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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Explosion du nombre de travailleurs étrangers

Le recours à ce type de main-d’œuvre croît six fois plus rapidement que l’emploi

Le nombre d’emplois occupés par des personnes nées à l’étranger et qui n’avaient jamais été reçues comme immigrants a augmenté de 13,3 % ces 12 derniers mois.
Le nombre d’emplois occupés par des personnes nées à l’étranger et qui n’avaient jamais été reçues comme immigrants a augmenté de 13,3 % ces 12 derniers mois. Photo d’archives, Jean-François Desgagnés
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Martin Jolicoeur

2023-02-11T05:00:00Z
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Les dernières données sur l’emploi montrent une dépendance de plus en plus marquée de l’économie canadienne à la force de travail de la main-d’œuvre étrangère. 

Les travailleurs étrangers, qualifiés de « résidents non permanents » par les chercheurs, ont crû de plus de 13 % en 12 mois au pays, montre la dernière Enquête sur la population active, publiée hier par Statistique Canada. 

Malgré la pénurie de main-d’œuvre, l’emploi continue de progresser presque partout au pays, démontre cette étude. Pendant ce temps, le recours aux travailleurs étrangers aurait progressé à vitesse grand V, soit six fois plus rapidement que le nombre d’emplois.

De fait, selon Statistique Canada, l’emploi a crû de 2,8 % au Canada depuis un an. Or, sur les 536 000 nouveaux emplois créés, pas moins de 79 000 étaient occupés par des natifs de l’étranger et qui n’avaient jamais été reçus comme immigrants. On parle d’une croissance de 13,3 % par rapport aux statistiques de l’année dernière.

  • Écoutez la chronique économique avec Yves Daoust, directeur de la section Argent du journal de Montréal et du Journal de Québec au micro de Richard Martineau sur QUB radio : 

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Enjeux éthiques

Ces données ne surprennent guère l’économiste et directrice générale de l’Institut du Québec (IDQ), Emna Braham. Dans son plus récent bilan sur l’emploi, présenté cette semaine, l’IDQ estimait à 111 600 le nombre d’emplois occupés par des étudiants étrangers ou travailleurs étrangers temporaires dans la province. On parle d’une hausse de 21 500 sur un an, ou d’un bond de 19,3 %.

« Si l’on fait abstraction des nombreux enjeux éthiques liés à la précarité de ces travailleurs, le recours aux travailleurs étrangers peut aider momentanément, admet Mme Braham. Le hic, c’est qu’on se rend bien compte que même en recourant à ces travailleurs d’ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre demeure un problème aigu. » 

Une part de la solution passerait par une modernisation des équipements de production des entreprises de manière à accroître leur production et moins dépendre de travailleurs moins qualifiés. Sur ce point, le Québec traîne de la patte par rapport à l’Ontario ; la province serait 17 % plus gourmande en travailleurs non qualifiés que sa vis-à-vis ontarienne, soutient l’IDQ.

Chômage en baisse

En janvier, l’emploi a progressé de 150 000 emplois au pays et le taux de chômage s’est maintenu à 5 %. La plus forte croissance de l’emploi au pays a été enregistrée au Québec (1,1 %), qui se retrouve avec un taux de chômage de 3,9 %.

La région métropolitaine de recensement de Montréal, capitale économique et lieu de vie de la moitié des Québécois, traîne toutefois un chômage de 4,6 %. À Québec, au même moment, il s’établissait à 2,4 %.

La vigueur de ces résultats aura surpris les observateurs. Économiste principale au Mouvement Desjardins, Florence Jean-Jacobs croit que ces données sur l’emploi pourraient accroître la possibilité que la Banque du Canada intervienne de nouveau pour contrôler l’inflation.

Cela pourrait passer par une nouvelle hausse du taux directeur ou encore par une remise à plus tard d’un début de détente des taux, toujours prévu au dernier trimestre de 2023 par Desjardins. 

La situation de l’emploi en janvier 

Canada

  • Création : 150 000 emplois 
  • Chômage : 5 %

Québec

  • Création : 47 000 emplois
  • Chômage : 3,9 %

Ontario

  • Création : 62 800 emplois
  • Chômage : 5,2 %
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