1,4 M$ en «dons» réclamés aux enfants de Stéphan Huot

Le syndic qui gère la faillite personnelle de Stéphan Huot réclame 1,455 M$ versés en dons aux enfants du promoteur déchu, alléguant que ces sommes devraient plutôt revenir aux créanciers.

Le syndic Leblond et Associés a déposé cinq requêtes en Cour supérieure, le 4 avril, afin de contester des transactions effectuées par Stéphan Huot avant et après sa spectaculaire débâcle.

Les requêtes ciblent des opérations d'une valeur totale de 8,75 M$, incluant les dons qu'il aurait faits à ses enfants (voir encadré).

Celui qui était à la tête du Groupe Huot a déclaré faillite en avril 2024, plus d’un an après la médiatisation de ses déboires financiers. Or, le syndic entend prouver que le promoteur était insolvable depuis 2017, peut-on lire.

Les opérations ciblées auraient ainsi été réalisées «en fraude des droits» des créanciers, plaide le syndic. Ces allégations n’ont pas été prouvées devant les tribunaux.

Dons aux enfants

Le syndic réclame donc 370 000$ à Stéphanie Huot et 264 000$ à Karl-Anthony Huot. Les deux enfants du failli, dans la trentaine, auraient chacun reçu des dons mensuels de 3000$ à 5000$, entre 2017 et février 2023.

Stéphanie Huot est aussi visée dans une autre procédure, cette fois aux côtés de son conjoint, Simon Landry.

Dans ce cas, le syndic tente de rapatrier une somme de 825 000$, ce qui représenterait la valeur marchande d’un terrain de Lac-Beauport que Stéphan Huot aurait cédé au couple, en décembre 2021.

En entrevue avec notre Bureau d’enquête, les deux enfants de Stéphan Huot estiment que ces procédures sont «abusives» et entendent les contester devant les tribunaux.

«On est comme des dommages collatéraux là-dedans. Ce n’est pas une situation qui est plaisante à vivre, surtout quand tu te fais poursuivre pour des montants qui n’ont rien à voir avec la faillite», déplore Karl-Anthony Huot.

«J’ai jamais pris de l’argent qui ne m’appartenait pas, j’ai toujours payé mes affaires», renchérit sa sœur.

400 M$ de dettes 

Toutes ces sommes, si elles devaient être récupérées, serviraient à bonifier l’actif de la faillite au profit de la masse des créanciers de Stéphan Huot.

Les dettes du promoteur s’élevaient à près de 400M$, en février dernier, avait-il été rapporté à la cour.

• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

– Avec la collaboration de Pierre-Paul Biron

Les opérations contestées par le syndic

• 634 000$ en dons à ses enfants
  
  Le syndic demande aux enfants de Stéphan Huot de rembourser les 634 000$ reçus entre 2017 et 2023. La fratrie s’oppose à cette requête et explique que ces sommes servaient à pallier un salaire moindre qu’ils recevaient, en tant qu’employés du Groupe Huot.
• Un terrain à 825 000$
  
  Le syndic réclame 825 000$ à Stéphanie Huot et à son conjoint pour un terrain de Lac-Beauport que leur aurait donné Stéphan Huot. Stéphanie Huot accuse le syndic d’ignorer tout l’historique des transactions concernant ce terrain, qu’elle a personnellement acheté, à l’origine.
• Le chalet à Manouanis
  
  Le syndic demande à ce que le luxueux chalet de Stéphan Huot, à Manouanis, retourne entre ses mains. Huot avait cédé le site à cinq sociétés, en mai 2023, pour éponger une dette de 6,8M$ qu’il avait envers elles.
  
  Le syndic réclame aussi le remboursement d’une somme de 306 285,17$, soit la valeur de certains équipements vendus par les acquéreurs du chalet, depuis son acquisition.

• La vente d’une Ferrari
  
  Le syndic veut rapatrier le fruit de la vente d'une Ferrari 599 2008, liquidée pour 120 000$ en mai 2023. Cinq mois plus tôt, Stéphan Huot aurait placé ce véhicule en garantie, pour sécuriser un prêt effectué par un trio de prêteurs. Lorsque Huot a connu sa débandade, la Ferrari a été vendue par les prêteurs à un tiers. Joint par notre Bureau d’enquête, l’un des prêteurs, Pierre Gadoury, assure que cette transaction a été faite dans les «règles de l’art» et qu'il contestera la requête du syndic.
• 70 000$ à une femme
  
  Le syndic veut finalement mettre la main sur trois virements totalisant 70 000$ que Stéphan Huot aurait effectués entre avril 2021 et décembre 2022 à une femme, dont les parents ont assuré l’entretien du chalet à Manouanis, à l’époque.