«Faire du cinéma ne me manque pas», −Michel Côté
Samuel Pradier
Depuis plus de deux ans, Michel Côté a pris du recul vis-à-vis de son métier. Après 50 ans de carrière, il aspire à vivre sans contraintes et sans stress. Il n’en reste pas moins qu’il s’intéresse toujours à ce qui se fait au cinéma et au théâtre. Il a d’ailleurs accepté d’être président du 22e festival du film de l’outaouais avec grand bonheur. L’occasion idéale de le rencontrer pour faire le point sur sa nouvelle vie.
Michel Côté est détendu et souriant quand on le retrouve dans un restaurant d’Outremont. De nature affable, le comédien a toujours pris plaisir à rencontrer les médias pour la promotion de ses films. Même s’il a pris du recul par rapport à son métier, il semble toujours joyeux de parler de ses projets. «Ça faisait longtemps qu’on me demandait de participer de différentes façons à des festivals de cinéma... Mais habituellement, de février à avril, j’étais en tournée avec Broue. Ça va faire deux ans qu’on a arrêté, alors j’ai maintenant plus de temps pour ce genre d’événement.»
Le comédien confie qu’il fréquente encore les salles obscures de temps en temps. «Mais je suis beaucoup moins assidu que ma femme. Véronique va souvent au cinéma. Moi, j’en manque, je suis très occupé. J’ai une vie très remplie, je n’arrête pas une minute.»
D’ailleurs, même s’il reçoit encore régulièrement des scénarios, il ne semble pas prêt à reprendre le chemin des plateaux de tournage. «Faire du cinéma ne me manque pas. Il faut aimer se lever tôt, attendre toute la journée, étudier ses textes pour les connaître sur le bout de ses doigts, parce que les tournages vont vite. Et il faut se mettre de la pression, car il y a de grandes attentes. Ensuite, il y a toute la promotion. C’est du boulot.»
Une carrière exemplaire
Michel Côté n’a pas pris une retraite définitive, mais pour qu’il se commette une fois de plus, il faudra que le projet soit excellent. «Je m’aperçois que, plus j’attends, plus ça va être difficile, car l’attente grandit. Il ne faut pas travailler pour travailler. Si j’accepte quelque chose, ce sera parce que j’aurai eu un coup de cœur incroyable pour le scénario et que ça va m’amener ailleurs. J’ai assez bien bâti ma carrière, en incarnant des personnages différents parce que j’avais peur de lasser les gens.» Un projet serait actuellement dans l’air, mais le scénario n’est pas encore écrit. On n’en saura pas plus.
Si les gens lui disent parfois qu’ils s’ennuient de le voir à l’écran, le comédien a l’impression d’en avoir donné pas mal à son métier et au public. «Après 50 ans de carrière, j’ai le droit de voyager, de m’occuper de mes petits-enfants, d’aider mes enfants à peinturer chez eux, de faire du sport... Je ne sais pas combien d’années il me reste à vivre, j’essaie donc d’en profiter. J’ai plein d’amis qui sont déjà morts et qui étaient parfois plus jeunes que moi. Je pense à ça. C’est un métier le fun; j’en ai fait beaucoup et j’en ai profité. Ce n’est pas que je n’ai plus rien à prouver, mais c’est juste que ça ne me tente plus.»
La famille avant tout
Michel Côté est un homme occupé, même s’il ne travaille plus: ses trois petits-enfants sont désormais sa priorité. «Françoise, 18 mois, Olivia, 4 ans, et Théo, 9 ans, sont toute ma vie. On s’en occupe beaucoup, Véronique et moi, on est très disponibles. Quand on sait qu’on va partir en vacances, on donne beaucoup de notre temps. Ce matin, j’étais d’ailleurs avec la petite Françoise. On va chercher les enfants à l’école, on est souvent avec eux.»
Grand-papa gâteau, le comédien assure même qu’il s’ennuie rapidement de sa tribu. «Je ne veux plus partir plus de deux semaines en vacances, car je m’ennuie trop des petits. Je préfère partir plus souvent, mais moins longtemps. L’automne dernier, on est partis 23 jours en Afrique du Sud et, vers la fin, je m’ennuyais d’eux et j’avais hâte de pouvoir passer du temps avec eux.»
Quand il n’est pas avec ses enfants ou ses petits-enfants, il profite de son temps libre pour rester actif et faire du sport. «J’adore l’hiver. Je viens d’Alma, je suis un gars du Nord. L’hiver, on fait du ski alpin et du ski de fond, et je joue encore un peu au hockey. Mais rendu au mois de mars, je ne suis plus capable. On partira donc prochainement en vacances pendant deux semaines, Véronique et moi.»
Vieillir en santé
Michel Côté peut compter sur de bons gènes puisque sa maman est encore en pleine forme. Le 25 juin, il célébrera ses 70 ans, un passage important. «C’est un grand privilège de vieillir. Le prix à payer est qu’on a des rides, des cheveux gris et qu’on les perd. Mais ça vaut la peine de vieillir. Je suis chanceux. Je suis avec ma femme depuis 48 ans, mes deux enfants m’aiment malgré le fait que j’étais sévère pendant leur adolescence, et mes petits-enfants sont merveilleux. Je dois dire que la vie est belle. Dans ce cas-là, je veux vieillir longtemps.»
Le mauvais côté de la vieillesse, c’est l’échéance qui se rapproche. «Ce serait bien plate que ça m’arrive dans les prochaines années, car je ne suis vraiment pas prêt, mais un jour, je le serai... J’imagine qu’un jour, on est prêt à partir. Quand je pense à ça et que j’évalue l’âge qu’auront mes petits-enfants, je deviens émotif parce que j’aimerais les voir grandir, connaître leurs enfants... En même temps, je ne veux pas me ramasser impotent et avec la maladie d’Alzheimer. Je veux vieillir en santé en restant articulé.»
L'aventure Broue continue
Avant même de mettre un terme à la tournée de Broue, Michel Côté savait que la pièce survivrait aux trois comédiens originaux. «J’ai toujours pensé que c’était important que la pièce continue. On l’a quand même jouée pendant 38 ans, ce qui représente 3322 représentations, devant 3,5 millions de personnes. Mais je dirais que ç’a été aussi difficile de gérer la fin de Broue que le début. On a mis cinq ans à tergiverser à savoir si on arrêtait ou pas. Il y avait une demande trop forte, on ne pouvait pas arrêter comme ça du jour au lendemain. On a pris la décision alors que nos salles étaient pleines. C’était une décision réfléchie.» En concertation avec les auteurs, les comédiens originaux, qui étaient aussi les producteurs, ont choisi les trois meilleurs acteurs à Montréal pour reprendre la pièce. «Martin Drainville, Luc Guérin et Benoît Brière ont un contrat de trois ans avec Broue. Ils vont la reprendre l’été prochain et ils feront une tournée. On est très contents. C’est une pièce qui a fait ses preuves, et ils ont du plaisir à la faire. C’est très différent, mais c’est aussi bon.»
- Le 22e Festival du film de l’Outaouais se tiendra du 19 au 27 mars avec une foule de projections de films francophones, des projections spéciales, des classes de maîtres avec des comédiens et réalisateurs, ainsi que deux galas.
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