça fait partie de mes plans éventuellement », a-t-il dit.
Une routine familiale
Aujourd’hui, Jim Burrow respectera sa routine en textant quelques conseils à son fils. Tout aussi fidèle à sa routine, Joe Burrow ne lui répondra pas !
« Sa mère et moi, nous lui envoyons des textos pour lui rappeler de prendre de bonnes décisions et de protéger le ballon, par exemple. Il ne répond jamais parce qu’il reste dans sa bulle, mais on pense qu’il les lit. Une fois, après un match, je lui ai demandé s’il avait lu mon message. Il m’a répondu : ‘‘Papa, je sais très bien quoi faire, mais merci !’’ On sait tout ça, mais c’est devenu réconfortant de lui écrire », a expliqué Jim.
Un entraîneur a beau être un dur, mais impossible d’empêcher le cœur d’un papa d’aimer...
Sur le terrain comme dans la vie
Toute la semaine, en prévision du Super Bowl, les joueurs des Bengals ont parlé de l’effet rassurant que Joe Burrow leur procure par sa façon d’aborder chaque situation avec calme. Son père Jim ajoute que même loin du terrain, ce trait de sa personnalité a toujours été présent.
Pas pour rien que plusieurs se plaisent à le surnommer « Joe Cool 2.0 », un clin d’œil au mythique ancien quart-arrière des 49ers Joe Montana, qui était imperturbable.
À maintes reprises cette saison, cette qualité est ressortie dans le jeu de Burrow
et dans ses prises de décisions. Face aux Chiefs en finale de la conférence américaine, quand tout semblait s’écrouler autour de lui, il n’a jamais cédé à la panique.
« C’est sa personnalité. Il a toujours eu le même tempérament », a confié au Journal celui qui l’a vu grandir et qui est le mieux placé pour en discuter.
« Joe dégage naturellement beaucoup de confiance. Ce n’est pas un personnage. Sur le terrain, la raison pour laquelle il est si calme, c’est qu’il est extrêmement bien préparé. Quand il se retrouve dans une situation où la pression pourrait être écrasante, il sait exactement comment réagir », a-t-il continué.
Un style différent
Bien souvent, de grands joueurs se sont fait reconnaître par une forme de leadership très vocal. À des dizaines de reprises, les Tom Brady et Peyton Manning de ce monde ont motivé les troupes à grands cris.
« Le style de leadership de Joe n’a jamais été de s’enflammer. Il a ses moments où il montre davantage d’émotions, mais ils sont plutôt rares », a indiqué le paternel.
Pour sa part, Joe Burrow estime plutôt qu’il faut simplement savoir lire ce que chaque situation commande.
« J’essaie de demeurer calme. Comme quart-arrière, il y a des moments où il faut être fougueux et d’autres moments où il faut juste être une présence rassurante. Je pense que le travail d’un quart-arrière, c’est de comprendre que chaque situation peut demander un style différent. »
Un atout dans la guérison
Aux yeux de Jim Burrow, c’est justement cette personnalité zen qui a aidé son fils à ne pas sombrer dans le découragement l’an dernier quand une blessure à un genou a mis fin abruptement à sa saison recrue.
« Plusieurs personnes disaient qu’il ne reviendrait pas à temps pour le début de la saison ou qu’il ne serait plus le même. À partir du moment où il a entendu les doutes à son sujet, ça l’a encore plus motivé à revenir en force. »
« Il a vraiment travaillé fort. Quand tu subis une telle blessure, il y a des moments où tu ne vois pas de progrès et les semaines semblent sans fin. C’est encore une fois son calme qui l’a bien servi. Il a fait ses affaires et suivi les instructions à la lettre. »
PARTISANS DES BENGALS
Belle invasion
LOS ANGELES | Des légions d’amateurs des Bengals sont débarquées en ville à Los Angeles dans les derniers jours. Pour l’occasion, pas moins de 33 vols directs en provenance de Cincinnati auraient été ajoutés à l’offre habituelle cette semaine. Les partisans des Bengals n’ont pas vécu le Super Bowl depuis la saison de 1988, donc il n’est pas étonnant qu’ils prennent la ville d’assaut. Il faudra voir quel sera leur impact lors du match. Comme chaque année, plusieurs veulent être sur le site du Super Bowl, sans forcément se payer les billets pour le match. Il sera difficile de faire mieux que ce que les partisans des Seahawks avaient fait à New York au Super Bowl 48. Ils étaient innombrables et extrêmement bruyants. À suivre...
STATUE
Robitaille immortel
Aux abords du Crypto.com Arena, quelques grandes vedettes de l’histoire sportive de Los Angeles ont été immortalisées avec de splendides statues. Depuis 2015, le plus productif ailier gauche de l’histoire de la LNH, Luc Robitaille, en fait partie. Et quelle statue ! D’une hauteur de 19 pieds, il est difficile de manquer le Québécois, qui lève fièrement le bâton dans les airs, sur son socle de granit. Les couleurs de l’uniforme blanc, noir et argenté sont reproduites à merveille. Robitaille se retrouve en bonne compagnie aux côtés de Wayne Gretzky et des grands noms des Lakers que sont Magic Johnson et Kareem Abdul-Jabbar.
STATIONNEMENT
Affaires en or
Chaque année, les prix des billets font la manchette, mais sachez que ceux qui tiennent à se rendre au SoFi Stadium en voiture devront déplier les billets. Sur les sites de revente, des espaces de stationnement sont disponibles pour la modique somme de 370 $... à 1,5 km du stade. Sur le site même, il pourrait en coûter jusqu’à 4000 $. Lors de notre visite médiatique du stade, mardi, déjà quelques résidents du quartier autour du stade indiquaient sur des pancartes qu’ils offraient le stationnement sur leur terrain pour 200 $. Une aubaine, dans les circonstances ! Un autre offrait la possibilité de stationner cinq voitures, pour 1000 $. Toutes les façons de rentabiliser le Super Bowl sont bonnes.