EXCLUSIF | Kent Hughes s’ouvre et commente plusieurs dossiers
Anthony Martineau
BOSTON – Directeur général des Canadiens de Montréal depuis maintenant 10 mois, Kent Hughes consacre le plus clair de son temps à discuter, penser et agir en fonction du hockey.
Logiquement, on se dit donc que l’homme de 52 ans profite de ses rares temps libres pour se tenir loin des arénas. Mais semble-t-il que ce n'est pas le cas.
Voyez, en vidéo principale, l'entrevue exclusive accordée par Kent Hughes à TVA Sports.
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Vendredi soir, 19h. L’équipe masculine de l’Université de Boston, les Terriers, reçoit les Huskies de l’Université Northeastern. Ou si vous préférez, Lane Hutson et Luke Tuch reçoivent Jayden Struble.
L’auteur de ces lignes et Yani Massé, caméraman, sont sur place... et sur le qui-vive.
24h auparavant, Rob Ramage, le directeur du développement des joueurs du CH, avait été croisé par hasard au gymnase de l’hôtel où nous logions. Entre deux vigoureux exercices ciblant la ceinture abdominale, le sympathique homme de hockey avait tout bonnement lancé : «vous serez sûrement au match de demain soir à l’Université de Boston? Kent Hughes risque fort bien d’y assister lui aussi pour encourager ses deux fils (Riley et Jack évoluent avec Northeastern).»
Évidemment, la remarque ne tombe pas dans l’oreille de sourds...
Il est donc 19h, ce vendredi soir de novembre. En ce début de fin de semaine précédant la fête de l’Action de grâce américaine, l’humeur est au plaisir et aux célébrations, sur le campus de Boston University. L’Agganis Arena, amphithéâtre de 7200 sièges, doit être rempli aux trois quarts de sa capacité en vue de ce match entre deux vieux rivaux. Il y a du monde à la messe, comme on dit au Québec.
Si Kent Hughes est bel et bien sur place, il sera difficile à trouver.
Les premières tentatives de repérage sont justement infructueuses. Peut-être a-t-il changé d’idée, après tout. C’est quand même jour de congé pour les Cana... Un instant!
Yani me tape sur l’épaule. La première période vient de se terminer. Sa lentille de caméra en mode «zoom» lui a permis de repérer dans les gradins «un homme qui ressemble beaucoup à Kent Hughes.» Il me demande de vérifier.
Un rapide coup d’œil me permet en effet de valider l’hypothèse de mon collègue : le directeur général des Canadiens est bel et bien assis dans les estrades, au beau milieu d’une foule en délire. Important de le mentionner à nouveau : il est installé dans les gradins. Pas dans une loge où il aurait assurément eu plus d’intimité.
Profitant de l’accalmie du premier entracte, je décide de tenter ma chance et d’aller lui proposer une entrevue, sachant cependant qu’il aurait toutes les raisons au monde pour refuser.
Mais qui n’essaie rien n’a rien, après tout.
«Salut Kent. Anthony Martineau, de TVA Sports. Je sais que tu n’es pas en fonction actuellement, mais aurais-tu cinq minutes pour une petite entrevue?»
J’ai à peine le temps de terminer ma phrase que le patron du CH est déjà debout, sourire aux lèvres. «Bien sûr! Tu veux faire ça où?»
Un début de saison qui surprend... même le DG!
À l’heure actuelle, le Tricolore campe au 17e rang du classement général. Si plusieurs l’associaient à la cave du classement avant le début de la saison, le club se retrouve plutôt dans une position où il peut toujours lutter pour une place en séries.
Kent Hughes, qui allègue qu’il était plus facile de dormir à l’époque où il était agent de joueurs (!), avoue qu’il n’avait pas complètement prévu un scénario du genre.
«À quelques jours de notre premier match, j’avais mentionné que l’histoire n’était pas encore écrite. Nous savions que nous avions de bons joueurs. Toutefois, nous savions aussi que notre défensive allait être testée, avec les blessures touchant Joel Edmundson et Mike Matheson.
«Aujourd’hui, je peux te dire qu’on est content de ce qu’on a accompli jusqu’ici. Je ne peux pas te dire qu’on prévoyait ça, non. Mais il faut rappeler qu’il reste encore beaucoup de hockey à jouer, d’ici la fin.»
Un autre choix de première ronde dans le viseur
Mais aussi surprenant le début de saison de son équipe soit-il, Kent Hughes n’a pas l’intention de changer sa mentalité. À son embauche, il avait mentionné vouloir faire du CH une bonne équipe «pour longtemps» et il ne compte pas changer son angle d'approche.
Alors que la cuvée d’espoirs 2023 est depuis longtemps annoncée comme étant «excellente», aimerait-il ajouter un troisième choix de premier tour à sa banque (il compte déjà sur le sien et sur celui des Panthers, fruit de l’échange de Ben Chiarot)?
«Idéalement, oui, confirme-t-il sans hésiter. C’est un bon repêchage. Nous avons de bons jeunes espoirs dans l’organisation et c’est important de mettre la main sur des éléments de qualité qui seront aptes à jouer avec eux dans le futur.»
Espoirs: les coups de cœur de Kent Hughes
Entendre Hughes parler de «bons jeunes espoirs dans l’organisation» ouvre une porte intéressante.
«Si tu avais à m’en nommer un ou deux, lequel t’excite le plus, actuellement?»
Le DG, tout sourire, accepte de se mouiller... à sa façon.
«Je ne pourrais pas t’en nommer un seul. Mais on est très content du rendement de nos espoirs universitaires: Luke Tuch, Lane Hutson, Sean Farrell et Jayden Struble. Owen Beck et Filip Mesar ont également un excellent début de saison.
«Adam Engström, en Suède, a lui aussi eu un très bon départ. Je ne l’ai pas vu personnellement, mais les rapports que j’ai sur lui sont extrêmement positifs. On est très contents et on s’attend à voir de bons joueurs débarquer à Montréal dans le futur.»
Une transaction sur la table?
Dans les dernières semaines, plusieurs rumeurs ont circulé à l’effet que les Canadiens tentaient de transiger certains joueurs, notamment pour libérer de l’espace sur leur masse salariale.
Quoi de mieux que d’aller directement à la source pour valider/infirmer ces spéculations!
Alors, Hughes a-t-il tenté de procéder à des transations, récemment?
«Oui, répond-il le plus honnêtement du monde. On est toujours en discussion avec les autres équipes. J’ai eu plusieurs conversations en auto aujourd’hui. Nous en sommes quand même à un point où le premier quart de saison est dernière nous. Tous les clubs commencent à faire des appels pour s’informer de la disponibilité de certains joueurs.»
La plus grande fierté du patron
Arrivé en janvier dernier, Kent Hughes est loin d’avoir chômé depuis sa nomination. Embauches massives, mouvement de personnel, mise en place d’un plan de relance... Bref, ses actions ont été nombreuses.
Mais s’il avait à nommer celle dont il est le plus fier, quel serait son choix?
Hughes hésite de longues secondes, puis y va finalement de cette réponse des plus révélatrices.
«Si je n’avais qu’un choix, je dirais l’embauche de Martin St-Louis. Il amène beaucoup plus qu’une simple présence sur la glace ou derrière le banc. C’est un grand leader qui fait beaucoup pour établir une culture gagnante qui perdurera au sein de l’équipe.
Reconstruction : «on veut faire ça le plus vite possible, mais...»
Dans les derniers mois, Kent Hughes n’a pas hésité à parler publiquement de «reconstruction» et de «processus» lorsque questionné sur le plan qu’il avait en tête pour redorer le blason de son club.
Mais tout ça ne veut pas dire que les partisans doivent s’attendre à une interminable traversée du désert, précise-t-il.
«Je n’ai pas fixé de moment précis où on pourra recommencer à envisager un championnat. En juin, par exemple, ce n’était pas dans les plans de mettre la main sur un gars comme Sean Monahan et de recevoir en plus un choix de premier tour. Les choses changent tellement vite, dans le monde du hockey.
«On veut faire ça le plus vite possible, mais on veut quand même démontrer de la patience et prendre des décisions réfléchies. On ne veut pas poser de gestes qui pourraient nuire au futur de l’équipe.»
On ne sait toujours pas si le travail de Kent Hughes finira un jour par amener une 25e coupe Stanley au CH.
Ce qu'on sait toutefois, c'est que l'équipe mise actuellement sur un patron facile d'approche qui, clairement, a saisi au plus haut point ce que représentait le marché de Montréal: un marché où les partisans sont passionnés et où les journalistes locaux ne sont jamais bien loin... même lors d'un soir de congé à plus de 500 kilomètres du Centre Bell!