Soins aux aînés : faire le bon choix, maintenant
Lorraine Richard | Députée de Duplessis
Dans le large spectre des soins et des services qu’une société digne de ce nom doit fournir à ses aînés, il y a bien sûr la question de l’hébergement avec soins, pour celles et ceux qui, pour diverses raisons, en ont réellement besoin. De ces personnes, il y en aura toujours.
Mais si vous demandez leur préférence aux personnes âgées autour de vous, une très vaste majorité vous répondra : Si j’ai le choix? Rester chez moi, le plus longtemps possible. Ça, le Parti Québécois l’a compris.
Comme nous le proposons et le réclamons depuis plusieurs années, un véritable virage vers les soins à domicile doit donc s’opérer. Et de toute urgence, vu la courbe démographique annoncée. Selon les projections de l’Institut de la statistique du Québec, le quart des Québécois seront âgés de 65 ans ou plus en 2031; en 2061, les aînés formeront près du tiers de la population.
De toute évidence, l’État ne pourra fournir un toit à tout ce monde. Il faut donc privilégier le maintien à domicile, de façon à réserver les places en hébergement aux personnes qui en ont vraiment besoin. Vous l’aurez compris : il ne s’agit pas, ici, d’opposer ressources d’hébergement et soins à domicile. Les deux approches constituent les composantes essentielles d’un système prenant vraiment, efficacement et humainement soin des aînés du Québec.
La CAQ nous mène droit dans un mur
Ce que nous remettons en question, toutefois, c’est le dogme caquiste en faveur des maisons des aînés. Selon nos calculs, chaque chambre coûtera un exorbitant million de dollars. La CAQ l’admet. Mais, au lieu de reconnaître son erreur, elle cherche à faire diversion en commandant un nouveau rapport sur la situation des aînés au Québec. Ce sera, tristement, le 18e en 20 ans. Et parions qu’il viendra redire ce qui a déjà été dit, en mettant probablement l’accent sur l’urgence qui va sans cesse croissant. Le plus récent rapport, celui d’Alain Dubuc, daté d’août 2021, nous mettait déjà en garde contre le « mur » que le Québec est sur le point de frapper, faute d’avoir agi il y a une dizaine d’années, en suivant le plan du gouvernement Marois. Que diable dira le prochain rapport? Et que nous faut-il de plus?
Évidemment, lancer de nouvelles consultations et rédiger un nouveau rapport, ça coûte moins cher qu’offrir de vrais services, et ça permet de gagner du temps. Néanmoins, la réalité demeure : nous disposons déjà de toutes les données possibles et imaginables démontrant la nécessité d’augmenter substantiellement l’offre de soins et de services à domicile. Car une telle bonification est synonyme de plus d’autonomie, de respect et d’humanité et, accessoirement mais de façon non négligeable, de désengorgement du milieu hospitalier et des ressources d’hébergement – RI, RPA et CHSLD.
Penser aussi aux prochaines générations
Il ne faut pas perdre notre objectif de vue : donner à chaque personne les soins et les services dont elle a réellement besoin. À l’heure actuelle, 10 000 Québécoises et Québécois sont en attente d’une place en hébergement, alors que 41 000 autres auraient plutôt
besoin de soins et de services à domicile, pour pouvoir y demeurer. Collectivement, nous devons prendre les moyens de les leur fournir, comme d’autres pays l’ont fait, notamment le Danemark, qui consacre 73 % de son budget en soins de longue durée aux soins à domicile, contre 15 à 25 % ici.
C’est ce que le Parti Québécois souhaite ardemment : permettre aux personnes aînées de demeurer à la maison tant que c’est possible, tout en réduisant le fardeau des proches aidants, et impliquer, pour ce faire, les professionnels de la santé, les entreprises d’économie sociale et les organismes communautaires. Une façon de faire qui nous fera économiser à long terme entre 500 M$ et 1 G$ par année.
Fini, le temps où les CHSLD étaient la seule option possible. Les aînés doivent pouvoir vivre décemment chez eux; c’est une volonté qu’ils ont maintes fois exprimée, et notre rôle est de tout mettre en œuvre pour la respecter, par le biais d’une approche économiquement responsable qui bénéficiera également aux prochaines générations.
Lorraine Richard, députée de Duplessis
Porte-parole du Parti Québécois pour les aînés, les proches aidants et le maintien à domicile