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L'article provient de 24 heures

Faire un swap: la seule manière de se trouver un appart à Montréal?

Photomontage Marilyne Houde
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Photo portrait de Genevieve            Abran

Genevieve Abran

2023-03-30T10:00:00Z
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Avec la crise du logement, faire un swap est-il devenu la seule façon de trouver un nouvel appartement à Montréal? 24 heures a jasé avec quatre personnes actuellement à la recherche d’un nouveau logement.  

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Andrea et son conjoint, qui attendent leur premier enfant, cherchent un nouvel appartement plus grand. Pour trouver la perle rare, le couple souhaite utiliser son 3 1⁄2 dans La Petite-Patrie, dont le loyer est de 725$ par mois, comme monnaie d’échange.   

Un swap, c’est lorsque deux locataires s’entendent entre eux pour se céder leur bail et échanger leur logement.    

«On est forcé de le faire, parce qu’il y a uniquement des swaps qui sont disponibles à bas prix», confie Andrea, qui affirme ne pas le faire de gaieté de cœur.   

Des swaps et encore des swaps 

La Montréalaise ne semble d’ailleurs pas la seule à tenter le swap, qui est très populaire auprès des locataires dont le loyer est en dessous du marché actuel. Sur Marketplace, les annonces de swap sont omniprésentes, tout comme sur de nombreux groupes de locataires sur Facebook.   

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De façon générale, le locataire publie des photos accompagnées d’une description de son appartement actuel. Il indique également le type de logement qu’il recherche ainsi que la fourchette de prix qui l’intéresse.   

Et est-ce que c’est légal, «swaper» son appartement?  

Ça l’est absolument, indique l’avocat spécialisé en droit du logement David Searle. Comme il s’agit d’une double cession de bail, un propriétaire ne peut pas s’y opposer, sauf s’il a un motif sérieux. Par exemple, s’il croit que la personne n’a pas les moyens de payer le logement.  

Et est-ce que ça marche?  

Depuis qu’Andrea a publié début mars une annonce sur Marketplace et dans des groupes Facebook, elle a reçu des centaines de messages de personnes intéressées à reprendre son logement. Selon ses observations, au moins le tiers de ces personnes cherchaient activement à faire un swap.   

Elle remarque toutefois que certains locataires prétendent vouloir faire un échange d’appartements juste pour tester le marché.   

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De beaux appartements pas chers 

Comme Andrea, Maryève, qui paie à 670$ par mois pour un 3 1⁄2 dans Hochelaga-Maisonneuve, s’est tournée, à contrecœur, vers le swap.   

«Les apparts qui sont en swap ne sont vraiment pas chers, ils sont beaux, il y a des balcons et de la lumière, versus les apparts qui ne sont pas en swap [qui sont chers et en moins bon état]», remarque la Montréalaise.   

«Toutes les annonces qu’on voyait des swaps, ça nous fâchait un peu [...], mais on a décidé de rentrer là-dedans, parce que, sinon, on ne trouvait rien», poursuit celle qui espère un logement plus grand où emménager avec son partenaire.   

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Son plan semble toutefois tomber à l’eau: sa propriétaire l’a informée qu’elle souhaitait profiter de son départ pour reprendre le logement pour sa fille. 

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Ève souhaite quitter la maison familiale depuis un certain temps. Mais avec l’état au marché, elle craignait de se retrouver sans rien. Mais voilà qu’une de ses amies a décidé de quitter son 3 1⁄2 à 560$ par mois dans Villeray. Ève peut donc l’utiliser pour faire un swap.   

«J’ai vraiment été chanceuse d’avoir la possibilité de faire un swap, parce que sinon, je ne crois pas que j’aurais été capable [de trouver un appartement à bon prix]», admet-elle.  

Une bonne nouvelle pour les locataires? 

Sur papier, les swaps peuvent aider à garder le prix des logements abordables.   

Les cessions de bail permettent en effet à des locataires de contourner d’importantes hausses de loyer, souligne Guillaume Dostaler, coordonnateur d’Entraide Logement, un comité dans Hochelaga-Maisonneuve.  

Les personnes qui n’ont pas de logement intéressant à échanger pourraient toutefois souffrir de la montée en popularité des swaps. C’est le cas de Maely, qui habite toujours chez ses parents.   

«Vu que je n’ai rien à swap, je me sens prise», regrette la jeune femme, qui craint que les apparts abordables restent entre les mains des mêmes locataires.   

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